Bien qu’ils ne figurent pas parmi les constructeurs automobiles les plus énergivores, Honda et Mazda accusent un retard en matière d’électrification, ce qui les contraint à acheter des crédits pour respecter la réglementation. Depuis 2018, Honda a ainsi acquis plus de 27 000 crédits, pour un coût total de 136,6 millions de dollars, au tarif gouvernemental de 5 000 dollars l’unité. Ken Chiu, représentant de Honda Canada, affirme que l’entreprise continuera d’explorer toutes les options conformes aux exigences gouvernementales en matière de véhicules zéro émission (VZE). Il rappelle que Honda ambitionne de rendre l’ensemble de ses ventes électriques ou alimentées par pile à hydrogène d’ici 2040. Toutefois, cette stratégie pourrait s’avérer insuffisante pour respecter l’objectif fixé par le Québec en 2035. En effet, à partir de 2036, la province interdira l’achat de crédits compensatoires, imposant aux constructeurs la commercialisation exclusive de VZE.
Mazda, un acteur sous pression Mazda, troisième acheteur de crédits avec 11 615 unités, se trouve dans une position encore plus délicate. Bien que considérée comme un grand constructeur au Québec, la marque reste de taille modeste à l’échelle mondiale. Avec moins de 1,3 million de véhicules vendus en 2024, elle représente seulement 1,4 % du marché mondial, contre 4,8 % au Québec, où elle réalise 31 % de ses ventes canadiennes. « Nous sommes perçus comme un grand constructeur ici, mais en réalité, nous n’avons pas la même capacité d’investissement que les géants de l’industrie », explique Sandra Lemaitre de Mazda Canada. Elle souligne que les exigences croissantes du Québec risquent de compliquer encore davantage l’électrification de la marque. Mazda est actuellement soumis aux règles sur les VZE en raison de ses ventes supérieures à 4 500 unités par an, et à partir de 2035, même les plus petits constructeurs devront s’y conformer. Un marché en pleine mutation Mazda anticipe déjà une hausse de ses achats de crédits pour répondre aux réglementations actuelles. « Nous ignorons si le Québec ajustera ses exigences, mais à court terme, nous devrons continuer à acheter des crédits », reconnaît Mme Lemaitre. Elle regrette que, malgré les ambitions gouvernementales d’égaliser les prix entre véhicules électriques et thermiques, les contraintes imposées ralentissent cette transition. Un autre défi majeur réside dans la rétention des crédits par plusieurs constructeurs, qui préfèrent les conserver en prévision des futures normes plus strictes. Tesla se trouve désormais être le principal vendeur de ces crédits sur le marché. Mélanie Jalbert, porte-parole du ministre de l’Environnement Benoit Charette, rappelle que des études sur l’évolution du marché sont prévues pour 2026 et 2030. Elle souligne que les revenus issus de l’achat de crédits par les constructeurs sont réinvestis dans l’électrification des transports, notamment pour développer le réseau de bornes de recharge. Source : Le journal de Quebec
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