Dans les 60 prochains mois, plus de changements surviendront dans l'industrie automobile que dans les 60 dernières années. Les constructeurs automobiles européens devraient se tourner vers les voitures électriques maintenant sinon l’Europe pourrait bien se trouver en difficulté économique. Il arrive parfois qu’une nouvelle technologie puisse modifier profondément la façon dont les humains se rapportent à l'énergie et au transport. La roue, la machine à vapeur et l’avion sont tous des changements radicaux qui ont placé l'humanité sur une nouvelle trajectoire. En conduisant pour la toute première fois la Nissan Leaf électrique en 2011, j’ai réalisé que j’étais assis dans une réelle percée technologique. Les moteurs à combustion interne atteignent 30% de rendement. Ceci est le résultat d'un siècle de progrès et de milliards de dollars de recherche et de développement continu. La marge de progression restante est minime. Pourtant, me voilà qui conduit la première génération d'une voiture qui atteint confortablement 85-90% de rendement ! J’ai compris immédiatement l'énorme potentiel de la voiture électrique: une accélération rapide, pas d'émissions nocives, trois fois plus économe en énergie. Depuis l'introduction de la Nissan Leaf, plus de voitures électriques sont apparues sur le marché. Mais ceci n’est que le début d'un déplacement massif des combustibles fossiles et des moteurs à combustion vers les voitures électriques alimentées par des énergies renouvelables. Chez Fastned, nous appelons ça un véritable révolution de l’automobile ! Voici pourquoi je pense que l'industrie automobile européenne doit tourner le dos au moteur à combustion interne et mettre tous les efforts et investissements nécessaires pour supporter cette révolution électrique. Les moteurs à combustion ne peuvent rivaliser avec les moteurs électriques Comme le prix des batteries continue de baisser, plus de gens commencent à apprécier les voitures électriques et le moteur à combustion interne et les constructeurs automobiles européens traditionnels font face à une véritable tempête. Ils doivent se conformer aux réglementations sur les émissions plus strictes et faire face à l’attitude changeante du public envers les émissions polluantes. Il y a trois raisons pour lesquelles je crois que les moteurs électriques représentent l’avenir de l’automobile : 1. Pour le plaisir de conduire, le 100% électrique est la nouvelle norme « Nous sommes une compagnie de moteur V12. Projetons-nous dans l'avenir. Devrais-je suivre le reste de l’industrie et réduire la taille du moteur? Est-ce que j’imagine Aston Martin avec un moteur trois cylindres? Dieu me pardonne. Vous devez faire quelque chose de radical. La puissance électrique vous donne ce pouvoir. » -Andy Palmer, PDG d'Aston Martin Le plaisir de conduire - « Freude am fahren » comme l’appelle BMW - n’est plus possible avec le moteur à combustion interne. Il a atteint les limites de la physique. Il respecte peut-être les réglementations antipollution plus strictes pour le moment, mais il en résulte une expérience de conduite ennuyante. Au cours de la prochaine décennie, la réglementation des émissions sera encore plus sévère, ce qui rendra les voitures aux combustibles fossiles plus dispendieuses. Dans l'UE, par exemple, les constructeurs automobiles devront conformer leur flotte à une émission moyenne de CO2 de 95 grammes par km d’ici 2021. Cela signifie que d’ici les 6 prochaines années, la totalité de la flotte vendue par Daimler devrait avoir des émissions polluantes semblable à une Fiat Panda. En d'autres termes, pour se conformer à la réglementation des émissions, les fabricants de voitures n’ont pas beaucoup d’options que de vendre de grandes quantités de voitures entièrement électriques. 2. Les voitures électriques sont plus abordables « Je serais déçu si le prix par kWh ne tournait pas autour de 100 $ d'ici 2020. » -J.B. Straubel, Chef de direction technique (CDT) Tesla Motors Les appareils photo numériques et les panneaux solaires étaient autrefois dispendieux. Plus maintenant. Un sort semblable attend la voiture électrique. En 2010 - lorsque la première Nissan Leaf est arrivée sur le marché - le prix des batteries lithium-ion tournait autour de 1000 $ par kWh. En 2013, au moment où Tesla présentait sa Model S, les analystes ont conclu que les prix de la batterie avaient chuté à environ 400 $ par kWh. GM a annoncé un prix de 145 $ par kWh pour sa Bolt tout-électrique qui sera sur le marché en 2016. Tesla Motors prévoit de produire des batteries dans la gamme des 100 $ en 2020. La tendance est claire: le prix des batteries diminue à un rythme annuel d'environ 20%, tandis que le moteur à combustion interne est toujours plus cher pour se conformer à la réglementation antipollution. Cela peut être difficile à imaginer aujourd'hui, mais nous verrons très bientôt des voitures électriques moins coûteuses que des voitures à essence comparables. 3. Le « moment cigarette » du moteur à combustion interne « D’ici 20 ans, l'odeur des gaz d'échappement sera aussi rare (dans les villes) que l'odeur de la fumée de cigarette l’est dans un restaurant aujourd'hui. » -Sir Richard Branson La grande majorité des conducteurs de véhicules électriques vous diront qu'ils ne reviendront jamais à l'essence. Ce n’est seulement qu’une question de temps avant que la société ne voit les voitures à essence comme une technologie irresponsable, tout simplement parce qu'elles sont dangereuses pour la santé des autres et mettent en péril notre climat. Pensez à ce qui est arrivé au tabagisme. Il y a tout juste trente ans, les gens fumaient pratiquement partout - dans les avions, les écoles, les hôpitaux. Les gens fumaient en présence de bébés et de personnes âgées. Les femmes enceintes fumaient, les médecins fumaient, les personnes malades fumaient. Avec le recul, ça semble complétement fou ! La situation a changée lorsque les dangers du tabagisme sont devenus indéniables. Les gouvernements partout sur la planète ont introduit des restrictions d'âge, des messages d'avertissement obligatoires sur les paquets, et l'interdiction de fumer dans les hôpitaux, les bâtiments administratifs, les écoles, les bars et les restaurants. Fumer ne semblait soudainement plus normal, mais dangereux. Je prédis que c’est exactement ce qui va arriver aux moteurs à combustion. Les gaz d'échappement ont prouvé qu’ils pouvaient causer le cancer, l'accouchement prématuré, augmenter le risque de maladie cardiaque et significativement abréger la vie des citadins. Tout comme le tabagisme, le public se sensibilise au sujet et les gouvernements mettent en place des lois pour restreindre les voitures polluantes. Dans ce contexte, que croyez-vous que les constructeurs automobiles feront ? Il y a un parallèle intéressant entre la révolution automobile actuelle et celle de l’énergie. Cela a commencé tout doucement quand le gouvernement allemand a adopté une loi en 2000 qui garantissait un prix stable pour l'énergie solaire et éolienne. Les premières années, personne n'y a prêté attention. Les panneaux solaires étaient chers et les éoliennes pas très puissantes. L'énergie renouvelable était comme de la science-fiction: cela arriverait un jour, peut-être, mais pas dans les dix prochaines années, et certainement pas en Allemagne. Par conséquent, les grands services publics tels que RWE et E.on n’ont pas réagi en 2000. Ni en 2002 ou en 2005. Ils ont continué la construction de centrales électriques à combustibles fossiles avec une durée de vie d'un demi-siècle. Ils ont ignoré la tempête de l'énergie renouvelable qui était en train de se lever. Avec le recul, nous pouvons constater l’erreur de ces dirigeants. Grâce aux prestations temporaires pour l'énergie solaire et éolienne en Allemagne, la demande a augmenté. Des usines ont augmenté leur production et le prix des panneaux solaires a chuté de façon spectaculaire. Les éoliennes sont devenues plus imposantes, moins coûteuses et plus efficaces. L’énergie solaire et éolienne a connu un boom inattendu. Mais l’Allemagne a peu profité de cette révolution énergétique. La fabrication de ces technologies de prochaine génération est allée majoritairement vers l’Asie. Sommes-nous sur le point de faire la même erreur? Au cours d'une conférence publique tenue en septembre entre Elon Musk (PDG de Tesla Motors) et le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel, quelque chose d'intéressant s’est produit. Après que Musk eut lancé des avertissements concernant les changements climatiques et exposé sa vision d'un avenir électrique complet, Gabriel a plaidé pour des mesures prudentes. Gabriel ressemblait à un capitaine de navire qui reçoit tous les signaux d'une tempête, mais qui continue d’attendre et d’espérer que la mer va se calmer. Bien sûr, la tempête ne va pas se calmer. Au cours des derniers mois, nous avons eu droit au scandale de Volkswagen et l'image de la marque a été ternie. Au même moment, Tesla Motors surpasse des modèles haut de gamme de marques historiques comme Mercedes et Porsche. Le temps est venu pour l'Europe d'agir. Elle a besoin de réinventer trois industries: 1. Les constructeurs automobiles qui construisent les véhicules électriques; 2. Les fabricants de batteries qui produisent des batteries; 3. Les compagnies qui fourniront de l'énergie propre et renouvelable à bon prix pour ces voitures. Si l’Europe n’entre pas dans la danse, elle en paiera le prix. D'autres pays prendront sa place, ce qui est déjà en train de se produire. Les Chinois investissent dans les géants électriques comme Build Your Dreams (BYD). Les Japonais sont bien préparés avec le plus grand fabricant de véhicules électriques, Nissan, et le géant de la batterie Panasonic. La Corée du Sud a KIA, Samsung a SDI et LG a Chem, qui parient tous agressivement sur les batteries et les voitures électriques. Tesla Motors construira la plus grande usine de batteries sur la planète dans le Nevada, et une usine en Californie qui produira 500 000 Tesla par an. Ces entreprises emploient des personnes hautement qualifiées et développent un savoir-faire considérable sur les batteries, les trains à propulsion électrique et les cellules solaires. Rien de tel ne se passe en Europe. Il y a quelques initiatives, mais peu de conviction et d'ambition à entrer dans le tourbillon. Si cela ne change pas, cette industrie de billion de dollars, et les centaines de milliers d'emplois et la prospérité qu'ils apportent, se déplaceront vers d'autres continents. Alors que le quart du PIB de l'Europe dépend des industries de l'automobile, du pétrole et du gaz, nous ne pouvons pas nous permettre de les perdre et de les remplacer par rien d'autre. Ce qu'il faut faire Le scandale du diesel semble avoir réveillé au moins un géant. Volkswagen semble avoir trouvé un nouveau directeur général qui prend des actions concrètes. En quelques semaines, après avoir assumé les fonctions de directeur, Matthias Müller a accéléré le programme d'électrification Volkswagen. La Volkswagen Phaeton sera tout-électrique et l’entreprise développera une nouvelle plateforme complètement électrique. Audi et Porsche présenteront toutes les deux des voitures de luxe capables de la recharge rapide en 2018-2019. Dans les 60 prochains mois, l'industrie automobile européenne doit dire au revoir au moteur à combustion interne et mettre tous ses efforts et l’investissement nécessaires derrière la révolution électrique.
Si l'Europe veut maintenir ses prouesses dans le domaine de l'automobile, elle doit commencer à construire plusieurs usines de batteries, développer des plateformes de véhicules électriques, rééquiper les usines et déployer un réseau de recharge rapide européen fiable et imposant - tout cela en même temps. Et elle doit commencer dès aujourd'hui. Michiel Langezaal est le PDG et co-fondateur de Fastned. Source : Clean Technica et Medium Contribution : Peggy Bédard
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