J'ai donné un coup de fil ces derniers jours à la mairesse de Bromont, Pauline Quinlan, question de lui demander s'il y avait des signes prometteurs en vue de l'implantation par la société 2050 Motors d'une chaîne d'assemblage de ses véhicules électriques dans l'ancienne usine Hyundai. « Nous savons que l'entreprise évalue différentes options, dont celle de Bromont. Nous n'avons toutefois pas eu de discussions avec les dirigeants de l'entreprise depuis leur visite en novembre », m'a répondu Mme Quinlan. J'ose croire que la Ville et l'Université de Sherbrooke vous ont tout de même contactée depuis, pour explorer l'idée d'une alliance stratégique qui pourrait nous placer à l'avant-garde de l'électrification des transports? « Je n'ai eu vent de rien. Ça pourrait cependant être une initiative porteuse, car toutes les régions du monde ont sans doute les mêmes ambitions que nous ». Avant les fêtes, le conseiller Julien Lachance avait émis des commentaires semblables à titre de président du comité de direction d'Hydro-Sherbrooke. L'intérêt des Sherbrookois de prendre part activement au développement de la filière électrique est évidemment de générer des ventes additionnelles d'énergie dans leur réseau municipal. Idem pour Magog et Coaticook. Étonnamment, quatre mois sont passés sans qu'un coup de fil ait été logé à l'hôtel de ville de Bromont pour suggérer une quelconque collaboration. Le conseil de direction d'Hydro-Sherbrooke est actif depuis septembre 2014, sa mise en place découle d'une réflexion de la Commission sherbrookoise des activités municipales (CSAM) amorcée en 2012 et il n'y a toujours pas le moindre signe d'une approche qui serait davantage orientée sur le développement des affaires. « Nous allons très prochainement faire le point là-dessus », assure le maire Bernard Sévigny.
Avec un plan qui viserait à augmenter les ventes pour hausser les bénéfices d'Hydro-Sherbrooke de 5 pour cent, la Ville pourrait espérer des rentrées de fonds supplémentaires de 1 M$ chaque année. Cette somme représenterait la moitié des nouveaux revenus de la taxe de 1 cent sur le litre de carburant que le maire Sévigny a évoquée la semaine dernière comme hypothèse pour financer le transport en commun. Chose certaine, y'a plus à faire que de la saine gestion avec une entreprise ayant un chiffre d'affaires de 170 M$! Rappelons qu'Hydro-Sherbrooke doit verser des dividendes estimés à 21,3 M$ encore cette année. L'Association des véhicules électriques du Québec (AVEQ), un organisme s'employant à promouvoir la conversion du parc automobile québécois, travaille de concert avec la Ville, mais essentiellement avec une approche environnementale. « Mes rapports avec la directrice de la division de l'environnement sont cordiaux. La Ville est réceptive à l'installation d'un réseau de bornes de recharge sur son territoire. J'ai cependant l'impression que nous sommes encore perçus comme des missionnaires et non comme des partenaires d'affaires », affirme le représentant régional de l'AVEQ, Claude Harvey. L'Université de Sherbrooke se joindrait avec enthousiasme à un groupe de travail régional sur l'électrification des transports. « Nous sommes très actifs à l'échelle provinciale. Nous avons des atouts exceptionnels pour développer dans la filière électrique un partenariat d'affaires semblable à celui que nous avons en microélectronique avec la compagnie IBM, à travers le centre de collaboration et d'innovation C2MI de Bromont. Si l'on peut nous libérer un peu des tracas de gérer des compressions, nous pourrons nous investir encore plus dans ce volet de notre mission économique », répond le vice-recteur au développement durable et aux relations gouvernementales, Alain Webster. Trente pour cent des équipes de recherche de la faculté de génie de l'Université de Sherbrooke ont des activités touchant de près ou de loin au développement de véhicules électriques. C'est le premier champ d'application de 20 pour cent du corps professoral. « Le Québec entier a tout à gagner d'un virage vers les véhicules électriques. Mais il est vrai qu'une région comme la nôtre peut se donner une très bonne force de frappe. Il s'agit de savoir qui prend le leadership pour coordonner les actions communes », croit également le doyen de cette faculté, Patrick Doucet. « Il est difficile d'être associés aux dossiers que nous ne connaissons pas. Les acteurs politiques et économiques ne doivent pas hésiter à venir vers nous. Ça se fait sur une base régulière. En resserrant nos liens dans des projets mobilisateurs comme celui des véhicules électriques, on ne peut qu'augmenter nos chances d'obtenir de bons résultats », enchaîne le vice-recteur Webster. Après quelques conférences téléphoniques entre Sherbrooke et Bromont, ça vaudrait la peine d'appeler au Nevada. Des fois que la direction de 2050 Motors n'aurait pas le topo complet de ce que nous avons à lui offrir... Source : Luc Larochelle - La Tribune Contribution : Martin Archambault
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