Ces dernières semaines se sont succédé les actes d’allégeance à l’électrique, en particulier de la part des constructeurs allemands qui, jusqu’alors, apparaissaient plutôt réticents. Il faut croire que, désormais, tout le monde y croit dur comme fer. Le plus vibrant des plaidoyers est venu de Volkswagen, touché par la grâce de la fée électricité après avoir été atteint de plein fouet par le scandale des moteurs diesel truqués. Selon Matthias Müller, le nouveau patron du groupe, le « dieselgate » constitue « un catalyseur ». La stratégie Volkswagen à l’horizon 2025, présentée mi-juin, fera donc la part belle aux véhicules électriques, avec pas moins de trente modèles destinés à représenter jusqu’à 25 % des ventes.
Le groupe Daimler (Mercedes, Smart) n’est pas en reste. Il prépare un plan stratégique basé sur « l’électromobilité », qui pourrait prévoir la création d’une marque consacrée aux modèles « zéro émission ». Mercedes dévoilera au Mondial de l’automobile de Paris (du 1er au 16 octobre) une voiture tout-électrique dont l’autonomie atteindra 500 km. Une réponse à Tesla mais aussi à Porsche, qui s’est fraîchement converti, et à BMW, alors que l’Allemagne a institué, le 2 juillet, un système de primes (4 000 euros) en faveur des modèles électriques.
Electromania
De son côté, PSA Peugeot-Citroën vient de signer deux accords avec son actionnaire chinois Dongfeng, prévoyant la fabrication, d’ici trois ans, de modèles conçus en commun. Ford, soucieux de ne pas laisser le champ libre à la Chevrolet Bolt, que General Motors s’apprête à lancer, vient de faire savoir qu’un modèle électrique de grande diffusion est en approche, sans doute pour 2019. Quant aux marques qui se sont positionnées de longue date sur ce marché, elles continuent de peaufiner leur gamme. Renault améliore régulièrement l’autonomie de la Zoé, qui, de 200 km aujourd’hui, devrait être portée à 300 km d’ici à 2020.
Pendant ce temps, le marché frémit. Même si la part des véhicules électriques (1,16 %) demeure marginale, la France, deuxième marché européen (22 000 immatriculations annuelles) après la Norvège (27 000), voit ses ventes croître rapidement, soutenues par d’importantes subventions publiques (bonus de 6 300 euros). En mai, le rythme de progression atteignait 57 % sur un an.
Au-delà du « greenwashing », destiné à redorer le blason d’une industrie automobile ayant pris de coupables libertés avec la réglementation antipollution, cette électromania recouvre une réalité technologique. « L’affaire Volkswagen n’a pas seulement écorné l’image du diesel. Elle a convaincu les constructeurs que les améliorations apportées aux moteurs essence et aux véhicules hybrides ne suffiront pas ; le développement de modèles 100 % électriques s’impose comme un passage obligé pour satisfaire aux futures normes européennes », estime Jamel Taganza, consultant chez Inovev, un cabinet spécialiste de l’automobile. La multiplication de mesures interdisant aux véhicules les plus polluants l’accès au centre-ville – à Paris, mais aussi dans certaines grandes métropoles – constitue un autre levier favorable à la diffusion de modèles électriques. « En particulier en Chine, premier marché mondial, où les autorités mettent en place un vaste plan destiné à favoriser ce type de véhicule », insiste Jamel Taganza, qui rappelle que « lors du dernier Salon de l’automobile de Pékin, plus de la moitié des nouvelles voitures électriques étaient présentées par des constructeurs nationaux ». Comme en France, la part de la fée électricité dépasse à peine 1 % des immatriculations dans l’empire du Milieu, soit, tout de même, quelque 250 000 voitures par an.
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