Un article de Denis Arcand, journaliste automobile de La Presse, a été publié récemment discutant de statistiques peu reluisantes sur la satisfaction des propriétaires de véhicules électriques. On y révèle qu'un tiers des répondants ne sont pas satisfaits et qu'ils n'ont pas l'intention de répéter leur achat; ces statistiques sont à des années-lumières de ce que nous avons publié dans les derniers mois. Qu'en est-il exactement? UNE ÉTUDE DE 2012 BASÉE SUR DES MENSONGES L'étude publiée par McKinsey & Co en mars 2013, loin d'être une actualité, se base sur l'expérience de consommateurs qui avaient acheté un véhicule en 2011 et 2012 au Japon. Cette "étude" se base sur des statistiques datant de 2012 d'un échantillon de 1,300 répondants ayant acheté une voiture dans les derniers 2 ans, dont 106 acheteurs précoces de voiture électrique. Ce qui avait attiré les consommateurs japonais initialement était le bas prix de l'électricité et les incitatifs gouvernementaux. Mais arriva la tragédie de Fukushima... L'IMPACT DE FUKUSHIMA Ce qui n'est pas mentionné dans l'article de M. Arcand, c'est que l'insatisfaction des 106 propriétaires japonais de VÉ est principalement basé sur le coût élevé de l'électricité et les augmentations salées que les consommateurs ont dû absorber suite au tremblement de terre, le tsunami et la catastrophe de la centrale électrique nucléaire de Fukushima. À ce moment, de multiples centrales nucléaires ont été fermées, et l'importation massive de charbon et de gaz naturel pour y générer de l'électricité a eu lieu; les tarifs ont connu des augmentations importantes. Contrairement à ce qui est affirmé par M. Arcand, l'insatisfaction n'est pas liée à l'autonomie, mais tel que décrit dans l'étude à l'augmentation très importante de la facture d'électricité à la maison, et au nombre de bornes de recharge difficiles à trouver en 2012. En 2 ans, le nombre de bornes a augmenté de façon exponentielle partout dans le monde, 2012 étant encore dans les débuts de cette nouvelle ère de voitures électriques. "Ces chiffres sont probablement valables pour le reste du monde" = NON Le journaliste de La Presse décide donc d'extrapoler les statistiques d'un pays qui était en plein milieu d'une crise énergétique pour les appliquer à d'autres pays, ce qui est injuste puisque la situation énergétique n'est pas la même. Il déclare aussi que les États-Unis ne comporte que "50,000" VÉ. Le chiffre du jour est en fait de 230,000 voitures, et 500,000 sur la planète présentement. De plus, les mêmes auteurs chez McKinsey ont fait paraitre en 2012 une étude sur les adopteurs précoces japonais, on y découvre le pot au rose: les chiffres sont truqués! L'étude de 2013 se base sur les 1,300 répondants de 2012. De ces répondants, 106 sont de vrais propriétaires de VÉ, 265 avaient considéré acheter un VÉB, 222 avaient considéré acheter un VHB, et 707 ne voulaient rien savoir des VÉ!!! On publie donc une "étude" en 2013 mentionnant qu'un tiers des propriétaires de VÉ du Japon ne considèreront pas à nouveau un VÉB comme prochain achat, mais des 1,300 répondants de l'étude où on prétend qu'ils sont propriétaires de VÉ, en fait seulement 106 le sont véritablement!!! Est-ce le tiers des 106 propriétaires, ou le tiers des répondants? Des 1,300 répondants, 92% n'ont jamais conduit de VÉ. Quelle farce! Disons que l'étude se fie véritablement sur l'avis de 106 répondants, desquels une dizaine démontrent une certaine insatisfaction par rapport à leur achat; il est facile d'imaginer que l'augmentation des tarifs d'électricité au Japon suite à la catastrophe de Fukishima en ait laissé certains amers de leur expérience puisque les attentes d'économies de carburants ne se seront jamais matérialisées. De là à dire que le tiers des propriétaires de VÉ du Japon sont insatisfait, il y a une marge. MCKINSEY: PARLONS HYDROGÈNE Qu'est-ce qui pousserait McKinsey à publier de tels mensonges? La filière hydrogène? Il est important de comprendre l'historique de cette firme. Ils ont déjà publié une étude en partenariat avec Honda, Hyundai et Toyota, les trois ténors de la filiale hydrogène, pour le compte de l'Union Européenne. Dans ce document, on y présente ce qui suit: ... estimated that the BEV and PHEV charging infrastructure would cost 3.4 times more than a hydrogen infrastructure, while ... estimated that the electrical charging infrastructure would cost 5 times more; both of these estimates exclude the cost of upgrading the electrical transmission system to handle increased power transfer, particularly during the daytime battery charging which most analysts say would be necessary to attract BEV and PHEV purchasers Il serait estimé que les infrastructures pour VÉ: des bornes à 5,000$ pour du 240 volts et 30,000$ pour du 480 volts, coûteraient 5 fois plus que des infrastructures pour l'hydrogène: à un coût évalué entre 500,000 et 5M$ puisque l'hydrogène doit être fabriqué localement, souvent avec du gaz naturel de schiste. Les calculs de McKinsey ne fonctionnent tout simplement pas, même si on calcule le temps du plein: 10 minutes pour l'hydrogène versus 20-30 minutes pour l'électricité via une BRCC. En fait c'est ce qui semble être le cas: on estime qu'il faut 3 BRCC pour une borne H2 pour remplir la même fonction. Ce qui n'est pas une logique qui s'applique dans la réalité; les bornes ne sont pas occupées 24h/j. Et c'est sans compter le fait qu'un plein d'hydrogène à 5$/kg revient à 20$ pour 300 km grâce aux subventions accordées pour les quelques pompes en opération en Californie; comparons à un plein de batterie qui coûte 2.50$ à une borne de recharge publique pour 160 km, et 1.50$ à la maison -- un avantage qui ne sera jamais possible avec l'hydrogène! Présentement, le coût réel d'un plein d'hydrogène dépasse largement le prix pour le même déplacement avec l'essence. LA VÉRITÉ
La plus récente étude qu'un journaliste intègre aurait pu citer est celle qui fut présentée lors du Electric Drive Transportation Association de mai 2014 basée sur 8,000 véritables propriétaires de VÉB/VHB qui démontrait que 96,9% de ces consommateurs allaient répéter leur achat. Il aurait été plus simple de nous consulter avant de publier de tels mensonges.
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