Un projet provincial de 20 millions de dollars destiné à financer un vaste réseau de bornes de recharge publiques fait face à des retards imprévus. Le gouvernement s'est engagé à mettre en fonction 485 nouvelles bornes qui doivent composer la première phase de son corridor transfrontalier de chargeurs rapides d'ici la fin mars. Mais un tiers d'entre elles resteront inactives à la date limite et probablement tout au long de la saison de pointe d'été, a déclaré la porte-parole du ministère des Transports, Courtney Anderson, à The Globe and Mail.
Bien que les défenseurs des véhicules électriques saluent les progrès réalisés jusqu'ici, on craint que le retard - et les lacunes subséquentes dans les infrastructures de recharge de l'Ontario qui limitent la mobilité à long terme - ralentissent l'essor du marché des ventes de VÉs. Il y a un nombre croissant de VÉs abordables à autonomie prolongée et de nombreux nouveaux modèles qui devraient se retrouver chez les concessionnaires cette année et la suivante. Et même si la plupart des propriétaires feront la majeure partie de leur recharge à la maison, les acheteurs potentiels seraient réticents à embrasser la technologie des VÉs sans une infrastructure de recharge publique robuste qui leur donne un filet de sécurité sur la route, croient les experts. « Ces bornes sont particulièrement importantes pour persuader de nouvelles personnes d'acheter un VÉ », a déclaré Cara Clairman, chef de la direction de Plug'n Drive, un groupe de défense des véhicules verts sans but lucratif en Ontario. « C’est un important facteur psychologique pour les nouveaux acheteurs. Ils se font à l'idée qu'ils vont avoir besoin du réseau » a t-elle souligné. L'établissement du réseau de l'Ontario, appelé EVCO, est un élément clé de la stratégie de la province visant à accroître le nombre de véhicules propres sur les routes provinciales au cours des prochaines années. Le Plan d'action pour le changement climatique vise à faire passer les ventes de VÉs à 5% du total des ventes de véhicules d'ici 2020. Le nombre actuellement en circulation est d'environ 1%. Alors que le Québec se vante d’avoir le plus de VÉs au pays, les taux accrus de nouveaux acheteurs ont été les plus forts en Ontario. À la fin de 2016, le nombre de VÉs vendus en Ontario a augmenté de 67% par rapport au chiffre de l'année précédente. Les ventes ont sans aucun doute été stimulées par le généreux programme incitatif de la province, qui offre des rabais allant jusqu'à 14 000 $ pour l'achat d’un nouveau véhicule électrique et d’autres subventions pour l’installation de bornes de recharge à usage domestique. Au total, il y avait 9179 VÉs sur les routes provinciales à la fin 2016, dont plus de la moitié sont entièrement électriques, selon les statistiques compilées par FleetCarma, une société de gestion de flottes basée à Waterloo qui soutient l'adoption des VÉs. Mme Anderson a déclaré que les retards du réseau de recharge sont dus à diverses conditions difficiles auxquelles font face les entreprises et leurs entrepreneurs installant les bornes Bien que les chargeurs soient financés par la province, la responsabilité de les construire incombe à 24 entrepreneurs qui ont obtenu des subventions pour l’installation de différents sites, y compris les centres commerciaux et les établissements de restauration rapide, tels que les restaurants McDonald's et Tim Hortons le long des routes de l'Ontario. Chaque site hôte décidera s'il offre ou non la recharge gratuite aux utilisateurs. Dans d'autres juridictions, les détaillants utilisent généralement les bornes de recharge - et une période de branchement gratuit - pour attirer les acheteurs. Dans plus de 100 sites, « les problèmes entourant la propriété foncière, les permis municipaux, les limitations du réseau électrique et d'autres facteurs ont ralenti les installations », a déclaré Mme Anderson. La province a l'intention de publier une mise à jour de la carte à la fin du mois. Les différents intervenants qui travaillent pour accroître l'adoption des VÉs affirment que, même avec les retards, l'Ontario est un environnement beaucoup plus convivial qu'il y a un an. Avant l'installation des chargeurs EVCO, il n'y avait que cinq chargeurs rapides DC en Ontario, dont trois au siège de compagnies automobiles (ces chiffres excluent les Superchargers Tesla, qui sont exclusifs aux propriétaires de modèles Tesla), selon FleetCarma. L'accès aux chargeurs rapides est essentiel, car il permet d’enrayer l’idée reçue sur les VÉs alimentés par batterie. 30 minutes suffisent par exemple à recharger jusqu'à 80% la batterie d'une Nissan Leaf. Matt Stevens, PDG de FleetCarma, qui accueillera six chargeurs EVCO dans ses bureaux basés à Waterloo, a déclaré que même si la moitié des chargeurs rapides prévus sont en fonction la semaine prochaine, « l'Ontario est tout de même un marché prêt pour les VÉs ». « Le calendrier de ce programme a toujours été ambitieux, je suis heureux qu’il en ait été ainsi. Nous avons besoin que ce soit rapide », a t-il précisé, ajoutant que, malgré des retards, le réseau EVCO a déjà « surmonté la problématique du manque d' infrastructure. Ce qui signifie que le programme aura été un succès. » Chantal Guimont, présidente et chef de la direction de Mobilité Électrique Canada, une association nationale à but non lucratif vouée exclusivement à la promotion de la mobilité électrique, a déclaré que les plans d'action aussi ambitieux sont la seule façon dont les gouvernements atteindront leurs objectifs en matière de changement climatique. « Offrir une infrastructure de recharge est la pierre angulaire qui permettra d'accélérer l'arrivée des VÉs » croit-elle. Une fois mis en opération, le réseau EVCO permettra techniquement de couvrir les déplacements électriques en Ontario, a déclaré Wilf Steimle, président de la Société des véhicules électriques, une association provinciale pour les conducteurs de VÉs. « Il n'y aura pratiquement aucun endroit dans la province où une voiture électrique d'entrée de gamme ne pourra se déplacer grâce au réseau EVCO », a-t-il ajouté, « malgré le fait que les choses ne soient pas parfaites, il y a une bonne part du travail qui a été fait ». Source : The Globe and Mail Contribution : Peggy Bédard
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