Le chroniqueur David Descôteaux a publié le 12 juin dernier une chronique dans la section "Opinions" du Journal de Montréal intitulée « Les Soviets chez les concessionnaires ». Devant autant de faits erronés ou tronqués publiés dans cette chronique, nous souhaitons rectifier le tir avec des faits et des informations vérifiables, point par point.
Affirmation de l’auteur « Dès janvier 2018, les voitures neuves à essence risquent de coûter plus cher. La loi 104, qui impose des quotas de vente de véhicules électriques dans les concessionnaires, entrera en vigueur. Si ces quotas ne sont pas respectés, les fabricants devront payer des «amendes» au gouvernement. » Rectification
L’automne dernier, le ministre David Heurtel a d’ailleurs affirmé qu’il souhaitait accorder des crédits Zéro Émission pour les véhicules dits « branchables » vendus par les constructeurs automobiles pour les années-modèle 2014, 2015, 2016 et 2017. Ces crédits pourraient être appliqués aux quotas de vente pour l’année-modèle 2018 et peut-être même plus tard. Si cela s’avère (nous saurons ces détails lors de la publication des règlements de la loi 104), des constructeurs automobiles tels que Chevrolet, Ford, Nissan, Mitsubishi, Tesla, Hyundai, Kia, BMW et Smart qui ont vendu des voitures électriques (hybrides rechargeables et 100% électriques) pendant ces années risquent déjà de se retrouver avec des surplus de crédits qu’ils pourront vendre à Mazda et Subaru qui n’ont toujours pas de modèles « branchables » à offrir. Donc, si on suit la « logique » de M. Descôteaux, certains constructeurs devraient vendre leurs véhicules plus chers… et d’autres devraient les vendre moins cher. Combien plus cher ou moins cher? Quelques dizaines de dollars, soit beaucoup moins que les rabais offerts à toutes les semaines par tous les constructeurs dans le cadre de promotions diverses. Nous tenons à souligner qu'il y a déjà 10 états américains qui ont adopté une loi Zéro Émission avant que le Québec adopte la sienne en octobre dernier. Ces 10 états (Californie, Connecticut, Maine, Maryland, Massachusetts, New Jersey, New York, Oregon, Rhode Island et Vermont) représentent plus de 30% du marché des véhicules aux États-Unis. Est-ce que les prix des véhicules dans ces 10 états sont plus élevés que dans les états qui n'ont pas adopté de loi Zéro Émission ? La réponse est NON. C’est d’ailleurs facile à vérifier puisque nous avons comparé les prix exigés par des concessionnaires dans des états où il y a une loi Zéro Émission VS là où il n’y a pas une telle loi.
Affirmation de l’auteur
M. Descôteaux a écrit : « Quelles sont ces cibles? Il s’est vendu 3107 véhicules électriques au Québec en 2016, soit 0,7 % du total des ventes de voitures. Le gouvernement voudrait que cette proportion passe à 3,2 % dès l’an prochain. Et tenez-vous bien : 15 % en 2025. » Rectification : Dans ce seul paragraphe, il y a 2 erreurs de chiffres :
Fait à souligner, en Californie (état où une loi Zéro Émission est déjà en application), les ventes de véhicules électriques pour 2017 étaient de 4,9%.
Affirmation de l’auteur
« Non seulement cette politique est un non-sens économique en tentant de «forcer» une demande qui n’existe pas encore, mais elle brime la liberté de commerce des concessionnaires et des fabricants. » Rectification :
Si on suit cette « logique », les gouvernements n’auraient donc jamais dû obliger les constructeurs à installer des ceintures de sécurité, des coussins gonflables ou des systèmes antipollution sur les voitures, car ils ne sont pas venus de la « demande » des consommateurs, ce qui brime probablement à ses yeux la liberté de commerce des fabricants… et aurait fait augmenter le prix des véhicules. La vérité est que la philosophie « d’autorégulation » des constructeurs automobiles vis-à-vis la consommation de carburant, la sécurité et la pollution des véhicules automobiles a déjà été tentée durant les années Reagan et fut un échec retentissant. Même l’ancien ministre fédéral de l’environnement Stéphane Dion a tenté le coup et n’a pas eu plus de succès. Historiquement, la majorité des constructeurs automobiles n’ont que peu fait pour diminuer la consommation et la pollution de leurs véhicules tant qu’une réglementation ne les a pas forcés à le faire.
Affirmation de l’auteur
« En fait, c’est toute la politique liée aux voitures électriques qu’il faudrait revoir. Un rapport de la Commission de l’écofiscalité du Canada mentionnait la semaine dernière que le programme Roulez électrique, qui offre entre autres un rabais de 8000 $ pour une voiture neuve entièrement électrique, coûte cher. Très cher, pour l’impact environnemental minime qu’il pourrait avoir. La plus coûteuse Le programme permettrait de retrancher 3 millions de tonnes de gaz à effet de serre (GES) sur les 13 prochaines années, mais au coût énorme de 395 $ la tonne. En comparaison, le coût de réduire une tonne de GES par le mécanisme de la bourse du carbone, dont le Québec fait partie, est de moins de 20 $ la tonne... » Rectification S’il y a des subventions à l’achat de véhicules électriques dans plusieurs pays du monde, c’est précisément parce que les constructeurs automobiles les demandent ! D’ailleurs, lors de la commission parlementaire sur le projet de loi 104 (Loi Zéro Émission), ces derniers suggéraient que, plutôt que d’imposer des quotas de vente, le gouvernement du Québec augmente le montant des subventions pour l’achat d’un véhicule électrique. D’ailleurs, tout observateur qui s’y connait a bien remarqué qu’en Ontario, province où les constructeurs automobiles sont très influents, le gouvernement a haussé jusqu’à $14,000 les subventions à l’achat de véhicules électriques plutôt que d’adopter une loi Zéro Émission. Là où nous sommes en accord avec M. Descôteaux, c’est sur le fait qu’il faudrait revoir la politique liée aux voitures électriques. En effet, pour que celle-ci soit économiquement et écologiquement plus efficace, le gouvernement devrait s’inspirer de nombreux pays d’Europe qui ont mis en place divers systèmes de bonus-malus qui donnent des crédits à l’achat d’un véhicule peu polluant et imposent des taxes à l’achat d’un véhicule polluant, le tout en visant la neutralité fiscale. Certains de ces systèmes ont démontré leur efficacité écologique et économique en Norvège, en France, en Suède et ailleurs en Europe. Or, s’il y a bien un système auquel les constructeurs automobiles s’opposent avec encore plus de véhémence, c’est celui-là ! En effet, celui-ci ferait diminuer considérablement leurs ventes de gros VUS énergivores.
Affirmation de l’auteur
« Qui plus est, on gaspille l’argent des contribuables pour subventionner les gens plus fortunés, capables de se payer ces voitures relativement chères, et dont un bon nombre auraient acheté ce type de véhicule même sans subventions. » Rectification :
Nous rappelons qu’il est maintenant possible de se procurer une voiture électrique pour environ $20,000 et que de plus en plus de modèles sont disponibles entre $20,000 et $30,000.
Affirmation de l’auteur
«Il y a une raison pourquoi il se vend encore relativement peu de véhicules électriques : ils ne sont pas encore aussi fiables que les automobiles à essence en toutes saisons(...)» Rectification Les véhicules hybrides et électriques sont en général plus fiables que les véhicules à essence, et ce, peu importe la saison. Quand il s'agit de fiabilité, les voitures 100% électriques sont la preuve que la simplicité est préférable, selon une récente enquête de Consumer Reports. Dans son étude de fiabilité annuelle de 1,1 million de véhicules, Consumer Reports a donné des notes élevées à la tout-électrique Nissan Leaf, notant que les consommateurs devraient s'attendre à ce que "la fiabilité des nouveaux modèles soit de 60% supérieur à la moyenne." C'était la troisième année consécutive que Leaf a obtenu des scores presque parfaits dans l'enquête. Même CAA-Québec a confirmé la fiabilité des véhicules électriques en 2016.
Conclusion
Si nous ne doutons pas de la volonté de l’auteur de contribuer à la réflexion sur la loi Zéro Émission et les véhicules électriques avec son texte, nous déplorons le fait qu’il n’ait pas pris la peine de s’informer avant de l’écrire, se contentant de répéter de faux arguments, des chiffres erronés et des demi-vérités. … Et avec un texte et un titre tel que « Les Soviets chez nos concessionnaires », nous nous demandons si celui-ci relève de l’information ou de la désinformation « à la soviétique », vu son manque de rigueur et son biais évident… à la limite de la propagande.
Par :
Daniel Breton Ancien ministre de l’environnement du Québec Ancien blogueur au Journal de Montréal Coauteur du livre «L’auto électrique, hybride ou écoénergétique Collaborateur à RoulezElectrique.com et Richard Lemelin Vice-Président Association des Véhicules Électriques du Québec (AVÉQ) ww.aveq.ca
Nous demandons à tous les électromobilistes d’aller commenter au bas de l’article du Journal de Montréal :
partagez vos propres expériences que vous avez eu tel que les économies massives en carburant et entretien, les mois d’attentes que vous avez du subir avant de recevoir votre VÉ, l’incroyable fiabilité de votre VÉ, le plaisir de conduite et la performance, le silence, l’absence de vibrations et de bruit, etc. Bref, donnez des cas vécus qui vont à l’encontre des faux mythes véhiculés par Daniel Descôteaux. Aussi, veuillez partager ce texte auprès de vos contacts. Merci de votre solidarité cher électromobiliste!
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