C’est par ses investissements dans l’industrie du taxi que les Québécois ont découvert l’intérêt que porte Alexandre Taillefer à l’électrification des transports. L’homme d’affaires reconnaît qu’il s’est attaqué à l’un des dossiers les plus complexes de toute sa vie professionnelle. Le président de la firme XPND Capital nous parle de la vision qui guide ses actions. Est-ce que vous roulez en véhicule électrique? «Je n’ai plus de voiture depuis deux ans. J’utilise ma carte OPUS, Communauto, le taxi et Bixi. Je n’ai plus de plaisir à conduire et j’en ai eu des voitures, de toutes les sortes. Je ne supporte plus le temps perdu dans la congestion, et le cocktail de transport que j’utilise est plus rapide. Et ça me coûte beaucoup moins cher qu’avant.» Expliquez-nous le lien que vous faites entre congestion routière et électrification des transports? «C’est simple et l’aspect écolo en est un complément secondaire. J’ai compris que l’étalement urbain a des coûts importants, surtout durant les heures de pointe. Il faut trouver une façon intelligente de moduler la demande au niveau des infrastructures routières. Rouler en voiture coûte 10 000 $ par année, c’est un facteur d’appauvrissement collectif et ça demande des infrastructures gigantesques. «L’État devrait augmenter l’offre de transport collectif, par exemple, la densité des trains de banlieue, largement sous-utilisés. «Pour cela, le gouvernement doit renégocier le pacte avec les entreprises ferroviaires pour que le transport des personnes ait préséance sur celui des marchandises. «Il faut des politiques qui fassent en sorte que, dans 10 ans, les ménages possédant plus d’une voiture soient regardés de la même façon négative que ceux qui ne font pas de recyclage et qui utilisent encore des sacs de plastique.» Les banlieusards qui réclament le prolongement ou l’élargissement des autoroutes sont bien loin de cette vision, non? «Il va falloir faire des choix politiques pas trop populaires, comme celui d’introduire une tarification de l’utilisation des routes. L’automobiliste qui roule 60 km pour venir en ville doit consommer différemment ses déplacements ou payer selon l’usage qu’il fait des infrastructures. Même chose pour les entreprises commerciales. Elles devraient être tarifées lourdement si elles circulent durant les heures de pointe. C’est le principe du pollueur-payeur. En contrepartie, ça demande l’installation d’infrastructures de recharge à très haute vitesse. Et des systèmes qui faciliteront le partage du transport pour aller travailler.» Vous croyez que le transport commercial peut adopter les véhicules électriques? «Dans le secteur commercial, l’électrification des véhicules a beaucoup de sens. Il en coûte 20 % plus cher pour acheter un véhicule électrique, mais la facture d’énergie est réduite de 80 %. Sur cinq ans, c’est une économie de 40 000 $. Avec l’amélioration des technologies, le retour sur l’investissement se fait rapidement. Pour le camionnage, en plus des bornes, il existe de nouvelles batteries qui pourraient être remplacées avec des robots dans un temps record. Cette solution serait adéquate pour des échanges entre Montréal, Toronto et New York.» Le Québec a-t-il ce qu’il faut pour adopter rapidement l’électrification des transports? «Le Québec est l’endroit le plus choyé en termes d’infrastructures énergétiques et possède les meilleurs cerveaux au monde pour optimiser l’électrification des transports. Il y a des opportunités à saisir, par exemple, dans le transport scolaire, les autobus urbains. On aurait avantage à investir dans la fabrication de véhicules de niche et à vendre nos compétences. On serait “gnochon” de ne pas se positionner comme leader mondial dans le domaine.» Source : Journal de Montréal Contribution : Martin Archambault
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