Si vous avez lu mon premier article, vous aurez compris que mon entourage me prend un peu pour un extraterrestre depuis que je roule en véhicule 100% électrique. Les choses se gâtent lorsque je commence à utiliser le vocabulaire des électromobilistes. Par exemple, si j’explique à un « vrai gars de char » que j’ai réussi à faire 8 km/kWh, ou que j’ai presque obtenu trois sapins en me rendant au bureau ce matin, je risque de me faire dévisager comme si j’étais un Klingon ou un Gungan.
Quand je parle de consommation aux gens de mon entourage, j’ai noté trois concepts qui leurs semblent totalement abstraits :
1- le calcul de la consommation d’un VÉ ou « Ça fait combien de miles au gallon, un char électrique ? » Afin de simplifier et de comparer avec une automobile ordinaire, disons que la grandeur du « réservoir d’essence » d’un véhicule électrique se mesure en kilowattheures (kWh). Plutôt que de faire le plein d’essence en litres, on charge la batterie en kilowattheures (c’est une simplification, mais c’est pour illustrer mon propos). Par exemple, ma LEAF 2015 a une batterie de 24 kWh, tandis que ma LEAF 2017 en a une de 30 kWh. Cette dernière a donc un plus gros « réservoir ». Dans le monde de l’automobile traditionnelle, on évalue la consommation en litres par 100 kilomètres (L/100 km). On fait de même pour les véhicules électriques : on utilise les kilowattheures par 100 kilomètres (kWh/100 km). À noter que quelques fois, la consommation est représentée en intervertissant les valeurs (km/kWh). Par exemple, une consommation de 17 kWh/100 km devient 5,88 km/kWh (100 divisé par 17). 2- la distance qu’on peut faire avec une charge ou « Y paraît que tu peux pas aller ben ben loin avec ça, un char électrique. » À la base, tout dépend de la grosseur de la batterie. C’est sûr que je peux aller plus loin avec une batterie de 30 kWh qu’avec une batterie de 24 kWh. Là où ça se complique, c’est qu’on ne fait pas toujours le même kilométrage avec 1 kWh. Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte : limites de vitesse, température ambiante, conditions climatiques, état de la chaussée, habitudes de conduite... Alors que l’été je peux m’attendre à une consommation de près de 12,5 kWh/100 km (8 km/kWh), l’hiver — dans les pires scénarios de chaussée enneigée et de froid intense — je peux facilement me retrouver à plus de 22 kWh/100 km (4,5 km/kWh). Dans le fond, on ne s’en rend pas compte, mais c’est la même chose que pour un véhicule à combustion. Durant l’hiver ou lorsqu’on roule vite, toutes les automobiles consomment plus. C’est simplement qu’on s’en rend moins compte avec un grand réservoir de 60 L plutôt qu’avec un petit réservoir de 24 kWh. D’ailleurs, dans la LEAF, les ingénieurs de Nissan ont créé un support visuel qui, par renforcement positif, nous indique si nous conduisons de façon à maximiser notre consommation. Ainsi, durant un trajet, des sapins apparaissent sur le tableau de bord, ce qui devient un véritable jeu vidéo où on tente chaque jour de battre son propre score! 3- le coût d’une recharge ou « Ben là là… avec un char électrique, ton bill d’Hydro va te coûter un bras ! » Les tarifs d’Hydro-Québec sont parmi les plus bas en Amérique du Nord. En incluant les taxes, le tarif de base se situe autour de 0,10$ le kWh. Lorsqu’on connait la consommation de notre VÉ, on peut facilement évaluer le coût d’une recharge. Ainsi, si mon véhicule électrique consomme en moyenne 17 kWh/100 km, il m’en coutera 0,10$ x 17 kWh = 1,70$ pour charger mon auto afin de rouler pendant 100 km. En extrapolant, on peut en déduire que pour rouler 1500 km par mois, ma facture d’électricité augmentera de 25,50$/mois. En comparaison, avec un prix du litre d’essence à 1,20$, une voiture à combustion qui ferait le même kilométrage et qui consommerait 8L/100km nécessiterait 144$ d’essence par mois. -- Pour la majorité des gens non initiés à l’électromobilité de mon entourage, le vocabulaire utilisé lorsque je parle de la consommation de mes LEAF semble être un véritable charabia d’une autre planète. Mais lorsqu’ils parviennent à comprendre que la théorie de calcul de la consommation est la même que pour une automobile à essence, l’extraterrestre que je suis devient (presque!) humain. Auteur : Éric St-Pierre Contribution : Martin Archambault
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