S’il y a bien un véhicule électrique dont personne ne parle, c’est le scooter électrique. Et pourtant il y a un grand potentiel pour ce type de véhicule. Beaucoup de gens en ville circulent en solitaire que ce soit pour se rendre au travail, au gym, à l’épicerie et plein d’autres activités quotidiennes. Or il faut admettre que de s’y rendre dans un gros véhicule encombrant est un gaspillage de ressources énorme. Je vais donc vous parler aujourd’hui du petit bijou que je me suis procuré dernièrement : le e-max 120L de Vmoto. Il s’agit d’une compagnie australienne (originellement allemande) qui construit plusieurs scooters électriques. Le 120L est distribué au Québec par Scootterre (Scooter Bazoo). Son concurrent le plus direct est Kumpan qui se vend légèrement plus cher, mais qui offre surtout une particularité unique : la possibilité d’emporter avec soi la batterie en bandoulière sur son épaule. Ce qui permet de charger la batterie facilement à l’intérieur d’un bureau ou d’un appartement. Le 120L n’est pas aussi astucieux, mais il a cependant des avantages techniques indéniables : un moteur plus puissant (4kW vs 2,8 kW) et une batterie qui offre plus d’autonomie en standard. Kumpan offre une autonomie supérieure seulement si on achète un second pack de batterie (jusqu’à 3 packs maximum). Le coût d’un pack supplémentaire est de 1200$. Un autre modèle considéré était celui de ZEV. Cette firme peu connue qui n’a aucun distributeur au Québec offre une gamme complète de scooters électriques dont certains peuvent aller sur l’autoroute et parcourir plus de 100 km. Son modèle d’entrée de gamme, le 2700L offre des performances nettement inférieures pour un prix similaire au e-max 120L. UN PRIX ALLÉCHANT Le e-max 120L coûte normalement 4000$ mais pour la fin de saison Scootterre offre un rabais substantiel de 1000$ pour ramener le prix à 3000$, boite de rangement supplémentaire incluse. J’avais eu l’occasion de faire l’essai de ce scooter lors de la grande fête électrique de Laval en octobre 2015 et j’avais été emballé par ce modèle. Mes critères pour un bon scooter électrique:
Le 120L remplit tous ces critères. Le 120S, son prédécesseur, fonctionne avec une batterie Plomb-Silicone qui, bien que moins dispendieuse, est handicapée par un poids supplémentaire de 80 Kg et par un nombre de cycles plus limité : 500 cycles contre plus de 1000 pour la pile au Lithium qui équipe le 120L. La prise en main est très simple, on tourne le contact et le scooter est prêt à partir. 3 niveau de performances sont proposés : ECO (max 30 km/h), Normal (max 45 km/h) et MAX (60 km/h) plus une marche arrière bien pratique (5 km/h). Le passage d’un mode à l’autre se fait par un bouton se trouvant sur la poignée de droite. Le cadran indique le mode dans lequel on se trouve. Comme avec une voiture électrique le couple de départ est surprenant. Toute la puissance est disponible instantanément et il est donc facile de suivre le trafic. La vitesse maximale est limitée électroniquement à 60 km/h. Par contre, la manette d’accélération manque un peu de progressivité et il est difficile de toujours bien doser la puissance, même si on finit par s’y habituer. C’est tellement vrai que je me suis retrouvé à terre en faisant une erreur de débutant : remonter le scooter en haut de ma cour en pente en me tenant sur le côté comme s’il s’agissait d’un vélo. J’ai voulu utiliser un peu de jus pour m’aider à monter et boum le scooter est parti d’un coup et je suis tombé. Quelques égratignures (sur moi et sur le scooter) plus tard j’avais appris ma leçon : ne jamais utiliser la manette d’accélération sans être assis sur le scooter, vous êtes prévenus. Le moteur roue de 4kW en arrière est extrêmement silencieux, un silence qui sera très apprécié des secteurs résidentiels n’ayant pas à supporter le bruit agaçant d’un moteur le plus souvent à deux temps sur ce type d’engin. Aucune pétarade donc, juste le sifflement de l’air autour de notre casque. Ma première journée d’essai s’est effectuée pour aller au travail. Environ 17Km par 0°C. Le temps frais m’avait fait un peu hésiter à tenter ce parcours. Mais bien habillé, je n’ai en fait pas eu vraiment froid, même en étant obligé de remonter la visière de mon casque (à cause la buée de ma respiration). Des trois modes, c’est le mode MAX dont je me suis le plus souvent servi, il est utile pour ne pas ralentir le trafic, à vrai dire dans plusieurs situations je démarrais plus vite que la voiture en arrière ou en avant de moi et je pouvais atteindre rapidement le 60 km/h qui est une vitesse assez courante du trafic malgré la limitation officielle de 50 km/h en ville. Je n’ai senti à aucun moment que j’étais une nuisance pour les autres voitures. Dans les côtes plus raides j’ai senti un certain ralentissement, mais pas assez pour que ça devienne dangereux car j’ai pu me maintenir au-dessus de 50 km/h. Et même accélérer dans certains cas de 30 km/h à 55 km/h (toujours en mode MAX). L’autonomie annoncée de 45 à 90 km (selon la puissance employée) semble correcte. Après 40 km de déplacement en mode MAX pour mon travail, il semblait me rester (selon le chargeur) environ 30% de batterie. Donc environ 60 km totaux auraient sans doute été possibles, les derniers km probablement à puissance moins élevée. En n'utilisant que le mode ECO il est probablement possible d’atteindre la limite de 90 km, voire plus, le manuel du 120S indique 120 km possibles dans ce mode. La position de conduite est étonnamment confortable pour quelqu’un qui comme moi n’avait jamais conduit de scooter auparavant. La suspension est aussi très confortable, même sur nos routes souvent dégradées. Le poids des batteries aide également à sentir le scooter bien campé sur la route. Au niveau de la finition, l’essentiel est fonctionnel mais il ne faut pas s’attendre au raffinement des grandes marques. Tout est assez basique avec parfois des petits défauts : l’espace de rangement sous le siège ne se fermait pas facilement sur le mien, ce fut cependant ajusté par les bons soins du mécanicien de Scooter Bazoo. Rien de superflu donc, mais là où ça compte vraiment le scooter est solide : le moteur de 4kW, la batterie de 52Ah, une bonne suspension, des roues de 13 pouces et des freins à disques hydrauliques aux deux roues. Au niveau de la recharge, cela se fait avec un chargeur qui se branche sur le 120V. La gestion semble assez rudimentaire avec des voyants pour 30, 50, 70, 85 et 100% de charge. Le ventilateur, assez bruyant, part et s’arrête régulièrement lorsque 100% est atteint car il entre dans une phase de balancement des cellules qui peut durer 20 heures. Ce balancement est conseillé une fois par mois environ. D’après Matthieu Bourreau, un autre adepte du 120L qui a déjà plusieurs milliers de Km à son actif sur cet engin, on peut maximiser la charge de la batterie en coupant puis allumant à nouveau le chargeur. Il a ainsi réussi à obtenir une tension maximale de 58.4V. D’après mon Kill-a-Watt, le chargeur tire environ 8 Ampères, ce qui donne environ 1kW de puissance, ce qui correspond à ses spécifications officielles. Selon mes observations et mes calculs, une pleine charge est possible en environ trois heures (la capacité totale semble être de 52Ah pour 48V, donc environ 2,5 kWh à recharger). Recharger au travail est donc chose facile. Recharger à l’extérieur est cependant relativement compliqué puisque peu de bornes offrent des prises de 120V. On voit que les deux roues électriques ont été oubliés dans l’électrification des transports. Certaines bornes Chargepoint offrent une prise 120V en plus de la prise J1772 préférée des voitures électriques. Il serait bon que le Circuit Électrique offre quelque chose de similaire. Les prises de 120V existent un peu partout, mais ne sont pas nécessairement facilement accessibles. Le niveau de la batterie est indiquée par un affichage assez rudimentaire de 6 barres. Ces barres varient rapidement, lors d’accélérations il m’est arrivé que ça descende à 2 barres, puis à l’arrêt suivant j’en avais 4. Je suis un peu déçu du manque de précision du niveau de la batterie. Selon le manuel quand il ne reste qu’une barre, 2 à 4Km restent en réserve. D’après l’expérience de Matthieu il faut comparer le voltage en roulant, à celui à l’arrêt. Quand les deux arrivent proches de 42V il ne reste plus beaucoup de jus disponible et il faut chercher une prise au plus vite. Le manuel fourni est celui du 120S, traduit en plusieurs langues dont le français (mais de façon assez pauvre) ce qui est correct car la plupart des boutons et cadrans sont identiques. Par contre les spécifications sont incorrectes en ce qui concerne la batterie puisque le 120S n’est pas au Lithium comme le 120L. L’espace de rangement est assez limité. Il n’y pas la possibilité de ranger le casque par exemple. Par contre, il est possible d’attacher une boite (offerte gratuitement dans la promotion à laquelle j’ai bénéficié) qui permet de stocker son casque. L’espace de rangement sous la selle est assez limité et si on emporte le chargeur celui-ci prend quasiment toute la place. Un crochet est également disponible en avant pour attacher un ou deux sacs d’épicerie. Il est possible évidemment d’emporter un sac à dos pour augmenter la charge qui peut aller jusque 155 kg. Deux places sont offertes, il y a un repose-pied et des arceaux à l’arrière pour se retenir. En conclusion, on a là un moyen très économique et très amusant de se déplacer sans les défauts traditionnels du scooter : lent, bruyant et nécessitant une maintenance régulière. Le prix est très intéressant surtout avec les promotions actuelles si on considère les performances et l’autonomie offertes. Plusieurs points pourraient être améliorés, notamment la précision de l’état de la batterie et de la recharge. Je le recommande donc chaudement à toute personne se cherchant une alternative avantageuse à la voiture ou au transport en commun pour se balader en milieu urbain. Le défaut de tout deux roues au Québec est qu’il ne peut être utilisé l’hiver (Scooter Bazoo offre un remisage gratuit pour l’hiver). Reste tout de même que pendant 7-8 mois il est possible de s’en servir pour réduire ses coûts de déplacement, augmenter sa mobilité ou tout simplement profiter du plein air. Contribution : Emmanuel Huybrechts
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