Tromso, une ville norvégienne surnommée la « porte de l'Arctique » se retrouve en pleine noirceur deux mois par année. Pourtant, cette magnifique ville enneigée se concentre de plus en plus sur l’industrie de la voiture électrique, attirant l'attention des entrepreneurs de la Silicon Valley comme Elon Musk de chez Tesla. La compagnie y a ouvert récemment une salle d’exposition, son emplacement le plus au nord. Pourquoi? Parce qu’il semble que la Norvège soit tout simplement folle des voitures électriques ! Le pays est le leader mondial pour le ratio de voitures électriques par habitant et vient de devenir le quatrième pays au monde à avoir 100 000 VÉ sur ses routes. Quand on constate que les autres nations sur la liste sont les États-Unis (population : 320 millions), le Japon (population : 130 millions) et la Chine (population : 1,35 milliard.), c’est tout un exploit pour ce pays peu peuplé d’à peine cinq millions d’habitants. Lors d'une visite faite plus tôt en avril, Elon Musk a même attribué beaucoup du succès de Tesla au rôle de pionnier du pays sur les voitures électriques. Alors, quel est le secret de la Norvège ? Elisabeth Bryn nous aide à comprendre le phénomène. Cette enseignante de 56 ans aime conduire dans les rues glacées de Tromso et peine à contenir son enthousiasme au sujet des véhicules électriques. « C’est tellement plaisant de conduire une voiture propre. Cela signifie que j'ai une conscience écologique et que j’économise à long terme », a t-elle affirmé, en entrevue à la BBC.
Mais ce sont autant les incitatifs économiques qu’environnementaux qui alimentent la hausse de popularité des voitures vertes. La Norvège a présenté une série de subventions généreuses pour encourager les gens à passer à l'électrique. Par exemple :
Le pays a aussi lancé une politique fiscale agressive envers les voitures très polluantes, tout en offrant un répit de taxes sur les voitures à zéro émission. Cette politique de « pollueur-payeur » rend le coût d'une voiture électrique égal à celui d’une voiture à essence normale. Elisabeth Bryn est bien au fait des chiffres et croit que le coût total de sa voiture sera récupéré sur huit ans grâce aux économies d'impôt et de carburant. Mais qu’en est-il de l’autonomie ? Est-ce que les gens ont là-bas aussi peur d’en manquer ? Le manque d’autonomie est le talon d'Achille de la voiture électrique après tout. C’est ici que la Norvège se démarque, comme Bryn le démontre à un point de recharge publique, dans un secteur immobilier situé en périphérie de la ville. L'électricité qu’elle transfère dans sa voiture est gratuite. La Norvège arrive à produire de l’énergie hydroélectrique 100% renouvelable et peu dispendieuse, une véritable chance, ça va de soi. Selon l'Association norvégienne des véhicules électriques, même si les trois millions de voitures sur les routes du pays étaient électriques, elles ne consommeraient seulement que 5 à 6% de la production annuelle d’énergie hydroélectrique. Les bornes de recharge rapide peuvent charger sa Nissan LEAF jusqu'à 80% en seulement 30 minutes. Alternativement, Bryn peut charger sa voiture à la maison à un rythme beaucoup plus lent durant la nuit. Il faut dire que la Norvège est aussi le plus grand producteur de pétrole en Europe occidentale et le troisième exportateur mondial de gaz naturel. En d'autres termes, la Norvège est assez riche pour subventionner ce style de vie électrique. Mais en dépit de ces avantages considérables, tous ne sont pas convaincus. À Oslo, on retrouve plus de 14 000 voitures électriques, environ 30% du marché. Mais dans les régions du nord - comme la ville de Tromso - l'enthousiasme est plus modéré. Cela peut s’expliquer par un environnement rude et l’anxiété de l’autonomie - sachant que personne ne veut rester bloquer dans un climat polaire. Des études ont démontré que les performances des voitures électriques pouvaient se détériorer de façon marquée dans des conditions extrêmement froides ou chaudes. Et Nissan, dont la LEAF est le véhicule électrique le plus vendu en Norvège, admet que son autonomie maximale de 200 km peut diminuer de façon significative dans des conditions glaciales, lorsque le chauffage, l'éclairage et l’antibuée drainent davantage d’énergie. Malgré tout, la nouvelle salle d’exposition de Tesla à Tromso, et la croissance constante du nombre de station de recharge publique, démontre l'engagement de l'industrie, peu importe l'environnement inhospitalier. Et le reste du monde tire des leçons de la Norvège. L’Allemagne vient d'annoncer un investissement d'un Md € (784m £, 1,1 milliard $ US) pour un programme d'incitatifs qui encouragera l’achat de véhicules électriques. Christian Ruoff, éditeur du magazine Charged, résume: « les constructeurs de voitures électriques aux États-Unis voient la Norvège comme une fenêtre sur l'avenir. Ce pays démontre que si les gouvernements peuvent rendre les voitures électriques aussi abordables que leurs équivalents à essence, les automobilistes, même ceux du cercle polaire, vont les acheter. Il défait aussi le mythe que les voitures électriques et leurs batteries sont pensées uniquement pour des villes avec des climats plus tempérés comme Oslo ou San Francisco. » Source : BBC News Contribution : Peggy Bédard
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