Saint-Hyacinthe, en Montérégie, devient la première municipalité québécoise à transformer des matières organiques en gaz naturel afin d'alimenter sa flotte de véhicules municipaux. La Ville a inauguré son nouveau Centre de valorisation des matières organiques, où les déchets de 23 municipalités et d'entreprises agroalimentaires de la région seront traités. Il s'agit d'un projet de près de 50 millions de dollars auquel ont participé les gouvernements fédéral et provincial. Saint-Hyacinthe a acquis une technologie européenne pour traiter les déchets organiques dans son nouveau centre. Les résidus issus des bacs bruns des citoyens et des entreprises sont d'abord broyés pour produire un consommé, qui est ensuite versé dans les biodigesteurs de l'usine de biométhanisation de Saint-Hyacinthe, déjà en opération depuis 2010. Une flore bactérienne digère ensuite ce consommé et le transforme en biométhane qui, une fois purifié, devient du gaz naturel. Au départ, sept véhicules municipaux seront propulsés par cette source d'énergie, mais l'objectif est d'en alimenter une cinquantaine éventuellement. La Ville espère ainsi économiser plus d'un demi-million de dollars par année en carburant et en chauffage de ses véhicules. Les surplus vendus à Gaz Metro Saint-Hyacinthe a aussi conclu une entente de principe pour vendre les surplus de gaz naturel générés, jusqu'à 13 millions de mètres cubes par année, à Gaz Metro. Un premier accord du genre a déjà été rejeté par la Régie de l'énergie, mais le directeur général de la Ville, Louis Bilodeau, croit que cette fois-ci sera la bonne. « C'est sûr qu'on est confiant d'obtenir l'autorisation du côté de la Régie de l'énergie. Le dossier est plus attaché, mieux ficelé. On a beaucoup plus d'appuis qu'on pouvait avoir au départ. Le dossier gagne à être connu et assurément, on aura ce qu'il faut pour aller de l'avant. » L'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique salue l'initiative de la Ville de Saint-Hyacinthe et y voit la preuve qu'il est possible de produire de l'énergie à partir de matières organiques putrescibles. Son président, André Bélisle, espère maintenant que d'autres municipalités emboîteront le pas. « Il faut que les gens voient. C'est un peu bête, mais comme on dit, il faut y toucher pour en avoir la conviction. Maintenant, on voit très bien que ça fonctionne et que c'est payant. »— André Bélisle, président de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique Le gouvernement Couillard, lui, voit dans ce projet un élément important pour tenter d'améliorer le bilan de la province en matière de récupération des matières organiques. Le Québec accuse un retard important à cet égard. Selon une étude de Statistique Canada publiée l'an dernier, la province se classe bonne dernière au Canada pour ce qui est du compostage par ménage, avec un taux de 42 %, loin derrière l'Île-du-Prince-Édouard, la Nouvelle-Écosse ou l'Ontario. De plus, selon la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles, le gouvernement vise un objectif de récupérer 60 % des déchets organiques d'ici 2015. Or, la province demeure loin de la cible, avec un taux qui n'atteint même pas 40 %. Le ministre du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, David Heurtel, demeure néanmoins optimiste. « Par la magie gouvernementale, l'année 2015 se termine le 31 mars 2016. [...] Alors, on a encore un peu de temps. [...] Il y a des résultats encourageants, il y a moins de matières qui se retrouvent dans le trou, on recycle plus. [...] Il y a du chemin à faire, mais nous sommes sur la bonne voie. » Le Québec s'est donné pour objectif d'interdire l'enfouissement des déchets organiques putrescibles en 2020. Source: Radio-Canada Contribution: Simon-Pierre Rioux |