Le Japon perd sa couronne pour la 1ère fois en sept ans face à la montée en puissance de BYD Des wagons destinés à l’exportation attendent d’être chargés sur un cargo dans un port de Lianyungang, en Chine. © Reuters TOKYO/GUANGZHOU/PÉKIN -- La Chine est devenue l’année dernière le premier exportateur mondial d’automobiles pour la première fois, détrônant le Japon grâce à ses ventes de véhicules électriques à l’étranger. Le Japon a exporté 4,42 millions de véhicules en 2023, soit une hausse de 16 % par rapport à l’année précédente, a annoncé mercredi l’Association des constructeurs automobiles japonais. Selon l’Association chinoise des constructeurs automobiles, le volume est inférieur aux 4,91 millions de véhicules exportés par la Chine l’année dernière, le total ayant grimpé de 58% sur l’année. C’est la première fois en sept ans que le Japon perd sa couronne, selon des données comparables. Le Japon avait été devancé pour la dernière fois en 2016 par l’Allemagne. L’un des principaux moteurs des exportations automobiles chinoises a été la Russie, un marché dont les constructeurs automobiles japonais et occidentaux se sont retirés en réponse à la guerre en Ukraine. Un autre facteur important a été une augmentation de 80 % des exportations chinoises de véhicules à énergie nouvelle, une catégorie qui inclut les véhicules électriques. BYD a augmenté ses ventes de véhicules électriques à l’étranger en offrant des prix plus abordables que ses rivaux occidentaux. (Photo de Yumi Okura) BYD, qui a débuté comme une entreprise de batteries, est en mesure de fabriquer des composants de véhicules électriques à l’interne, y compris des semi-conducteurs et des sièges. Cette structure permet de réduire les coûts d’approvisionnement, tandis que les volumes de vente importants génèrent des avantages associés à l’économie d’échelle. Au troisième trimestre de l’année dernière, BYD a atteint une marge bénéficiaire nette de 6,4 %, se rapprochant des 7,9 % de Tesla. Le soutien du gouvernement a joué un rôle important dans l’expansion de la capacité de production automobile de la Chine. En 2009, le gouvernement chinois a adopté un plan visant à généraliser les véhicules à énergie nouvelle, en déployant des subventions à la vente pour ces véhicules de 2010 à 2022. Ces subventions ont totalisé environ 300 milliards de yuans (environ 57 milliards $ CAN), selon les médias chinois. Les constructeurs automobiles eux-mêmes ont également été poussés à passer aux véhicules électriques. À partir de 2019, le gouvernement n’a plus approuvé les nouvelles usines d’assemblage, sauf si elles fabriquaient des produits électriques. En 2020, les autorités ont mis en place un système de quotas pour la fabrication et la vente de véhicules à énergie nouvelle. « La rapidité avec laquelle les fabricants chinois de véhicules électriques ont appliqué pour les investissements se rapprochent de celles des entreprises de technologie de l’information », a déclaré Koichi Iguchi, associé du cabinet de conseil en gestion KPMG FAS. « Le gouvernement a fourni un soutien puissant pour favoriser l’abordabilité, et la Chine a pris le contrôle du marché mondial des véhicules électriques en quelques années seulement. » Les marques étrangères ont également fait partie intégrante des exportations chinoises. Même avec les succès de BYD, Tesla a été le premier exportateur de véhicules à énergie nouvelle en provenance de Chine l’année dernière avec 340 000 unités, soit près de 30 % de toutes les exportations. Pour atteindre l’objectif du gouvernement chinois d’accroître les exportations de véhicules électriques, les autorités auraient demandé à Tesla lors de la construction de l’usine, d’exporter la moitié des véhicules fabriqués dans sa Gigafactory de Shanghai. Pékin cherche à tirer parti de la transition mondiale vers les véhicules électriques pour positionner la Chine comme une puissance industrielle. L’avance du pays dans les exportations d’automobiles n’est considérée que comme une étape sur cette voie, les constructeurs automobiles se concentrant désormais sur la production à l’étranger. Un responsable gouvernemental s’attend à ce que la Chine vende un total de 12 millions de véhicules à l’étranger en 2030 - 6 millions exportés de Chine et 6 millions fabriqués à l’étranger. Cela dit, les efforts de la Chine pour accroître ses exportations visent en partie à atténuer la surabondance de capacités intérieures. Selon les médias chinois, les usines automobiles chinoises ont utilisé 54 % de leur capacité totale en 2022, contre 67 % en 2017. Selon une estimation, le pays sera en mesure de produire plus de 36 millions de véhicules à énergie nouvelle en 2025. On s’attend à ce qu’environ 14 à 16 millions d’exemplaires soient vendus au pays cette année-là, ce qui laisserait un excédent de plus de 20 millions de véhicules. Le ralentissement de la demande intérieure pourrait cependant aggraver le problème à l’avenir. Pendant ce temps, des pays comme la France et l’Italie envisagent de restreindre les subventions pour les véhicules électriques fabriqués en Asie, craignant un afflux d’importations bon marché en provenance de Chine. Azusa Kawakami, Shizuka Tanabe et Shunsuke Tabeta, rédacteurs du Nikkei Nikkei Asia Contribution: André H. Martel
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