Alors que le premier ministre Mark Carney s’apprête à rencontrer Donald Trump, le Canada est à un tournant économique. En 2024, suivant l’exemple de Joe Biden, Ottawa a imposé une surtaxe de 100 % sur les véhicules électriques (VE) fabriqués en Chine. Mais cette décision est aujourd’hui remise en question, à la fois sur le plan commercial, climatique et diplomatique. Des experts comme Jessica Green (Université de Toronto) dénoncent une politique suiviste envers les États-Unis, qui a déclenché des représailles de Pékin : une surtaxe de 100 % sur l’huile et la farine de canola canadiennes, ainsi qu'une taxe de 25 % sur les fruits de mer et le porc. La Chine, deuxième marché du canola canadien, a lourdement affecté les producteurs, qui demandent une réponse urgente du nouveau gouvernement.
Au-delà des conséquences agricoles, la surtaxe sur les VE pourrait compromettre les objectifs climatiques du Canada : réduction de 40 % des émissions d’ici 2030 et 100 % de ventes de véhicules à émission zéro d’ici 2035. Le coût élevé des VE (40 000 $ à plus de 300 000 $) reste un frein, alors que les modèles chinois, comme la Seagull de BYD à 13 000 $, pourraient combler une importante lacune du marché. Le Canada a investi 46,1 milliards de dollars pour bâtir une industrie locale des VE, incluant un méga-projet Honda en Ontario. Mais ces efforts dépendent étroitement des relations avec les États-Unis. L’arrivée massive de véhicules chinois pourrait menacer cette industrie naissante, avertit Brian Kingston, de l’Association des constructeurs automobiles. Pourtant, des solutions hybrides émergent : instaurer des tarifs temporaires ou ciblés (comme en Europe), réserver les subventions aux véhicules fabriqués au pays, ou encore collaborer avec la Chine sur la recherche en batteries, domaine où elle est leader mondial. Selon plusieurs analystes, la gestion de ce dossier par Mark Carney révélera l’approche économique future du Canada : suivisme américain ou voie autonome dans un nouvel ordre mondial. Source : CBC
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