Le PDG du groupe, Carlos Ghosn, estime que la baisse du prix du pétrole n’affectera pas à long terme la production de véhicules hybrides et électriques «Prévisible»: ce mot, si peu utilisé ces jours-ci en France dans la foulée des attentats des 7 et 9 janvier, reste l’un des termes favoris du PDG de l’alliance Renault-Nissan, Carlos Ghosn. Invité à Paris par l’European American Press Club, le patron du quatrième constructeur mondial s’est évertué, avant de participer au Forum de Davos, à expliquer que son groupe a plutôt bien anticipé les évolutions actuelles du marché automobile: «Nous avons gagné des parts de marché en Russie, où le marché a fortement chuté de 20%. Renault compte profiter, pour son développement en Chine, de l’expérience de Nissan qui est aujourd’hui la première marque japonaise dans le pays. Et du côté européen et français – l’Hexagone est le premier marché pour Renault – nous parions sur un marché stable, en hausse de 1%.» Succès de Dacia Renault a annoncé hier des ventes mondiales en hausse de 3,2% en 2014, tirées par sa marque Dacia et la progression de ses ventes en Europe de près de 12%. Le constructeur a écoulé 2,71 millions de véhicules l’an dernier, soit 3% du marché mondial. L’objectif de son plan pluriannuel est d’atteindre 3 millions de véhicules vendus en 2017, un an avant l’échéance du mandat de son PDG, reconduit pour quatre ans en 2014. Le plus singulier est peut-être la sérénité affichée par Carlos Ghosn face au prix du pétrole en chute libre, et son impact sur les ventes de voitures, notamment pour le segment des véhicules électriques ou hybrides. «La prévisibilité vient du cadre réglementaire, a expliqué Carlos Ghosn. Quel que soit le prix du pétrole, dont personne ne parvient à prédire les convulsions, nous sommes convaincus que les états vont continuer à adopter des législations de plus en plus contraignantes pour réduire les émissions polluantes.» «Compte tenu de cette sévérité environnementale, le développement des énergies alternatives va donc continuer, poursuit-il. Nos efforts industriels pour promouvoir les moteurs électriques et hybrides peuvent être temporairement ralentis, mais ils resteront prioritaires car cette trajectoire est la bonne pour Renault et pour l’ensemble du secteur.» Le PDG du groupe franco-japonais juge par ailleurs positive la montée en puissance de nouveaux acteurs dans ce secteur, comme Tesla ou le groupe français Bolloré: «Ces concurrents sont aussi nos alliés car ils poussent les autorités à s’équiper d’infrastructures adéquates, par exemple de bornes de chargement. Aux Etats-Unis où nous vendons 3000 Nissan Leaf par mois [le modèle électrique le plus vendu au monde], un tiers de ces ventes a lieu dans une seule ville, Atlanta, où les autorités locales ont fait de gros efforts.» Les deux points noirs, pour Renault-Nissan, demeurent le Brésil et surtout la Russie, où la marque française a reculé de 11% en 2014. Pour la Chine, où Renault a fait son entrée en 2014, Carlos Ghosn a tenu à rappeler que la croissance de 7% envisagée en 2015 représente tout de même 1,4 million de voitures neuves en plus. La grande interrogation demeure l’Afrique, où le décollage tant espéré se fait toujours attendre, selon Carlos Ghosn. Dans un pays comme le Nigeria, dont la taille avoisine celle du Brésil, le marché automobile s’accroît chaque année de 50 000 véhicules neufs seulement. Contre 3,2 millions pour le géant latino-américain. Source : Le Temps
Contribution : Richard Lemelin
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