Lorsqu’on pense à l'énergie renouvelable, on a en tête les énergies solaire, éolienne ou hydroélectrique, mais rarement l'énergie des marées, qui est techniquement une forme d'hydroélectricité. C'est parce que la version moderne de la technologie est encore à ses débuts et la capacité déployée est encore très limitée.
Mais ce mois-ci, on a pu assister à un progrès significatif avec une massive turbine marémotrice déployée sur la côte de la Nouvelle-Écosse, une première en Amérique du Nord. Même si la version moderne de la technologie est encore à ses premiers balbutiements, l'énergie des marées est utilisée sous sa forme la plus brute depuis des milliers d'années. Dans la Rome antique et au Moyen Age, les gens gardaient de l'eau dans de grands étangs de stockage sur les côtes et comme la marée descendait, elle activait des roues sous-marines dont la puissance mécanique pouvait moudre le grain. Maintenant, la technologie est utilisée pour alimenter des turbines et produire de l'électricité. Il y a peu de projets en exploitation dans le monde, mais plusieurs autres sont actuellement en développement, dont celle de cap Sharp Tidal dans la baie de Fundy. Plus tôt ce mois-ci, les promoteurs du projet, OpenHydro et Emera, ont déployé la première d'une série de turbines massives et l'ont connectée au réseau local. Il s'agissait de la deuxième tentative de déploiement du système. En 2009, ils ont installé la première version de la turbine, mais les pales ont été détruites par la puissance des marées. La baie de Fundy est réputée pour sa forte marée, l'une des plus hautes au monde avec un record de 17 mètres (56 pieds). On estime que 115 milliards de tonnes d'eau entrent et sortent de la baie pendant la période de marée. Le groupe est retourné à la planche à dessin et a développé une turbine plus forte pour exploiter cette puissance. Une autre turbine devrait également être installée dans les mois à venir pour un total de 4 MW. Le groupe voudrait atteindre jusqu'à 16 MW d'ici la fin de 2017. Sous sa forme actuelle, le projet n'est véritablement qu’une démonstration et un test de la technologie puisqu'il n'est en aucun cas viable économiquement. Le coût du MWh livré est d'environ 530 $ ou 0,53 $ CA par kWh. Comparativement, la Nova Scotia Power, l'une des sociétés derrière le projet, fournit de l'électricité à un taux standard de 14,800 ¢/kWh. Néanmoins, la turbine actuelle génère assez d'électricité pour alimenter 500 foyers et à mesure que la technologie arrivera à maturité, elle pourrait être simplifiée et cela pourrait diminuer significativement le coût. Une partie importante du coût est liée au développement d'outils personnalisés et d'équipements logistiques pour construire et déployer ces turbines massives. Une fois que le coût du développement de cet équipement sera amorti sur plusieurs autres turbines, le projet sera plus intéressant en terme de coût de l'énergie livrée à l'utilisateur final. Si le projet réussit et n'affecte pas la vie marine, comme le prétendent les promoteurs, il sera intéressant de revoir le coût du kWh livré en 2020, alors qu'on prévoit une capacité de 300MW pour la baie de Fundy, ce qui pourrait desservir près de 75 000 clients. Source : Electrek Contribution : Peggy Bédard
Commentaires
|