MogileTech n’a pas encore deux ans, et pourtant, son parcours est déjà riche en rebondissements. L’histoire débute quelque part en 2013, tout juste avant sa création officielle. La petite entreprise agit alors comme bureau montréalais d’une entreprise en démarrage ontarienne. De contrat en contrat, l’association perd progressivement de son sens. L’équipe montréalaise développe son propre créneau dans le domaine des véhicules électriques, et se distancie peu à peu de ses origines. « C’était devenu une entreprise dans une entreprise », se souvient Simon Ouellette, directeur général de Mogile Technologies. À l’automne 2013, ce dernier décide donc de racheter la division qu’il pilote avec ses collègues Olivier Proulx et Francis De Broux. Ensemble, ils fondent Mogile. L’entreprise fait alors sa marque dans le prototypage et la conception de petits véhicules électriques à la pièce. Elle en a d’ailleurs conçu pour les armées américaine et canadienne. Après tout, les membres du trio étaient maîtres du sujet – ils ont mis au point la motoneige électrique que l’Université McGill promenait dans les compétitions, du temps de leurs études. Si le succès était au rendez-vous, courir les contrats est tout de même devenu une affaire éreintante pour les trois ingénieurs. « Répondre à des appels d’offres et essayer de trouver de nouveaux clients continuellement demande beaucoup de travail qui n’est pas toujours récompensé. On s’est donc dit qu’on serait mieux de se transformer en entreprise qui vend des produits plutôt que d’agir strictement comme sous-traitant. » — Simon Ouellette, directeur général de Mogile Technologies CHANGER DE PLAN Mais pour changer de plan, il fallait d’abord trouver un premier produit à commercialiser. Heureusement pour elle, Mogile en avait déjà un sur ses tablettes : une application pour téléphones intelligents. « On l’avait conçue à la base pour un client potentiel, mais tout le projet avait avorté, explique Simon Ouellette. On l’a donc mise sur l’App Store pour s’amuser, et les gens se sont mis à la télécharger sans qu’on ne fasse rien de plus. » L’application, nommée EV ChargeHub, répertorie l’ensemble des bornes de recharge électrique qui se trouvent au Canada et aux États-Unis. Une information plus que précieuse pour tout utilisateur d’un véhicule électrique. « On est comme le TripAdvisor des bornes de recharge », résume Simon Ouellette. En l’espace de 18 mois, l’application a été téléchargée 65 000 fois, selon ce dernier. « On roule présentement à 1000 téléchargements par semaine, ajoute-t-il. On vient vraiment répondre à un besoin. » Comme l’application est gratuite pour ses utilisateurs, c’est en commercialisant les données d’utilisation à des tiers que Mogile tire une partie de ses revenus. L’entreprise entend maintenant développer une solution de paiement unique à même son application. « Chaque propriétaire de borne demande à ce qu’on utilise une carte spéciale pour payer, explique Simon Ouellette. C’est très décentralisé. » N’empêche, l’entreprise ne met pas de côté son expertise dans le développement de véhicules électriques hors route. Un secteur dans lequel Mogile est une « référence », souligne son directeur général. « On n’a pas changé de modèle d’affaires sur un 10 cents, ajoute-t-il. La différence, c’est qu’on est extrêmement sélectifs aujourd’hui dans les contrats qu’on choisit. Si ça cogne à la porte et que c’est intéressant, on va le prendre. » Source: La Presse+ Édition du 6 octobre 2015, section AFFAIRES, écran 9 (MARTIN PRIMEAU COLLABORATION SPÉCIALE)
Contribution: Dany Labrecque
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