La pandémie nous a donné un aperçu des besoins énergétiques potentiels pour les prochaines années, a déclaré Mark Little
Le président et chef de la direction de Suncor, Mark Little, se prépare à prendre la parole lors de l'assemblée annuelle de l'entreprise à Calgary en mai 2019. (Jeff McIntosh / The Canadian Press)
Le passage aux véhicules électriques et à d'autres technologies à faible émission de carbone pourrait perturber la demande de pétrole brut à une échelle similaire à la pandémie de coronavirus, a déclaré lundi le directeur général de Suncor Energy Inc. Ce commentaire est surprenant venant d’une industrie qui a fréquemment minimisé l'impact de l'électrification et qui utilise maintenant les prévisions concernant la diminution de la demande mondiale de pétrole pour justifier de nouveaux investissements et des extensions de pipelines. "Bien que le pétrole et le gaz canadien resteront une partie importante de la panoplie énergétique mondiale pendant un certain temps, nous devons créer de nouvelles opportunités qui offriront des perspectives de croissance attrayantes", a déclaré le PDG de Suncor, Mark Little, dans un article pour le magazine Corporate Knights of Canada, écrit conjointement avec la PDG d'Alberta Innovates, Laura Kilcrease. "Le blocage économique déclenché par la pandémie de 2020 nous donne un aperçu d'un avenir pas trop lointain où un changement de demande énergétique pourrait perturber notre industrie à une échelle similaire." Suncor annonce une perte de 3,5 G $ au premier trimestre en raison des bas prix du pétrole Les quarantaines visant à limiter la propagation de l'épidémie ont diminué ou dans certains cas interrompu l’utilisation des véhicules réduisant la demande de carburant d'environ 30% dans le monde. Suncor, l'une des cinq sociétés qui produisent plus de la moitié du pétrole brut canadien, a réduit sa production et son dividende de plus de la moitié. Le secteur fait également face à une pression croissante de la part des investisseurs pour des raisons environnementales. En mai, le fonds souverain de 1 milliard de dollars de la Norvège a mis Suncor ainsi que d'autres grands producteurs de sables bitumineux sur sa liste noire pour avoir produit des émissions excessives de gaz à effet de serre. L’élimination de la pollution dans le ciel canadien est-il un signe que nous allons bientôt retirer le moteur à combustion? Le Canada est le quatrième producteur mondial de pétrole, tandis que le secteur de l'énergie représente plus de 10% du produit intérieur brut du pays. Little souhaite un investissement fédéral pour aider l'industrie à se diversifier dans l'hydrogène, le carburéacteur renouvelable et la fibre de carbone. Le bitume est riche en asphaltènes, la matière première utilisée pour la fibre de carbone, un élément nécessaire pour produire des véhicules plus légers, notamment des véhicules électriques, a-t-il déclaré. "Si nous pouvons comprendre comment l’extraire à grande échelle, à un prix abordable cela pourrait quadrupler les revenus de la production actuelle de bitume de l'Alberta", écrit-il. CBC.ca
Contribution: André H. Martel
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Les entreprises canadiennes veulent combler une lacune dans la recharge des véhicules électriques24/2/2020
Il y a de l'argent dans le pompage des volts alors que les stations-service traditionnelles font face à des perturbations
Une voiture du Salon international de l'auto canadien de 2020 à Toronto est ravitaillée par une station Ivy Charging Network. Comme d'autres technologies perturbatrices, la recharge électrique mettra au défi l'industrie existante. (Michael Wilson / CBC)
Le nombre relativement faible de véhicules électriques que vous voyez sur la route masque ce que de nombreux experts croient, à savoir, qu’ils représentent la révolution dans le secteur du ravitaillement en énergie de nos véhicules.
Alors que certains prétendent que jusqu'à 80% des stations-service conventionnelles pourraient fermer leurs portes en 15 ans, les entreprises canadiennes cherchent le moyen de tirer profit de la transformation du modèle d'affaires et de trouver comment répondre aux besoins des automobilistes. Considérant les effets négatifs causés par les perturbations technologiques précédentes sur des sociétés telles que Kodak ou l'ancien titan de la musique PolyGram, les futures innovations ne garantissent pas que les joueurs établis conserveront leur position dominantes sur un marché où toutes les règles risquent de changer. Le nombre croissant de véhicules électriques présents au Canadian International AutoShow de la semaine dernière à Toronto ainsi que tous ceux qui sont en développement grâce aux avancées surprenantes de la technologie et pour répondre au changement climatique, font en sorte que les réseaux de bornes de recharge sont en constant mode de rattrapage. Des études répétitives ont démontré qu'il n'y avait pas suffisamment de bornes de recharge, même pour répondre à la demande actuelle, a déclaré Colleen Kaiser, qui étudie l'électrification des transports pour le Smart Prosperity Institute, un groupe de réflexion canadien étudiant la pérennité du marché. Se basant sur l’ensemble des coûts d’acquisition et de maintenance, des études ont démontré que les véhicules électriques sont déjà moins dispendieux que leurs équivalents à combustion interne, et la concurrence ajutée à une meilleure technologie aident à faire baisser les prix. Les experts prédisent que les ventes de véhicules électriques devront inévitablement augmenter . "Il nous apparait de plus en plus évident que les sociétés pétrolières et gazières les plus progressistes se considèrent désormais comme des fournisseurs d'énergie pour alimenter le transport", a déclaré Kaiser, soulignant le géant canadien des sables bitumineux Suncor, qui a déjà commencé à installer des bornes de recharge dans ses stations de service Petro-Canada.
Les stations-service conventionnelles sont peut-être sur le point de disparaître considérant que les gens se rechargeront de plus en plus à la maison, mais la société canadienne Couche-Tard, qui opère sous le nom de Circle K à l'extérieur du Québec, est un chef de file dans l'exploration de stratégies innovantes pour les véhicules électriques. (Don Pittis / CBC)
Kaiser a déclaré que la recharge de véhicules électriques ne consiste simplement pas à remplacer les pompes à essence par des prises électriques. Les consommateurs qui vont actuellement à la station-service pour faire le plein vont plutôt se recharger à la maison ou au travail. Ce devrait être potentiellement le changement le plus important. En effet, si nous avions des pompes à essence dans nos maisons, nous n'utiliserions plus les stations-service.
Parmi les autres complications, il faudra générer suffisamment d’énergie aux bons endroits. Un service de bornes de recharge en pleine utilisation nécessite autant de capacité d'énergie qu'un immeuble à bureaux, et ce type de jus pourrait ne pas être nécessairement disponible partout, en particulier dans les zones reculées. Même si les gens passent aux VÉ aussi rapidement que certaines prévisions le suggèrent, il y aura encore des décennies de demandes pour les stations-service conventionnelles, car les véhicules existants devront s’user avant d’être remplacés par des véhicules électriques. Les recherches du Boston Consulting Group (BCG) suggèrent que le monde fait face à « la fin d'une ère dans la vente au détail de carburant » alors que les stations-service commencent à disparaître. Selon les auteurs, de nombreuses stations-service traditionnelles ne seront tout simplement plus rentables. "Dans un environnement de marché dans lequel les véhicules électriques, les véhicules autonomes et les nouveaux modèles surgissent rapidement, jusqu'à 80% du réseau de distribution de carburant tel qu'il est actuellement constitué pourrait ne plus être rentable dans une quinzaine d'années", indique le rapport. Mais cela ne signifie pas que tout le monde va souffrir. Paradoxalement, même si certaines stations-service existantes sont confrontées à des problèmes de rentabilité, de nouveaux gestionnaires travaillent fort pour trouver des moyens de profiter de la pénurie de sites de bornes de recharge électriques. L'analyse de l'effondrement de Kodak après l'arrivée de la photographie numérique permet de comprendre pourquoi le changement technologique peut perturber le milieu des affaires et puisse être déroutant pour certaines entreprises. Par exemple, Kodak n'a jamais refusé de fabriquer des appareils photo numériques. Par contre, alors que l'imagerie numérique décollait, les avantages que la société avait créés avec des investissements massifs dans la meilleure technologie cinématographique du monde sont soudainement devenus un handicap financier, et des spécialistes de l'électronique et des logiciels se sont glissés rapidement dans l'environnement de la photographie numérique. Les experts disent maintenant que quelque chose de similaire se produit dans le secteur automobile, alors que les moteurs électriques anéantissent les années de développement d’une mécanique de combustion interne concurrentielle plus sophistiquée des constructeurs automobiles allemands.
Un chargeur rapide FLO récemment installé à Calgary, exploité par la société canadienne AddÉnergie. L'entreprise affirme qu'elle ne peut pas répondre à la demande. (Mike Symington / CBC)
Quel que soit l'avenir des stations-service conventionnelles, Travis Allan, vice-président et avocat général du système de recharge de véhicules électriques FLO, a déclaré que le réseau de bornes de recharge électriques rapides de son entreprise était en pleine expansion.
FLO, qui vient d'annoncer une entente pour installer des bornes de recharge dans les stations Canadian Tire à travers le pays, appartient à la startup québécoise AddÉnergie. En plus de construire un réseau de bornes de recharge, AddÉnergie, une entreprise privée, répertoriée comme une entreprise de "logiciels d'application" fabrique du matériel de recharge pour usage domestique et commercial. L’entreprise est aussi reconnue comme une experte en logiciels nécessaires pour réguler le flux d'électricité et assurer la facturation des clients. AddÉnergie étend ses activités aux États-Unis, notamment grâce à un récent accord avec le géant de l'électricité Consolidated Edison. Bien que tous conviennent que les propriétaires de véhicules électriques se rechargeront de plus en plus à la maison, il y aura toujours de nombreuses raisons, en plus des longs trajets, qui feront que les gens voudront avoir accès aux bornes de recharge publiques. Dans les centres urbains avec stationnement dans la rue, comme à New York et à Montréal, par exemple, il sera toujours nécessaire de trouver un mode de facturation au niveau de la rue. Les véhicules en autopartage, les entreprises de transport en commun et l'arrivée éventuelle de véhicules autonomes contribueront également à la demande de réseaux de bornes de recharge. Selon certains rapports, l'entreprise de dépanneur et de station-service basée au Québec, Couche-Tard, qui opère sous la marque Circle K dans le monde entier, utilise sa filiale en Norvège pour ouvrir la voie à la recherche sur la façon de continuer à tirer profit de la recharge de VÉ. Même dans les stations-service existantes, des études montrent que les dépanneurs associés sont une source de profit plus importante que les ventes de carburant. Couche-Tard explore la meilleure façon d'offrir des services à un public captif de clients pendant que leurs véhicules se rechargent. Une autre nouvelle entrée dans le secteur est le Ivy Charging Network, basé en Ontario, qui installe actuellement 163 bornes de recharge dans plus de 70 emplacements à travers la province. Entreprise privée détenue conjointement par Ontario Power Generation et le distributeur d'électricité Hydro One, Ivy stimulera efficacement les affaires de ses sociétés mères en facilitant l'utilisation des véhicules électriques, a déclaré la coprésidente d'Ivy, Theresa Dekker. "Le réseau électrique de l'Ontario est très propre, et il est donc logique d'utiliser notre électricité pour aider à soutenir l'adoption accrue des véhicules électriques et à accroître l'utilisation du produit", a déclaré Dekker. Comme pour les autres services publics d'électricité au Canada et dans le monde, le besoin de vendre plus de produits signifie qu'il y aura une pression du marché pour trouver des moyens de pomper des volts, même si les stations-service conventionnelles finiront peut-être par disparaitre complètement. Reportage de: Don Pitts CBC News
Contribution: André H. Martel
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