![]() Il arrive en coup de vent et légèrement en retard, l’allure faussement négligée, comme à son habitude, et il prend immédiatement possession du micro. Alexandre Taillefer capte l’attention du public dès les premiers mots. Le ton est énergique, et le propos aussi coloré et mordant qu’à l’émission Dans l’œil du dragon, à Radio-Canada, où il a acquis la réputation d’être un empêcheur de tourner en rond de calibre olympique. Vedette de la télévision, président du conseil d’administration du Musée d’art contemporain et membre de cinq autres conseils, conférencier recherché et avant tout patron de la société d’investissement XPND Capital, Alexandre Taillefer est de tous les réseaux, qu’ils soient d’affaires, technologiques, culturels ou créatifs. Invité par L’actualité à prononcer un discours devant quelque 200 entrepreneurs dans un grand hôtel de Montréal, il ne leur parlera pas de la petite révolution qu’il prépare pour l’industrie du taxi, mais donnera quelques conseils. Première recommandation : les entrepreneurs devraient suivre des cours de théâtre pour être en mesure de bien faire la promotion de leurs idées. Deuxième conseil : ils doivent s’habituer à recevoir des coups et à essuyer des revers, car un bon entrepreneur est un entrepreneur balafré. Troisième confidence : les secteurs de l’énergie et du transport l’excitent beaucoup. Son discours à peine terminé, le voilà déjà reparti vers de nouvelles aventures, avec l’air de quelqu’un déjà en retard pour son prochain rendez-vous. Alexandre Taillefer est un homme pressé. En décembre 1998, le magazine Commerce, aujourd’hui disparu,consacrait une section du numéro commémorant ses 100 ans à de jeunes entrepreneurs de la relève. Parmi eux, il y avait ce jeune blanc-bec de 26 ans qui en était déjà à sa sixième entreprise et se considérait comme un « vieil entrepreneur ». Seize années plus tard, Alexandre Taillefer a accéléré encore plus la cadence. Sa longue expérience et ses innombrables contacts lui seront nécessaires pour réaliser ses plus récents projets : la création d’une mutuelle et l’électrification de l’industrie du taxi à Montréal. « Les chauffeurs de taxi ont des conditions de travail misérables et proches de l’esclavage, dit-il. Ils doivent d’abord obtenir un permis, qui leur coûte 200 000 dollars, et payer leur véhicule. Pour obtenir un revenu modeste, ils doivent travailler au moins 12 heures par jour et six jours par semaine. » Alexandre Taillefer veut acheter les permis des quelque 4 400 chauffeurs de taxi de Montréal et créer avec eux une mutuelle, qui regroupera toute l’industrie montréalaise. Il veut aussi munir ceux-ci, d’ici 2020, de voitures 100 % électriques, qui feront diminuer de 85 % leur facture énergétique et leur coûteront annuellement de 6 000 à 10 000 dollars de moins que des taxis à essence. Cinquante taxis électriques pourraient circuler dans les rues de Montréal à partir de 2016, et 500 en 2017, année de la commémoration du 375e anniversaire de Montréal. La nouvelle société mettrait aussi à la disposition des chauffeurs de taxi une plateforme de contacts et de paiement par cartes de crédit aussi efficace que celle de l’intrus américain — le service UberX. Coût total de l’opération pour acheter les permis, les voitures, et mettre au point la plateforme informatique et de télémétrie : 280 millions de dollars. En échange, les chauffeurs devront verser 35 % de leurs revenus à la nouvelle mutuelle du taxi de Montréal, pour le moment baptisée Taxelco. « Des revenus solides et récurrents », dit-il, qui justifient pleinement l’investissement. L’entrepreneur, qui adore les effets théâtraux, reste fidèle à son message et à son personnage. « Depuis un an, je ne “mange” que du taxi », dit-il. Et s’il est tant pressé, c’est qu’il veut promouvoir son idée auprès des financiers, propriétaires de parcs de taxis, chauffeurs et spécialistes de l’électrification des transports, pour les convaincre d’embarquer avec lui. Quels taxis électriques? Selon certaines informations, il semblerait que la compagnie DUBUC MOTORS de Québec, à l'origine du coupé 2 places Tomahawk présenté dans nos actualités, serait impliqué dans la conception de ce taxi vert. Source: L'Actualité, AVÉQ Contribution: Simon-Pierre Rioux
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