Briser sa dépendance à l'or noir pour se déplacer, voilà le motif qui guide le plus souvent les acheteurs de voitures électriques. La Montérégie en serait la capitale, regroupant près du quart des électromobilistes québécois, indiquent des données compilées par l'Association des véhicules électriques du Québec (AVEQ). Les voitures qui font le plein à l'électricité, cette ressource presque inépuisable en sol québécois, se multiplient sur le bitume de nos routes. Pour ces propriétaires, exit les milliers de litres d'essence engloutis sur une base annuelle. Selon le véhicule choisi, les milliers de dollars sauvés permettent de rentabiliser son choix, selon les fabricants, et ce, même si le véhicule électrique demeure plus coûteux à acquérir que son semblable roulant à l'essence. Cette décision, nous rappelle-t-on, contribue aussi à réduire les émissions polluantes, tels les gaz à effet de serre. À la grandeur du Québec, le nombre de véhicules électriques enregistrés dépasse les 6100 unités. Accaparant 45% des ventes canadiennes, la Belle Province fait bonne figure. Les trois modèles qui se retrouvent le plus dans les entrées de cour des Québécois demeurent la Chevrolet Volt, une hybride rechargeable (45%), la Nissan Leaf (19%) et la Tesla Modèle S (8%), indique l'étude de l'AVEQ. La Haute-Yamaska compte entre 6 et 9 véhicules électriques pour 10 000 habitants. Dans Brome-Missisquoi, on en dénombrait entre 9 et 12 par tranche de 10 000 habitants, en date de mai 2015. La moyenne montérégienne s'établit à 10. L'étude révèle aussi que 24% des propriétaires de voitures électriques habitent en Montérégie. Le fait de voir la région au sommet repose sur un ensemble de facteurs, selon Ghislain Poisson, directeur régional pour la Montérégie au sein de l'AVEQ. «Il y a le fait que les gens ont des distances peu excessives à parcourir, mais trop grandes pour être desservies par le transport en commun. Nous avons une bonne concentration d'infrastructures de recharge et comptons sur la présence de concessionnaires à l'avant-garde», note-t-il. Les véhicules à zéro émission, telles la Nissan Leaf, la Tesla Modèle S et la Kia Soul EV côtoient les hybrides rechargeables comme la Chevrolet Volt. Ces engins et toute leur technologie demeurent relativement récents lorsque mis en contexte dans l'histoire de l'automobile. Certaines caractéristiques, l'autonomie des piles et le comportement face à nos hivers rigoureux, entre autres, en freinent plusieurs. Le prix aussi. «Les gens pensent souvent à tort que les prix n'ont pas bougé depuis 2011. L'offre est beaucoup plus abordable maintenant, surtout avec les modèles de fin d'année, affirme M. Poisson. On ne parle plus de véhicules qui coûtent 45 000$, mais plus autour de 30 000$. C'est souvent moins cher d'opter pour une voiture électrique, compte tenu des économies d'essence et d'entretien.» Selon certaines évaluations, les économies s'élèvent à près de 2000$ par année. Québec a mis en place une série de mesures incitatives à travers son programme Roulez électrique. La subvention du gouvernement provincial peut atteindre 8000$ à l'achat ou à la location d'un véhicule électrique. Ceux qui optent pour l'installation d'une borne de recharge à la maison peuvent obtenir jusqu'à 1000$ de remboursement. Malgré le nombre de modèles qui s'ajoutent sur le marché au fil des mois, ce ne sont pas tous les concessionnaires qui en tiennent dans leur inventaire. «Nous en vendons une douzaine par année, une trentaine depuis les débuts en 2012, et on sent que ça ira en augmentant au fil des ans», explique Jean-Pierre Rocheleau, propriétaire du concessionnaire Chevrolet, Buick et GMC à Cowansville, l'un des seuls endroits à Cowansville où il est possible d'acquérir un véhicule électrique neuf (Chevrolet Volt). Le constructeur américain lèvera bientôt le voile sur son modèle de deuxième génération. Le «carburant» Les bornes de recharge poussent à vue d'oeil un peu partout et leur nombre dépasse les 750 au Québec. Le prochain défi? L'apparition plus fréquente de bornes de recharge à haute vitesse (400 volts), qui régénèrent les batteries en une trentaine de minutes, selon les conditions. Le Québec n'en compte que 20. Une telle infrastructure est d'ailleurs dans les cartons à Granby. Tesla Motors installait récemment à Drummondville un de ses «superchargeurs», un parc de bornes qui doivent permettre de recharger gratuitement les véhicules de la marque en quelques minutes, au lieu de quelques heures. Un autre est aménagé dans la salle de montre du groupe à Montréal. Le Québec bien positionné? Les retombées du marché des voitures électriques pour le Québec sont loin d'être négligeables. «C'est un avantage sur le plan économique et sur le plan environnemental, puisque nous produisons notre électricité à partir de l'eau. La voiture électrique permet également d'utiliser les surplus d'électricité. Le problème, c'est que le prix du baril de pétrole a baissé. Tant que le prix à la pompe est bas, les consommateurs vont attendre. Je pense que c'est inévitable, la voiture électrique va percer le marché, mais ça va prendre plus de temps», observe Robert Benoit, membre du conseil d'administration d'AddÉnergie, une importante entreprise de bornes de recharge. Celle-ci remportait fin 2014 un appel d'offres d'Hydro-Québec pour l'implantation d'une cinquantaine de bornes de recharge rapide. «À cause des changements climatiques et de la pollution atmosphérique, il y a d'importants investissements qui seront faits au niveau institutionnel. Il faut travailler sur les modes de transport et trouver des solutions pour diminuer la consommation de pétrole.» Emboiter le pas Des bornes de recharge sont implantées un peu partout sur le territoire. L'Auberge Knowlton annonçait récemment s'en être munie d'une dégageant 240 volts. Les propriétaires affirmaient par voie de communiqué vouloir ainsi soutenir le tourisme durable. Et nul besoin d'être client pour l'utiliser, moyennant des frais de 5$. «Nos recherches nous indiquaient qu'il n'y a pas de borne dans les environs.» Le Zoo de Granby vient d'implanter quatre bornes dans son stationnement, dans le cadre d'un programme visant à encourager les employeurs à soutenir leurs travailleurs électromobilistes. Le Musée des communications et d'histoire de Sutton y allait également de sa propre initiative récemment, en offrant à ses visiteurs de se brancher sur le 110 volts en explorant l'une de ses expositions. Diversité de l'offre Plusieurs pas restent à faire avant de voir nos autoroutes remplies de convois de voitures fonctionnant à l'électricité. L'AVEQ fait pression auprès du gouvernement du Québec pour que celui-ci prenne le virage de l'initiative Zéro émission. L'adoption d'une telle loi, proposée par le Parti québécois, imposerait aux concessionnaires la vente d'un quota minimal de véhicule à zéro émission, dans l'intention de diversifier l'offre. Dix États américains, dont la Californie, en font déjà autant. Selon les estimations, cela représenterait 2% des véhicules vendus en 2016, pour grimper à 11% en 2019. «On souhaite que le Québec s'inspire de ce qui se fait aux États-Unis. Ce serait une façon d'accélérer le mouvement, parce qu'on ne sent pas toujours une volonté très forte des manufacturiers automobiles», juge M. Poisson. Le Québec pourrait ainsi devenir la première province canadienne à emprunter cette voie. Le Québec ratifiait récemment une entente avec la Californie et les Pays-Bas pour que tous s'échangent leurs bons coups en lien avec l'arrivée sur le marché des véhicules électriques. «On trouve intéressant qu'il y ait une telle volonté gouvernementale.» La voiture électrique en chiffres Une moyenne de 200 voitures électriques s'ajoutent mensuellement sur les routes du Québec. 86 % des électromobilistes sont des hommes et 14 % des femmes; ils sont en moyenne âgés de 45 ans. Le Québec compte environ 10 bornes de recharge publique par tranche de 100 000 habitants. Il se classe derrière la Colombie-Britannique avec ses 15 unités per capita ou le Vermont, à 20 unités. En date de juin 2015, la Montérégie demeure la région avec le plus grand nombre de bornes de recharge publique avec 146, devant Montréal (138) et la Capitale nationale (129). Merci à Ghislain Poisson, notre directeur régional pour la Montérégie. Ce dernier à donné l'entrevue au journaliste afin de réaliser cet article. Source : Ghyslain Forcier - Granby Express Contribution : Martin Archambault
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