Numéro un de la production de charbon aux Etats-Unis. 7600 employés. 26 mines exploitées. Et... une dette évaluée à 6,3 milliards de dollars à la fin 2015. Le groupe Peabody, fondé il y a plus de 130 ans, a annoncé mi-mars avoir des "doutes importants" sur sa propre survie, devenant ainsi la dernière preuve en date, et la plus marquante, que le secteur du charbon aux États-Unis est à bout de souffle.
"Tout cet édifice est en train de s'effondrer. Nous sommes dans une grande période d'instabilité pour les salariés, pour les investisseurs, pour les communautés qui dépendent des mines. La tempête qui se lève englobe tout cela", résume Tom Sanzillo, de l'Institute for Energy Economics and Financial Analysis, un think-tank spécialisé dans l’énergie. Peabody est en sursis. Le 15 mars, une première procédure, qui lui permet de bénéficier d'une grâce de 30 jours vis-à-vis de ses créanciers, a été déclenchée. Passé ce délai, le scénario d'une banqueroute se dessine. A court terme, le groupe devrait demander à bénéficier du régime du "Chapitre 11" de la loi américaine sur les faillites. Cela lui permettra de renégocier sa dette tout en poursuivant ses activités. Mais le groupe n’évitera pas une restructuration en profondeur. Avant Peabody, d'autres grands noms du secteur aux Etats-Unis ont été contraints de suivre le même chemin. C’était le cas en janvier dernier du numéro deux, Arch Coal, et en 2015 des groupes Patriot Coal, Walter Energy et Alpha Natural Resources. Les quatre leaders du secteur, qui pesaient 34 milliards il y a cinq ans, ne valent plus que 150 millions de dollars en cumulé, selon une étude du cabinet de conseils Rhodium. En 2015, la production de charbon a atteint son plus bas niveau en trois décennies.
L'effet Clean Power Plan
Pour le charbon américain, tous les signaux sont au rouge. "Et dans les cinq ans à venir, les prix vont continuer à baisser, l'activité du secteur va encore diminuer, il y aura de moins en moins d'entreprises en compétition qui produiront de moins en moins de charbon pour de moins en moins de clients", prévient l'analyste Tom Sanzillo. Le Clean Power Plan, la grande réforme environnementale impulsée par Barack Obama, prévoit en effet que les centrales à charbon, qui constituaient 39% du mix énergétique américain en 2014, n'en représenteront plus que 27% d'ici 2030. En janvier dernier, l'administration américaine a aussi annoncé une révision complète de sa politique de subventions au secteur du charbon pour prendre mieux en compte son "impact sur l'environnement" et "engager une transition énergétique vers une économie plus propre". Dans la foulée, les investisseurs et les banques sont en train de prendre leurs distances. Début mars, la banque américaine JPMorgan a par exemple défini une nouvelle ligne de conduite qui interdit désormais de financer de nouveaux projets de mines ou de centrales électriques au charbon dans les pays développés. Avant elle, les groupes Bank of America, Wells Fargo, Citigroup et Morgan Stanley ont suivi la même voie du désinvestissement aux États-Unis. Les craintes d'une casse sociale et environnementale Une avancée saluée par l’organisation environnementale Rainforest Action Network, qui l'appelle de ses vœux depuis des années. Mais dans le cas Peabody, la vigilance reste de mise. "Cette probable faillite va être un test très important. Nous allons surveiller de très près non seulement comment Wall Street va réagir dans son ensemble, mais aussi comment les dirigeants de Peabody vont se comporter. Est-ce qu'ils vont provisionner des sommes suffisantes pour payer à leurs salariés tous leurs droits en termes de pensions et de bénéfices sociaux ? Ou est-ce qu'ils vont en profiter pour distribuer des bonus importants à leurs dirigeants ?", détaille Ben Collins du Rainforest Action Network. Autre motif d’inquiétude, environnemental celui-ci : la remise en état des mines, une obligation prévue par la loi américaine si certains sites devaient fermer leurs portes. Le procureur général de l'Illinois, l'un des États américains où Peabody est installé, a d'ores et déjà envoyé une lettre pour exiger du groupe charbonnier qu'il explique comment il paiera les 92 millions de frais de nettoyage si sa faillite est confirmée. "Ce que nous espérons, c'est que les autorités vont obliger Peabody à mettre de l'argent de côté pour le nettoyage avant la procédure de faillite", explique l'avocate Margrethe Kearney, du Environmental Law & Policy Center. "Notre crainte, c'est que les mines en plus mauvais état, celles qui seront impossibles à revendre, paient le prix le plus fort et soient complètement abandonnées. Et au final, c'est l'État qui devra payer pour tout nettoyer." Source : Novethic Conbribution : Martin Archambault
Commentaires
|
Abonnez-vous à notre infolettre hebdomadaire
Use a valid e-mail address Votre inscription est confirmée.
xhr
100
NOS PARTENAIRES |