Brocoli ou beignet ? Demandez à un enfant ce qu'il préfère comme collation, et à l'exception de ce que nous appelons quelques anomalies statistiques, la deuxième option sera l'aliment de choix. Même les adultes qui suivent un régime pourraient faire des folies et préférer le second choix, même s’ils savent que c’est mauvais pour eux. L'habitude et l'entêtement font que de nombreuses personnes au régime essaient de prendre des raccourcis, en optant pour les régimes miracle et des options faibles en calories qui promettent la santé tout en mangeant ce qu’on veut - y compris les beignets. Donnez à quelqu'un au régime le choix entre un beignet sans gras ou un brocoli, et il choisira le beignet prétendument sain. Aussi bizarre que cela puisse paraître, cette analogie alimentaire est maintenant utilisée par le milieu de l'automobile pour contrer les objectifs de la Corporate Average Fuel Economy (CAFE) fixés par l'Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) de même que la ligne dure de l'État de Californie, qui impose que quinze pour cent de toutes les voitures neuves vendues dans le Golden State d’ici 2025 soient des voitures électriques. Les voitures électriques, affirme Forrest McConnel, ancien président de la National Automobile Dealers Association (NADA), sont un peu comme le brocoli: personne ne souhaite vraiment le manger, préférant plutôt un beignet faible en gras. McDonnell, qui possède des concessionnaires automobiles, se plaint que les efforts législatifs actuels pour réduire les émissions de carbone et promouvoir des véhicules à zéro émission et à carburants alternatifs, sont tout simplement trop sévères. En comparant les mandats de zéro émission de la Californie au fait d’offrir du brocoli à des consommateurs qui veulent des beignets à faible teneur en calories, McConnel fait partie des professionnels de l'industrie automobile qui dénoncent les règles de la Californie et les objectifs CAFE de l'EPA sous prétexte qu’ils causent des ravages dans l'industrie automobile. Cela arrive à un moment où de nombreux grands constructeurs automobiles connaissent une augmentation des ventes de VUS et de camions légers, causée par un boom dans la production nationale d’huile, ce qui a considérablement réduit le prix de l'essence. Quelque chose qui, selon Smith Bainwol, président de l'Alliance des Constructeurs Automobiles, fait que les constructeurs sont encore moins convaincus par les véhicules électriques et le mandat zéro émission de la Californie. Les mandats - suivis par un total de neuf États – forcent les constructeurs automobiles à produire et à vendre un pourcentage spécifique de véhicules zéro émission afin d'éviter de lourdes amendes. La production de ces véhicules, argumente les constructeurs automobiles, se fait à des coûts beaucoup plus élevés que la production de véhicules à moteur à combustion interne traditionnels. En outre, des programmes de formation coûteux sont requis pour les concessionnaires automobiles qui vendent des véhicules à carburants alternatifs, les frais généraux sont donc plus élevés pour les concessionnaires et les constructeurs automobiles qu'ils ne le seraient pour les véhicules conventionnels à moteur, ce qui fait baisser les profits. Essentiellement, les constructeurs automobiles - à l'exception de Tesla Motors - cherchent à blâmer une clientèle désintéressée et apathique, et les objectifs «irréalisables» fixés par des législateurs déconnectés. Le problème avec cette philosophie est qu'elle place le fardeau sur l'acheteur de voiture plutôt que sur les constructeurs automobiles. « Nous les ferons, promet l'industrie automobile, en autant que quelqu'un veuille les acheter. » À l’instar des compagnies de tabac ignorant les impacts sur la santé des fumeurs et des chaînes de restauration rapide ignorant l'impact de ne manger que des hamburgers et des frites tous les jours, blâmer les consommateurs n’est pas une solution durable. Les règles d’affichage dans les restaurants et les mises en garde sanitaires sur les paquets de cigarettes ont eu un impact énorme sur ces deux problèmes de santé à travers le monde. Tout comme le fait de forcer les établissements de restauration rapide et les compagnies de tabac à assumer les effets provoqués par leurs produits sur la santé. Il y a encore un long chemin à parcourir mais, à son tour, l'industrie automobile devrait tenir son public informé et offrir plus de choix santé. Suivra-t-elle la voie que l'industrie de la restauration rapide et l’industrie du tabac ont empruntée avant elle ? Ou continuera-t-elle à blâmer les consommateurs de ne pas vouloir une option plus saine ? Source: Transport Evolved Collaboration: Lisanne Rheault-Leblanc
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