La politique climatique de la Colombie-Britannique est désormais nationale. Question de mieux comprendre ses avantages et son succès, voyons comment elle fonctionne.
L'une des politiques climatiques les plus efficaces de la Colombie-Britannique est si abordable que la plupart des Britanno-Colombiens ne réalisent même pas qu'elle existe. De plus, c’est la seule province canadienne qui l'emploie, ou plutôt c’était la seule. Le gouvernement fédéral mettra en œuvre une norme sur les carburants propres à l'échelle nationale, qui veillera à ce que chaque litre d'essence ou diesel que les conducteurs utilisent soit plus propre et récompensera les entreprises qui fournissent de l'électricité et de l'hydrogène pour ravitailler les voitures et les camions. Bien que la politique de la Colombie-Britannique ait pris effet en 2010, son succès s’est fait plutôt discrètement, elle a permis de réduire la pollution tout en ne suscitant quasiment aucune opposition, ce qui reflète peut-être le peu d’impact à la pompe qu’ont dû subirent les Britanno-Colombiens. Réduire la pollution causée par le carbone Par ses mesures climatiques, la norme sur les combustibles propres de la Colombie-Britannique (connue sous le nom de Règlement sur les exigences en matière de carburant renouvelable et à faible teneur en carbone) a été un grand succès. La politique - qui exige entre autres que l'essence et le diesel vendus en C.-B doivent inclure un mélange de carburants renouvelables - est responsable du quart de la réduction de la pollution par le carbone dans la province entre 2007 et 2012. Cette dernière s'est engagée à renforcer la politique dans son plus récent plan climatique et s'attend à éviter 3,4 millions de tonnes de pollution carbone, ce qui équivaut à retirer 800 000 voitures de la circulation. On estime qu'une norme nationale sur les carburants propres pourrait réduire de 30 millions de tonnes la pollution due au carbone en 2030 seulement. L'objectif que le gouvernement fédéral a fixé pour les émissions - 30 millions de tonnes en 2030 - est donc entièrement réalisable. C'est aussi un grand pas vers l'atteinte de l'objectif climatique du Canada, puisque les réductions d'émissions de 2030 reviennent à retirer plus de six millions de voitures de la route cette année-là. Le fonctionnement de la politique de C.-B La norme de la Colombie-Britannique - dont on retrouve aussi des versions en Californie et en Oregon - exige que les raffineurs fournissent à la province de l'essence et du diesel qui émettent moins de pollution par le carbone ou des carburants qui polluent moins. On s'attaque ainsi non seulement à la pollution créée par le brûlage des carburants dans les voitures et les camions, mais à celle qui provient de l'extraction, du transport et du traitement avant d'arriver à la pompe. La norme s’est durci au fil du temps. En réponse, les compagnies de transport et de carburant devront accélérer l'innovation propre pour atteindre des objectifs plus stricts. Conçue pour être flexible La norme donne aux entreprises de nombreuses options pour atteindre leurs objectifs. Les carburants provenant des usines (biocarburants) peuvent être mélangés au diesel ou à l'essence, mais la norme permet également aux entreprises d'obtenir un crédit pour l'utilisation de l'électricité, du gaz naturel ou de l'hydrogène pour alimenter les voitures et les camions. Cette souplesse rend la politique rentable, car les diverses technologies propres rivalisent les unes avec les autres pour offrir la solution la moins coûteuse. En C.-B., les fournisseurs de carburant ont la possibilité d'acheter des crédits auprès d'autres fournisseurs dont le carburant dépasse les exigences, ce qui crée une récompense pour ceux qui sont en tête de peloton. Aujourd’hui et demain En ciblant le carburant dans les réservoirs des véhicules d'aujourd'hui, la norme permet de rendre chaque voiture de C.-B. plus propre dès maintenant. Puisque le transport représente un quart de la pollution du carbone au Canada, l'amélioration des combustibles fossiles d'aujourd'hui est un élément essentiel du casse-tête. Mais parce qu'elle soutient également une transition énergétique dans le secteur des transports - en favorisant l'utilisation de l'électricité, de l'hydrogène et des carburants à base de plantes - elle jette les bases d'un avenir beaucoup plus propre. Une croissance propre Une norme nationale sur les carburants propres créera un marché plus important pour les carburants plus propres, ce qui stimulera les investissements dans ce secteur au Canada. Comme n'importe quel marché, le carburant propre fonctionne mieux s’il a plus d'options, mais même à elle seule, la politique de C.-B. a aidé à stimuler une croissance propre. Il y a maintenant plus de 50 fournisseurs de carburant produisant environ 135 combustibles différents dans la province. Au cours des deux dernières années, Chevron a modernisé son terminal dans l'île de Vancouver et y amène l'éthanol à ses clients. Mais les bénéficiaires de la politique se retrouvent littéralement partout, des agriculteurs qui trouvent un nouveau marché pour leurs déchets aux chercheurs en technologie propre dans les laboratoires universitaires. La décision du gouvernement fédéral d'élargir la norme au-delà des carburants de transport promet de faire encore plus de gagnants, et c'est le genre d'innovation en matière de politiques climatiques que nous n'avons pas vu depuis longtemps à Ottawa. Ce n’est donc que le début de cette norme canadienne sur le carburant propre. Même si les récentes annonces ont tracé la voie, de nombreux détails sont à travailler. Mais on peut certainement dire qu'Ottawa a choisi un outil de politique intelligent qui s'accompagne d'une expérience teintée de succès. Source : Clean Energy Canada Contribution : Peggy Bédard
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