L’Institut économique de Montréal (IEDM) considère que le Québec erre en accordant des subventions à l’achat de la voiture électrique. Dans une récente Note économique sur le sujet, l’organisme estime que le gouvernement récolterait plus de gains en termes de réduction de gaz à effet de serre (GES) en achetant des crédits de carbone, dans le cadre de sa participation au marché du carbone. Cette évaluation est fermement rejetée par l’Association des véhicules électriques du Québec (AVÉQ).
C’est en analysant l’efficacité des programmes environnementaux mis en place en Norvège, considérée comme la championne de l'électrification des transports, et en faisant l’hypothèse que le Québec pourrait suivre la même initiative, que l’IEDM se montre très critique des choix politiques de l’État québécois. Selon ses recherches, malgré les efforts financiers déployés par le gouvernement norvégien pour inciter la population à adopter les véhicules électriques, le résultat se traduit par un coût de 6925 $ par tonne de GES évitée alors que le prix en Europe pour les quotas d'émission est d'environ 7,84 $ la tonne. « En subventionnant les voitures électriques, le coût pour éviter la production d'une tonne de GES est donc 883 fois supérieur au prix observé sur le marché du carbone pour une même tonne », explique Youri Chassin, auteur de la publication. Si le Québec adoptait la même stratégie, l’IEDM en conclut que le coût des subventions s’élèverait à 1560 $ par tonne de GES évitée. Par comparaison, le prix d'un quota d'émission sur la bourse du carbone de la Western Climate Initiative, dont le Québec fait partie, serait de 11,39 $ la tonne. Youri Chassin est d’avis qu’au lieu de dépenser 12,1 G$ dans cette stratégie, le gouvernement du Québec pourrait atteindre le même objectif environnemental en achetant des quotas d'émission pour environ 88 M$, soit 137 fois moins. « Que le gouvernement le dise clairement qu’il choisit d’accorder des subventions à l’industrie de l’automobile électrique. Ce choix n’a pas vraiment d’impacts positifs sur l’environnement. Avec les subventions à l’achat d’un véhicule électrique et pour l’installation d’une borne de recharge, le montant de la subvention équivaut à payer 414 $ par tonne de GES évitée. C’est donc 36 fois trop cher », enchaîne l’auteur de la Note économique. Réplique cassante L’Association des véhicules électriques du Québec (AVÉQ) rejette avec véhémence cette analyse, que son porte-parole juge « ridicule ». « Ce n’est pas une étude sérieuse, c’est un billet économique biaisé. L’IEDM ne tient pas compte que plusieurs premiers ministres du Québec appuient la stratégie d’électrification des transports parce qu’ils ont compris que les effets sont bien plus étendus que leur simple calcul comptable qui laisse perplexe », argumente son président Simon-Pierre Rioux. Reprenant la Note économique de l’IEDM, paragraphe par paragraphe, l’AVÉQ a fait la démonstration qu’elle contient une foule d’erreurs. Simon-Pierre Rioux donne en exemple, le calcul de l’incitatif actuel de 8 000 $, à l’achat d’une voiture électrique. « Calculé sur une durée de vie moyenne de 10 ans d'une voiture, on parle de 680$ par année, chaque tonne équivaut donc à 170$ par année. Certes, c'est plus dispendieux que 11$ pour un crédit de carbone, mais c’est 15 fois plus au lieu de 137 fois. Les gouvernements savent que cela diminue la pollution de l’air, sonore, les maladies dues au smog et que cela apporte de l’emploi en région. Il faut calculer aussi ces retombées », poursuit le président de l’AVÉQ. Émergence d’une nouvelle économie Simon-Pierre Rioux ajoute que l’impact est aussi important par la création d’une nouvelle industrie qui va profiter à toute l’économie. « Si on pouvait diminuer l’utilisation de 12% du pétrole au Québec, cet argent serait réinvesti dans l’économie. Nous estimons que c’est 130 000 emplois sur six ans qui seraient créés dans divers domaines connexes », poursuit le président de l’AVÉQ. Source: Canal Argent |