Une soixantaine d’autobus scolaires 100% électriques de marque Lion sillonnent les routes du Québec chaque jour. De plus en plus d’opérateurs sont tentés par l’aventure, mais le gouvernement reste timide dans sa volonté d’électrifier le transport scolaire au Québec. Le gouvernement Legault bonifiera-t-il l’offre dans son budget du mois de mars ? Un seul de ces bus équivaut à éliminer 23 tonnes de gaz à effet de serre (GES).
Dans son article de la semaine dernière, Audrey Folliot de Bell média rapporte que, jusqu’en Abitibi, l’autobus scolaire électrique devient de plus en plus populaire. Transport scolaire RN de Rouyn-Noranda est tellement satisfait de son eLion acquis en octobre 2018 qu’on songe déjà à en acquérir d’autres en 2019 ou 2020. Selon M. Pomerleau, directeur général de Transport scolaire RN, « Le premier commentaire, c'est qu'il y a très peu de bruit. Comme résultat, les enfants sont plus calmes, c'est moins bruyant à l'intérieur de l'autobus, donc c'est apprécié. »
Même chose chez Autobus Maheux de Rouyn-Noranda, qui en a déjà deux et qui songe à remplacer, petit à petit, ses autobus scolaires en fin de vie par des autobus scolaires 100 % électriques. Yannick Goupil, directeur de la division Rouyn-Noranda/Témiscamingue et des technologies de l'information pour le Groupe Autobus Maheux, y croit depuis le début et a contribué à améliorer les véhicules en achetant le huitième exemplaire dès 2016.
Rappelons aussi que nous rapportions en décembre dernier que Keolis Canada avait passé la commande de 12 autobus scolaires électriques eLion d’un coup en plus des deux qu’ils possèdent déjà ! C’est ainsi 14 autobus électriques qui transporteront bientôt les élèves de la Commission scolaire des Affluents en banlieue de Montréal.
Un gros investissement
Cependant, l’investissement dans l’électrification du transport scolaire reste lourd à assumer pour les entreprises. Malgré les économies de consommation et les effets positifs sur l'environnement, ces autobus coûtent environ 325 000 $, soit trois fois plus cher qu'un autobus scolaire régulier au diesel. C’est un investissement qui rapporte à long terme, selon M. Yannick Goupil : « Vous savez, un autobus conventionnel, ça passe à peu près 7 000 litres de carburant par année. On peut facilement imaginer que ça coûte plus de 10 000 $ par année en carburant. Si vous gardez un autobus scolaire 12 ou 13 ans, vous pouvez imaginer que, quand vous achetez un véhicule électrique, malgré la différence de coût, c'est comme si vous achetiez du carburant d'avance. Ce sera rentable [d'en acheter un] éventuellement. »
Paradoxalement, le gouvernement précédent a diminué son soutien à l’autobus scolaire électrique en 2018. Pour la deuxième moitié du programme de soutien gouvernemental (qui se termine en 2021), la subvention est passée de 125 000$ à 105 000$… malgré le fait que les objectifs du programme n’étaient même pas atteints et que l’argent dormait dans les coffres !
En avril dernier, Radio-Canada dévoilait que seulement 8M$ avait été accordé depuis 2015 pour l’achat de 64 autobus, alors qu’on vise pour 2021 l’achat de 236 autobus (27 M$ en subventions).
Voilà qui est très timide lorsqu’on sait qu’il y a près de 8000 autobus scolaires diesel de type C sur les routes du Québec !!! (Chaque année, 600 à 700 autobus seraient renouvelés d'après Daniel Breton, consultant en électrification des transports.)
Espérons que le gouvernement Legault sera plus ambitieux et proactif dans sa volonté d’électrifier le transport au Québec, car du côté des entreprises, l’intérêt est là.
Sources :
Énergie 102.7 Radio-Canada AVÉQ Roulez électrique - Daniel Breton Transports Québec Auteur : Daniel Rochefort
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