Dans ce second article d’une série de trois sur l’impact des véhicules électriques (VE) sur la consommation de pétrole, nous nous intéressons au cas de la Norvège, pays cité en exemple pour ses mesures ayant permis de battre, et de loin, les records de ventes de VE tous pays confondus. Ceux-ci représentaient 48 % des ventes en septembre 2017. Avec une telle proportion, on pourrait penser que la consommation de pétrole de cet état serait en baisse et pourtant, plusieurs médias ont rapporté l’information inverse. Qu’en est-il de la réalité dans le pays leader de l’électrification
Même si les ventes de VE établissent des records en Norvège, il est important d’abord d’être conscient que ceux-ci ne représentaient à la fin 2016 que 3,6 % des véhicules en circulation. Plus précisément, sur 2,7 millions de véhicules, seulement 97 500 étaient électriques, ce que montre bien le graphique de la « Statistisk sentralbyrå » ci-dessous. Ajoutons qu’entre 2008 et 2016, il y a eu une augmentation de 22,7 % du nombre de véhicules ayant un moteur à combustion interne, soit 500 000 de plus sur les routes. Il n’est donc pas étonnant de constater pendant cette période un accroissement de la consommation de pétrole.
Fait à noter en regardant le tableau ci-dessus, l’année 2016 est la première où le total des véhicules à essence et diesel est en décroissance. L’impact des VE sur la consommation de pétrole dans le secteur des véhicules légers ne pouvait donc être observé avant cette date.
Qu’en est-il de l’avenir? Avant d’aller plus loin dans la réflexion, mentionnons que la consommation de pétrole de la Norvège – comme de tous les pays – ne repose pas que sur celle des véhicules personnels. Et ce qui se passe dans les autres secteurs peut influencer la consommation de pétrole du pays à la hausse ou à la baisse. Le tableau ci-dessous montre la croissance du nombre de VE en circulation en Norvège d’ici 2032 et ce, avec une progression annuelle de 44%, soit la même que celle anticipée en 2017. Notons que cette progression exponentielle s’arrête en 2020, car on atteindrait alors le point où tous les véhicules vendus dans le pays seraient électriques.
On peut remarquer en 2032 qu’il y aurait plus de 2,7 millions de véhicules électriques légers sur les routes, soit l’équivalent du nombre total en circulation aujourd’hui. Ces véhicules électriques permettraient (en suivant les calculs quenous avons détaillés dans le premier article sur l’impact des VE sur la consommation mondiale de pétrole) d’éviter la consommation de 77 000 barils par jour.
En 2015, la consommation de pétrole de la Norvège était de 234 mille barils par jour. Comme en Europe en 2015, on évalue que la moitié de la consommation de pétrole est attribuable au transport (véhicules légers et lourds compris), il était logique que le résultat de nos calculs attribue le tiers de la consommation aux véhicules légers. En conclusion, la consommation de pétrole en Norvège a effectivement été en augmentation ces dernières années et l’un des facteurs l’expliquant est l’augmentation du nombre de véhicules fonctionnant au diésel ou à l’essence entre 2008 et 2016. Notre analyse montre que l’impact des ventes élevées de VE sur la consommation de pétrole aurait débuté en 2016. Cette diminution de la consommation s’intensifiera jusqu’à l’élimination complète de la proportion attribuable aux véhicules légers vers 2032, soit dans seulement 15 ans. Rappelons qu’une partie importante (67%) de la consommation de pétrole en Norvège ne relèverait pas des véhicules légers, mais bien des secteurs des véhicules lourds, de l’aviation, de l’agriculture, des pêcheries, de la pétrochimie, etc. Comme la transition n’est pas la même pour chacun ces secteurs, il s’agit là d’autant d’histoires à suivre! Auteur : Sébastien Collard Porte-parole du groupe Recycle ta Caisse et membre de la coalition Sortons la Caisse du carbone, laquelle demande avec l’appui de plus de 200 000 Québécois à ce que la Caisse de dépôt et placement du Québec sorte des énergies fossiles.
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