Le transport électrique de demain a fait escale au Cégep de Jonquière mardi soir, marquant une étape clé dans la tournée québécoise de Mobilité électrique Canada (MEC). Devant le Pavillon Gérard-Arguin, une douzaine de camions électriques étaient exposés, démontrant leur capacité à affronter les rigueurs de l’hiver québécois, même en région éloignée. Arrivée au Saguenay-Lac-Saint-Jean en fin de journée, la flotte comprenait des véhicules de différentes catégories – légers, moyens et lourds –, parmi lesquels figuraient le Silverado EV et le Brightdrop de Chevrolet, le Sierra EV de GMC, le Cybertruck de Tesla, le R1T de Rivian et le e-Sprinter de Mercedes. La tournée se poursuivra ensuite à Saint-Félicien, avant de se rendre à Saint-Louis-de-Blandford et Montréal.
Briser les mythes de l’électrification À la tête de cette initiative, Daniel Breton, président et directeur général de MEC, entend déconstruire certaines idées reçues sur les camions électriques. Si les voitures électriques gagnent du terrain sur les routes, les camions, eux, en sont encore à leurs débuts. « Ce soir, il fait froid, le vent souffle fort, et pourtant, un camion lourd tirant une remorque fermée avec deux motoneiges électriques et un véhicule tout-terrain a parcouru la distance entre Québec et Jonquière sans recharge. Nous sommes en 2025, alors imaginez où nous en serons dans dix ans », illustre M. Breton. Cependant, le contexte actuel de la transition énergétique est marqué par des incertitudes. Le gouvernement provincial a suspendu les subventions pour l’achat de véhicules électriques neufs jusqu’en avril, tandis qu’au fédéral, l’absence de séances parlementaires en raison de la prorogation demandée par Justin Trudeau retarde certaines décisions. Aux États-Unis, l’élection de Donald Trump alimente aussi des tensions économiques avec le Canada. « Si j’étais venu 36 heures plus tôt, nous parlerions de tarifs douaniers qui, finalement, n’ont pas été imposés. La situation peut évoluer d’une semaine à l’autre. Mais une chose est sûre : ce n’est pas parce que Trump est de retour que l’objectif d’interdire la vente de véhicules neufs à essence d’ici 2035 disparaîtra. Pour les camions moyens et lourds, des consultations sont en cours », assure Daniel Breton, ancien ministre québécois du Développement durable. Une progression exponentielle Si l’électrification des camions en est encore à ses balbutiements, l’évolution technologique suit une courbe ascendante. Selon M. Breton, l’amélioration constante de l’autonomie et de la densité énergétique des batteries, combinée à une réduction des coûts, rendra ces véhicules de plus en plus compétitifs. « Il y a douze ans, il était impensable de faire un trajet entre Québec et Montréal en voiture électrique, et il n’existait qu’une seule borne de recharge dans toute la province. Aujourd’hui, les avancées sont spectaculaires, et la progression ne fera que s’accélérer », souligne-t-il. L’exemple d’un entrepreneur de Lévis illustre bien ce changement. À la tête d’une entreprise équipée d’une flotte de 12 véhicules électriques, dont un Ford F-150 Lightning ayant déjà parcouru 120 000 km, il estime avoir économisé près de 30 000 $ en carburant. Une technologie adaptée aux réalités régionales Sylvain Gaudreault, directeur général du Cégep de Jonquière et ancien ministre des Transports, observe de près cette transformation. Il reconnaît que l’adoption des camions électriques dépendra aussi du coût et de l’accessibilité. « Dans notre région, les camionnettes sont essentielles pour le travail, les loisirs et le transport de matériel comme les motoneiges. Cette tournée prouve que les camions électriques peuvent répondre à ces besoins », conclut-il. L’avenir du transport électrique s’écrit donc en pleine mutation, avec des défis à relever, mais aussi des avancées qui ouvrent la voie à une adoption plus large de ces véhicules, même dans les conditions les plus exigeantes du Québec. Source : Le Quotidien
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