Tous les derniers salons de l’auto l’ont prouvé : il y a un véritable engouement pour les véhicules électriques. L’industrie automobile évolue en présentant de plus en plus de modèles hybrides ou complétement électriques, et le CES de cette année a presque présenté l’essence comme une chose du passé. Malgré tout, on ne peut s’empêcher de se poser la question : est-ce que les États-Unis se dirigent vers une crise des véhicules électriques ?
Alors qu’ils se remettent à peine du « Dieselgate », Volkswagen et Audi misent beaucoup sur les véhicules électriques. Même chose pour Ford, Chevrolet et Mercedes, et pratiquement tous les autres gros joueurs de l’industrie. Ils le font en partie parce que l'électrification représente probablement l'avenir du transport automobile, mais davantage parce que les exigences des gouvernements en matière d’économie de carburant et d’émissions les y forcent. Mais puisque l’essence est très abordable en ce moment aux États-Unis, les ventes de VÉ stagnent. Si cette tendance se poursuit, cela pourrait entraîner des maux de tête coûteux aux constructeurs automobiles. Selon de nouvelles données provenant de Brandon Schoettle et Michael Sivak de l’Institut de recherche sur le transport de l’université du Michigan, l'économie moyenne de carburant était en baisse en 2015 par rapport à l'année précédente. Ils ont signalé que l'économie de carburant était en baisse de 0,9 mpg depuis le sommet atteint en août 2014, mais d’un angle plus positif, elle est en hausse de 4,8 mpg depuis que l'université a commencé cette étude en 2007. Pourquoi la moyenne de l'économie de carburant tend à diminuer, alors que les voitures sont de plus en plus efficaces? Puisque le prix de l’essence diminue depuis un an maintenant, et que le prix d'un gallon de sans plomb est d'environ 1,97 $US à l'heure actuelle, les Américains ne privilégient tout simplement pas l'économie de carburant lorsqu’ils optent pour un nouveau véhicule. Les plus grands vendeurs de 2015 étaient Jeep, Ram et toutes les marques qui offrent de nombreux VUS, des camions et des véhicules multisegments. S’il n’en tenait qu’à eux, les Américains choisiraient à chaque fois des voitures plus imposantes. Pas des hybrides et des véhicules électriques, mais des camions et des VUS. Certes, le marché de l'hybride est encore relativement petit, mais il croît de plus en plus rapidement et les temps de recharge des infrastructures destinées aux VÉ et la tarification ne répondent pas encore aux besoins de la plupart des Américains. De nouveaux véhicules électriques et hybrides continueront d’être lancés, alors, au prix où l’essence se trouve actuellement, qui les achètera ?
Au final, on se retrouve avec ce que les gens de l'industrie appellent un « marché à deux vitesses. » Un marché plein de VUS et de camions que les gens continuent d’acheter et un autre composé de véhicules électriques et hybrides qui se vendent plus difficilement.
Les acteurs de l'industrie réfèrent aux VÉ comme « des véhicules de conformité », construits pour se conformer à la réglementation gouvernementale et non pour répondre à la demande du marché. Pour les petits constructeurs comme Fiat Chrysler, Mazda et Subaru - qui n’ont pas été en mesure de payer les coûts considérables de la recherche et du développement des VÉ - les défis réglementaires sont élevés. C’est une bataille classique entre les forces du marché et les législateurs. Mais ces derniers ne vont pas reculer, même lorsqu’ils forcent les petits constructeurs comme Mazda ou Subaru (ou ceux à court de liquidités comme Fiat Chrysler) à acheter des crédits de VÉ pour rester en conformité. Même si vous êtes un ardent défenseur des véhicules électriques, ou à tout le moins quelqu'un qui reconnait la valeur à long terme de se dissocier des combustibles fossiles, il est facile de comprendre la situation difficile des constructeurs automobiles. Les normes gouvernementales les obligent à fabriquer des voitures que les gens ne vont pas nécessairement acheter. Mais quelle est l'alternative ? Que le gouvernement recule à rendre les voitures plus efficaces? Cela ne devrait pas se produire de sitôt. Il n’y a pas de réponse toute faite à cette problématique, autant pour les législateurs ou que pour les constructeurs automobiles. Si l’essence remonte en flèche jusqu'à 6 $ le gallon, cela pourrait régler le problème, mais aucun consommateur ne souhaite que cela se produise. Source : Jalopnik Contribution : Peggy Bédard
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