En octobre dernier, l’AVEQ publiait un article dans lequel je dénonçais la comptabilisation des émissions des centrales électriques dans l’étude du cycle de vie des véhicules électriques (VE). Depuis, de nouveaux arguments appuyant cette position se sont ajoutés et méritent d’être partagés.
Commençons par remarquer que dans le secteur des pipelines, personne ne mélange les émissions des véhicules avec celles des installations qui produisent le pétrole. En effet, même les écologiques qui dénoncent le pipeline Énergie Est ne parlent pas des émissions des véhicules qui brûleront le pétrole transporté. C’est normal, les émissions de ces véhicules sont comptabilisées là où elles sont émises, dans le secteur des transports, et les émissions issues de la production sont comptabilisées dans ce dernier secteur. Pourquoi alors re-comptabilisons-nous les émissions des centrales au charbon au niveau des VE?
Peut-être pensons-nous qu’en augmentant le nombre de VE, nous augmenterons notre consommations d’électricité et qu’une quantité plus importante de charbon et de gaz de schiste sera brûlée. Si c’est le cas, nous nous trouvons à appuyer un raisonnement erroné avec une fausse prémisse! Voyons pourquoi. Prenons d’abord conscience qu’aucune nouvelle centrale au charbon n’a été construite aux États-Unis et au Canada depuis l’arrivée de la LEAF et de la Volt. Et plus largement, dans le monde, nous assistons ces dernières années à une baisse rapide de la quantité de CO2 émise par KWh produit, ceci en raison du fait que les nouvelles centrales alimentées par les énergies renouvelables sont extrêmement compétitives au niveau des coûts et qu’elles se propagent rapidement. En fait, il faut même noter que l’augmentation des besoins en électricité d’un pays est un facteur favorisant le recours aux énergies renouvelables. Plus un pays a besoin de nouveaux projets de production d’électricité, plus les occasions sont nombreuses de comprendre la compétitivité des énergies renouvelables et plus celles-ci sont adoptées rapidement. Suivant ce fait, on peut conclure qu’une propagation massive des VE, en créant de nouveaux besoins en énergie électrique, augmenterait le recours aux énergies vertes et ne ferait qu’accélérer la mise au rencart des centrales polluantes. Ensuite, que dire de cette annonce récente d’Elon Musk, à l’effet que des Superchargers se trouveront tout le long de la route Transcanadienne d’ici la fin de l’année, ceci alors même que nous avons appris que tous les Superchargers seront déconnectés du réseau et alimentés en énergie solaire. Si l’on ajoute qu’il est possible d’alimenter sa voiture électrique avec un toit solaire, c’est dire que les Canadiens pourront rouler avec une énergie verte partout au Canada et ceci, bien avant que les politiques de Trudeau n’arrivent à éliminer le charbon en 2030. Rappelons qu’actuellement, aucune entreprise, aucun pays, n’est forcé de continuer de produire son électricité à partir des énergies polluantes, car les énergies renouvelables qui sont abordables peuvent être déployées partout sur le globe. Les conducteurs de VE, de par leurs connaissances et leur intérêt pour la question, ne font qu’accélérer la transition. Continuer d’associer les émissions des centrales aux véhicules sans émission est une tautologie qui n’a de sens que pour les pétrolières qui souhaitent nous empêcher de faire la transition et pour les puristes dont la recherche du mieux les éloigne du bien. Il faut apprendre à détacher notre regard de cette fumée, laisser ceux qui la produisent s’isoler et rouler librement avec nos véhicules qui attirent les chauds rayons du soleil et le souffle du vent. Auteur : Sébastien Collard Porte-parole du groupe Recycle ta Caisse, lequel demande à la Caisse de dépôt et placement du Québec de sortir des énergies fossiles. Joignez-vous aux 10 000 Québécois qui ont dit à Michael Sabia : Sortons la Caisse du carbone. Contribution : Martin Archambault
Commentaires
|