Le Bhoutan veut améliorer la qualité de vie de ses citoyens en optant pour les véhicules électriques21/2/2014 Connu à l'étranger pour son indice du "bonheur national brut", le Bhoutan se lance dans la course aux véhicules électriques avec l'appui du constructeur automobile Nissan, espérant tirer profit de son abondante capacité hydro-électrique similaire au Québec. "Le royaume du Bhoutan est heureux de lancer ce partenariat avec Nissan, afin de devenir une nation pionnière des véhicules électriques", a annoncé vendredi le Premier ministre bhoutanais, Tshering Tobgay. Revêtu d'une tenue traditionnelle écarlate, M. Tobgay a tenu une conférence de presse au côté du PDG de Nissan, Carlos Ghosn, venu en personne et en costume sombre parapher cet accord. Coincé entre l'Inde et la Chine, ce petit royaume himalayen tire une bonne part de ses devises étrangères de la vente vers l'Inde d'électricité produite dans quatre usines hydro-électriques disposant d'une capacité cumulée de 1.400 mégawatts - l'équivalent d'un puissant réacteur nucléaire. Mais le pays doit importer l'essence de ses voitures et la facture grimpe de façon vertigineuse à mesure que le parc automobile bhoutanais se densifie. Confronté à une crise des paiements, le gouvernement a même dû décréter l'interdiction d'importer une série de produits... dont les voitures à essence. "Nous ne voulons pas dépendre ni acheter d'énergie fossile", a défendu M. Tobgay, arrivé au pouvoir l'été dernier et qui veut faire de l'usage des voitures électriques un vecteur de développement et d'indépendance financière pour son pays. CONTINUER À LIRE L'ARTICLE.... Les autorités bhoutanaises se sont tournées vers Nissan, le leader mondial des voitures électriques pour lesquelles il a investi 4 milliards d'euros avec le français Renault, son principal actionnaire. Deux exemplaires de sa citadine Leaf ont été offertes au gouvernement du Bhoutan, en ce jour de l'anniversaire du jeune roi marqué par un tourbillon de danses et chants traditionnels dans un stade sous le regard de milliers de spectateurs et des montagnes encaissant la capitale. "Ce dont nous parlons n'est qu'une phase initiale", a reconnu M. Ghosn, qui a misé beaucoup sur l'électrique dont les ventes viennent de dépasser les 100.000 exemplaires de Leaf écoulés dans le monde en trois ans. Il a évoqué la possibilité de vendre sur place "des centaines, voire des milliers de Leaf" dans les années à venir. Mais au-delà, le PDG veut faire de l'expérience bhoutanaise "une vitrine, qui montrerait comment un pays avec une vision claire et une volonté forte va bâtir un réseau de transport complètement propre". C'est clair! Des obstacles immenses se dressent pourtant sur la route du Bhoutan, une nation de 700.000 habitants qui veut aussi devenir la première à convertir entièrement son agriculture l'exploitation biologique. Ses routes ne sont pas très développées dans les campagnes et le développement d'une flotte électrique nécessite des infrastructures adéquates. Dans un pays où la majorité de la population ne roule pas sur l'or, le prix constitue aussi un frein important car il est plus élevé pour les véhicules électriques que pour leurs homologues à essence. Aux Etats-Unis, une Leaf coûte plus de 20.000 dollars. "Si nous pouvons recevoir du soutien d'organisme internationaux et d'individus pour subventionner un tiers de ce prix, ces voitures deviendront tout à fait abordables", a espéré le Premier ministre. Le Bhoutan a largement bâti sa renommée sur le "bonheur national brut", promu comme un mode de développement alternatif, mais ce concept suscite désormais des critiques, le royaume étant confronté à un fort chômage des jeunes et à un exode rural. Sitôt arrivé aux commandes, M. Tobgay a-t-il aussi insisté sur l'importance de s'occuper des problèmes concrets du royaume: la dette, le déficit de sa balance des paiements, le chômage des jeunes et la corruption. Le PDG des constructeurs Nissan et Renault, Carlos Ghosn, a assuré vendredi à l'AFP que les ventes de véhicules électriques continuaient d'augmenter malgré un démarrage plus lent que prévu, après avoir signé pour Nissan un accord avec le Bhoutan. Monsieur Ghosn veut appuyer la volonté du premier ministre d'y implanter les véhicules électriques. Ce pays dit : «l'avenir, ce sont les véhicules électriques, je veux baser mon transport dessus pour préserver mon environnement». C'est un point important, car c'est le premier pays qui le dit de manière aussi claire, et qui met en place les législations, les réglementations, les taxations nécessaires pour que ça marche. Chez Nissan, on veut encourager cette politique qui consiste dès le départ à dire: à la veille de mon développement, je fais le choix clair des véhicules électriques. Ce pays a tout pour réussir, car il produit de l'électricité via l'hydro-électrique et n'émet donc pas de CO2. Il ne veut pas importer de pétrole car il se préoccupe de sa balance des paiements. «C'est donc un showcase mondial, mais c'est aussi un business: d'abord, les véhicules officiels, les taxis, les familles aisées. On commence par ce créneau, mais le Bhoutan va se développer: on parle de centaines de voitures, mais j'espère bien qu'il y aura quelques milliers derrière.» réplique M. Ghosn. On admet tous que le développement des ventes est plus lent qu'estimé initiallement, mais les chiffres continuent d'augmenter. La Leaf a passé les 100.000 et atteint un rythme de pratiquement 60 000 par an. Du côté de Renault, le volume de ventes des Zoé va augmenter en 2014. Tout est très corrélé au développement des infrastructures, mais les concurrents arrivent, c'est un signe qui ne trompe pas. L'électromobilité fera bientôt son envolée!
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