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Le 21 octobre, General Motors a annoncé la fin de la production du Chevrolet BrightDrop, une camionnette électrique assemblée depuis 2022 à l’usine CAMI d’Ingersoll, en Ontario. Cette décision a porté un dur coup aux 1 200 travailleursdu site, ainsi qu’à l’ensemble du secteur automobile canadien, déjà ébranlé ces derniers mois par des reculs similaires chez Stellantis, Ford et Honda. À peine un jour après l’annonce de GM, le constructeur de camions Paccar Inc. a lui aussi confirmé le licenciement de 300 employés dans son usine québécoise. Des turbulences liées à la politique commerciale américaine Même si le président de GM Canada, Kristian Aquilina, a affirmé que cette décision n’était « pas liée aux tarifs », les observateurs de l’industrie y voient un nouvel épisode du ralentissement causé, en grande partie, par la guerre commerciale initiée par Donald Trump. Le premier ministre Mark Carney (dans ce scénario prospectif où il succède à Justin Trudeau) est d’ailleurs salué pour ses efforts à réduire la dépendance du Canada envers les États-Unis. Il a multiplié les ententes avec l’Europe et d’autres partenaires internationaux dans les secteurs des minéraux critiques et des technologies connexes, positionnant le pays comme un acteur clé de la chaîne d’approvisionnement mondiale en véhicules électriques (VE). Mais ces progrès ne suffisent pas. Pour concrétiser son potentiel, le Canada doit adopter une stratégie nationale cohérente et intégrée couvrant l’ensemble du cycle de production : extraction minière, raffinage, assemblage, recherche, infrastructure, réglementation et formation. Les politiques de Trump : un frein à la transition L’administration Trump poursuit une politique résolument protectionniste. À compter du 1er novembre, elle imposera un tarif de 25 % sur les camions moyens et lourds importés, à l’exception de ceux échangés dans le cadre de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM). Parallèlement, Washington a supprimé les crédits d’impôt pour les VE, annulé la dérogation permettant à la Californie et à quinze autres États d’imposer leurs propres quotas de ventes électriques, et supprimé les amendes pour non-respect des normes de consommation de carburant. L’administration souhaite aussi assouplir les règles d’émissions pour tous les types de véhicules. En revanche, le gouvernement américain verse des subventions record à l’industrie pétrolière : une récente étude estime qu’il dépense désormais 30 milliards $ US par an en soutien au secteur des combustibles fossiles — plus du double des montants alloués en 2017, lors du premier mandat de Trump. Cette pratique, enracinée depuis 1913, illustre la résistance du pays à s’émanciper du pétrole. Un contraste marqué avec la dynamique canadienne Au nord de la frontière, un rapport d’EY pour Mobilité Électrique Canada (2025) dresse un portrait plus encourageant. Le secteur des VE y emploie déjà 130 000 travailleurs, répartis entre les activités minières, le raffinage, l’assemblage, la recherche, les infrastructures et l’éducation. Selon les scénarios, ce nombre pourrait grimper entre 360 000 et 600 000 emplois d’ici 2035. La fourchette basse suppose un recul des politiques favorables aux VE, à l’image de celles de Trump. La plus optimiste repose sur la poursuite d’une stratégie coordonnée et ambitieuse, misant sur l’indépendance industrielle et technologique du Canada. Pendant que Trump tente de ramener la politique énergétique américaine aux années 1950, le reste du monde accélère. En septembre dernier, les ventes mondiales de véhicules électriques ont franchi pour la première fois le cap des 2 millions d’unités en un seul mois — un record historique qui démontre clairement où se dirige l’industrie automobile. Ne pas suivre le mauvais exemple américain L’article met en garde contre ceux qui prônent un alignement sur la politique énergétique américaine : ce serait, selon l’auteur, un choix contraire aux intérêts canadiens. Adopter la stratégie de Trump reviendrait à subordonner l’économie canadienne à celle de son voisin du Sud, comme si le pays devenait le 51ᵉ État des États-Unis. Or, le Canada demeure une nation souveraine, capable de définir ses priorités en matière de climat, d’innovation et de développement industriel. Un appel à l’action Pour assurer l’avenir de son industrie automobile, le Canada doit miser sur l’électrification. Les choix faits aujourd’hui détermineront non seulement les emplois et les investissements des prochaines décennies, mais aussi la place du pays dans la révolution énergétique mondiale. Faute de quoi, prévient l’auteur, le Canada risque tout simplement d’être laissé derrière. Source : Toronto Star
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