Les véhicules électriques ne sont pas responsables du CO2 émis par les centrales au charbon4/10/2016 Les études du cycle de vie des véhicules électriques (VE) incluent pour la plupart les émissions de CO2 des centrales produisant l’énergie électrique. À première vue, ceci semble avoir du sens considérant que dans la plupart des pays du monde, contrairement au Québec, l’électricité provient de centrales au charbon et au gaz. Or, consciemment ou non, on se trouve à faire une double comptabilisation. Cette erreur de raisonnement pourrait malheureusement avoir deux conséquences fâcheuses : elle freine l’adoption des VE et pourrait aussi retarder la transition vers des réseaux électriques alimentés par les énergies renouvelables (ER).
Rappelons-nous d’abord que l’inventaire des émissions produites à l’intérieur d’un pays est divisé en secteurs tels que la production d’électricité, le transport, l’industrie, l’agriculture, etc. Au moment de calculer les émissions d’une centrale au charbon, on ne sépare pas les émissions associées à l’électricité en fonction de qui la consomme (ménages, banques ou agriculteurs). Toutes les émissions de cette centrale se retrouvent dans le secteur de la production d’électricité, peu importe qui la consomme. Si on pouvait électrifier tous les véhicules de la terre à l’aide d’une baguette magique, la consommation de pétrole chuterait dramatiquement et la production d’électricité serait majorée. Au niveau des gaz à effet de serre, celles associées au secteur des transports tomberaient à zéro pendant que celles de la production d’électricité augmenteraient. Aucune émission du secteur de la production d’électricité ne se verrait transférée à celui des transports, pas plus qu’on ne le fait actuellement pour les raffineries qui sont de grandes consommatrices d’électricité. Et on ne ferait certainement pas l’erreur de calculer les émissions deux fois! Malheureusement, c’est ce que les études sur le cycle de vie des VE nous amènent à faire. Cette double comptabilisation retarde deux changements majeurs. D’abord, elle freine l’adoption des VE, car les personnes y trouvent un argument les invitant à continuer d’utiliser les énergies fossiles pour se mouvoir. Ensuite, en mettant la faute sur l’individu ou l’acheteur de véhicule, on culpabilise celui qui n’a pas d’influence directe sur le choix du type de centrale électrique. Autrement dit, en n’associant pas les émissions à la centrale, on ne met pas la pression sur l’État et les fournisseurs d’électricité, ce qui ralenti la transition vers les ER. Et sur ce plan, rappelons-nous que les solutions techniques sont disponibles pour que tous les réseaux électriques du monde arrivent à s’approvisionner en ER sur une très courte période. Le tout sans augmenter les coûts, en améliorant la fiabilité des réseaux et en produisant des millions d’emplois. Le Costa Rica et l’Uruguay, deux pays qui ne font manifestement pas partie des pays les plus riches de la planète, ont fait cette transition en moins d’une décennie. Ce chemin – avec des solutions techniques différentes selon les cas – c’est celui que peut emprunter tout pays et tout producteur d’électricité. Enfin, n’oublions pas l’effet interactif des deux facteurs : une personne ayant un VE est plus encline à se positionner ou voter en faveur d’un réseau sans émission. Cette hypothèse semble appuyée par le fait qu’en Californie, en 2014, 32% des propriétaires de VE avaient fait installer des panneaux solaires sur leur toit, alors que moins de 2% des autres propriétaires avaient posé ce geste. Malheureusement, l’inverse semble aussi plausible. Il pourrait y avoir un effet interactif entre le niveau de pollution toléré sur le plan collectif et le fait de polluer sur le plan individuel, ce qui expliquerait bien le retard accumulé par la province de l’Alberta au niveau de la pénétration des ER et des VE. En conclusion, on nous fera remarquer que même en prenant en compte la pollution des centrales au charbon, les VE demeuraient moins polluants que les véhicules conventionnels. Ce n’est pas une raison pour accepter la double comptabilisation, car la faute devrait reposer uniquement sur les politiciens et les patrons d’entreprises qui refusent d’adopter le choix sains que font des millions de consommateurs, le choix zéro émission. Un conducteur de VE, en roulant, ne dégage aucune émission de CO2 et on ne devrait jamais le mettre responsable de l’inaction des autres, point à la ligne. Source : Sébastien Collard - Membre fondateur de Recycle ta Caisse Contribution : Martin Archambault
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