Note de la rédaction: Comme toujours, certains articles provenant d'autres publications sont là pour présenter une vision de l'électromobilité qui diffère de la nôtre, mais nous les publions afin de stimuler la conversation. Nous ne sommes pas d'accord sur l'idée initiale du chroniqueur (Tesla va perdre la course), mais certains points apportés sont tout de même intéressants. Bonne lecture! ![]() Être le premier n’est pas toujours aussi avantageux qu’on le croit. Avant que Facebook ne soit adopté par tous, il y avait MySpace. Les DVD HD ont battu les disques Blu-Ray sur le marché de quelques mois, mais ils ont fini par être abandonnés par la société qui les a créés. Tesla est la première à lancer des voitures électriques qui sont à la fois séduisantes et bien construites – le dernier Modèle S a brisé la notation du Consumer Reports – et le PDG Elon Musk souhaite rendre accessibles les voitures électriques au grand public. Mais ce n’est peut-être pas la bonne compagnie pour atteindre cet objectif. Apple aurait déjà démarré son projet de voiture électrique, et Google n’est pas loin derrière avec son programme de voitures autonomes. Sans oublier que presque toutes les marques établies de voitures travaillent sur une voiture électrique. Tesla, une avant-gardiste du marché, pourrait-elle ne devenir qu’une note de bas de page dans l'histoire du succès d’un rival? À ce jour, Tesla a livré plus de 78 300 berlines Model S, et plus de 2100 Roadsters. Avec les S, l'entreprise a créé la première voiture entièrement électrique qui a un look invitant et qui fonctionne bien. La société est sur le point de lancer son prochain véhicule, le multisegment Model X, la semaine prochaine. La X, qui coûte environ 130 000 $, sera destinée à un marché de voitures de luxe similaire au modèle S. La prochaine voiture de la société après la X sera le Model 3, qui devrait coûter 35 000 $. Mais les premiers Model 3 ne sont pas censés être livrés avant 2017, date à laquelle Tesla ne sera sans doute plus la seule entreprise à fabriquer des voitures électriques intéressantes. Audi et Mercedes devraient produire des véhicules électriques d'ici la fin de la décennie, et Porsche prévoit d'être juste derrière eux. À l'heure actuelle, Tesla est un peu comme BlackBerry en 2007: elle a pris le contrôle d'un marché relativement nouveau et elle possède les produits les plus populaires dans ce marché. Mais BlackBerry, qui était encore la société de téléphones intelligents dominante aux États-Unis en 2010, n'a pas réussi à faire face à de nouveaux concurrents. Apple a fini par gagner la course des téléphones intelligents contre les BlackBerry, en partie parce qu'elle était une société d'informatique (et que les téléphones sont devenus de petits ordinateurs), mais aussi parce qu'elle construisait un meilleur téléphone et excellait à la commercialisation. Cela ne veut pas dire que le marché de la voiture électrique va s’organiser de la même manière que celui des téléphones intelligents. Aujourd’hui, beaucoup de marques de voitures différentes, qu’elles soient luxueuses ou économiques, parviennent à se concurrencer dans le même espace. Et même si les voitures électriques finissent comme les téléphones intelligents, il peut encore y avoir plusieurs gagnants – Apple et Samsung se partagent maintenant environ 35% seulement du marché des téléphones intelligents. Dans 10 à 20 ans, de quoi aura l’air le marché automobile? Voici quelques scénarios: 1-Les grands fabricants d'automobiles sont toujours en charge La création de nouvelles lignes de voiture prend des années de recherche, de développement, de réoutillage de l'usine et de logistique. Les constructeurs automobiles le savent. Chevrolet a lentement – et jusqu’à maintenant, sans grand succès – commencé à s’intéresser à l’électricité avec son hybride Volt, avant de développer son modèle entièrement électrique, la Bolt. Mais les compagnies de voiture ont déjà les infrastructures nécessaires, et le prestige de leur marque. Que préfériez-vous : acheter une voiture électrique qui fonctionne aussi bien qu’une Porsche, ou acheter une vraie Porsche électrique? Les constructeurs automobiles traditionnels ont le patrimoine de leur côté, et s’ils sont prêts à investir dans une modernisation, rien ne peut les empêcher d’entrer dans l'ère électrique. Récemment, Audi, BMW et Daimler ont formé un consortium pour acheter HERE, la technologie de cartographie de Nokia. Ces mêmes sociétés travaillent sur des voitures électriques de luxe et sur des voitures autonomes, ou assistées par intelligence artificielle, qui utiliseraient ces cartes géographiques. Toyota a récemment annoncé qu'elle allait investir 50 millions de dollars dans un partenariat avec le MIT et Stanford pour des recherches sur l’intelligence artificielle et la robotique, dont Gill Pratt, l'ancien directeur de la DARPA Défi Robotique, sera en charge. Avec les voitures électriques et autonomes, on verra s’il est plus facile d’intégrer la technologie dans les voitures ou de transformer les voitures elles-mêmes en technologie. 2-Tesla domine le marché Dans les prochaines années, Tesla a le potentiel de devenir le Apple des voitures électriques, même si Apple elle-même fait son entrée dans l'industrie. La société aura quatre modèles en circulation – la Roadster, la S, la X, et la 3 – alors qu’Apple ou tout autre compétiteur n’aura eu le temps que d’en concevoir un seul. La méga-usine Tesla – un centre de production massif dans le Nevada qui peut produire jusqu'à 500 000 packs de batteries par an – sera aussi en marche. Si Tesla peut baisser ses prix, ses voitures pourraient devenir beaucoup plus courantes sur les routes. Tesla met également en place la même fidélité à la marque qu’impose Apple à ses consommateurs. La société a construit son réseau « Supercharger », une série de stations de recharge rapide pour les voitures Tesla, placées sur les principales autoroutes américaines. Depuis 2014, les clients de Tesla sont en mesure de conduire à travers le continent américain, l'Europe occidentale et le Japon, sans craindre de tomber en panne avant d’atteindre une station de recharge Tesla. [NDLR: corrections effectuées - le réseau SC est bien en fonction!] En plus de cela, Tesla rendra bientôt disponibles ses piles « Powerwall » pour la maison. Les consommateurs pourront relier leur batterie à des panneaux solaires et alimenter en énergie leur maison et leur Tesla, stockant tout surplus d'électricité dans la pile, au besoin. C’est comme avoir un iPhone connecté à une montre Apple qui se synchronise avec un MacBook et un iPad sur une plus grande échelle encore. En supposant que Tesla parvienne à réaliser tous ses projets et que la qualité soit la même que ce qu'elle a produit à ce jour, la compagnie pourrait continuer de dominer le marché de la voiture électrique pour les prochaines décennies. En plus de tout cela, Tesla a Elon Musk. Quand il ne dirige pas Tesla, celui qu’on compare à Tony Stark (Iron Man) lance des fusées dans l'espace et essaie de tente d’envoyer des humains sur Mars. Comme Steve Jobs avant lui, il semble exiger le meilleur de son équipe pour livrer des produits qui intéressent vraiment les médias et le marché. 3-Une société d'informatique se taille une place Apple a passé la dernière décennie et demie à créer de l'électronique très populaire et bien conçu. Comme Wired l’a récemment souligné, la voiture moderne est essentiellement un téléphone intelligent avec des roues. Et Apple sait comment commercialiser des téléphones intelligents. Les ventes de l'iPhone sont la plus grande source de revenus de la société depuis des années. Si Apple est en mesure de fournir un modèle de production à l'industrie automobile aussi efficace que celui de ses appareils mobiles, elle pourrait avoir une chance de réussir. Les marges de profits de Tesla sont proches de celles de Porsche, ce qui signifie que si Apple arrive à produire à grande échelle comme elle l’a fait pour l'iPhone, elle pourra demander des prix similaires à ceux de Tesla. La société a également réussi à développer sa branche informatique à un moment où le reste de l'industrie du PC est en train de sombrer. Cela est dû en partie au fait qu'elle produit un gadget bien conçu, bien commercialisé, mais aussi parce que ses ordinateurs font partie d'un écosystème plus vaste de produits Apple. Apple est un choix de vie, et à cet égard, il n’y a pas de meilleure expression de votre choix de vie en Amérique que la voiture que vous conduisez. Apple se dépêche de lancer son programme de développement automobile : pour ce faire, elle augmente son personnel à 1 800 personnes et elle recrute, selon le Wall Street Journal, des experts des voitures autonomes. De son côté, Google a récemment embauché John Krafcik, l'ancien PDG de Hyundai États-Unis, pour diriger son programme de voitures autonomes. Un porte-parole de Google a déclaré que ce programme était un « bon candidat » pour devenir une compagnie distincte dans la grande famille Alphabet (conglomérat appartenant à Google), même si le géant a déjà dit ne pas vouloir construire ses propres voitures, préférant à la place des partenariats avec des fabricants d'automobiles. Voilà qui diffère de la manière dont Google fonctionne avec Android, soit le développement d’un système d'exploitation open-source que les fabricants de téléphones intelligents peuvent utiliser. Peut-être qu’un constructeur automobile bien établi – Nissan pourrait être un candidat décent, car elle produit actuellement la voiture électrique la plus populaire qui n’est pas dans l’écurie Tesla, la Leaf – pourrait utiliser la technologie de Google pour faire de la compétition à la voiture d’Apple. Ou alors peut-être que Google suivra ses propres traces et produira une voiture en quantité limitée, comme sa ligne de téléphones Nexus. 4-Une jeune entreprise perturbatrice Si Tesla laisse filer son avance et qu’Apple finit par rater sa cible, il y a une autre entreprise qui pourrait arriver à dominer notre avenir automobile: Uber. La jeune entreprise évaluée à 50 milliards a déjà perturbé de nombreuses sociétés de taxi, et elle ne cache pas son ambition de remplacer éventuellement sa main-d'œuvre humaine par des véhicules autonomes. Uber a récemment décimé le laboratoire de robotique à Carnegie Mellon en engageant plusieurs talents pour travailler sur une flotte de voitures sans conducteur. Si la société peut arriver à transformer la recherche en robotique directement en voitures autonomes, elle pourrait être en mesure de contourner toute la course vers la voiture électrique. Peut-être que dans quelques décennies, en supposant que les obstacles juridiques et logistiques qu’implique l'intégration de voitures robotisées dans nos systèmes d'autoroute puissent être surmontés, l'achat d'une voiture – électrique ou autre –vous semblera aussi pittoresque que l'envoi d'un télégramme. En attendant, cela ressemble à une course où Tesla devra continuer à exceller pour rester compétitif. Source: Quartz Collaboration: Lisanne Rheault-Leblanc
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