Alors que le gouvernement provincial peine à utiliser le Fonds Vert pour démarrer un vrai programme d'installation de bornes de recharge rapide au Québec, et oblige le Circuit Électrique à trouver des partenaires privés pour subventionner le coût de BRCC à 27,000$, on nous a annoncé en grande pompe il y a quelques jours que des investissements majeurs dans le domaine de l'hydrogène aurait lieu au Québec, à coups de millions de dollars.
Déjà l'Ontario a démontré qu'avec une enveloppe de quelques millions de dollars, on pourrait tapisser la province d'un bout à l'autre de bornes rapides et à 240V en moins d'un an, pour assurer la sécurité énergétique des électromobilistes actuels et futurs avec un déploiement stratégique et financé. L'industrie de l'hydrogène et ses acteurs québécois se sont faits très discrets dans les dernières années, s'intégrant dans quelques activités en vue de l'industrie électromobile, et tâtant le terrain afin de comprendre comment s'immiscer dans la communauté. La semaine passée a eu lieu leur première phase de séduction bien rodée par une firme de communication pour tenter d'amadouer journalistes et électromobilistes de premier plan qui ne cachent pas leur opposition à la travestie de l'hydrogène. Comment enjôler des opposants et les convaincre du bien fondé de leur industrie? Le spectacle consistait initialement à leur laisser comprendre que l'hydrogène n'est pas là pour s'opposer et démontrer sa supériorité aux véhicules entièrement électriques, mais bien de justifier sa complémentarité. Comme on me l'avait déjà fait comprendre dans le passé lors de discussions sur ce carburant, "les petites voitures continueront à être électriques, mais les VUS et les camions seront à l'hydrogène". La technique de communication utilisée consistait à se mettre victime au même niveau que l'électromobilité. "Vous avez déjà entendu plusieurs choses négatives sur l'hydrogène, tout comme le public a entendu plusieurs faussetés sur les voitures électriques. Nous aimerions maintenant vous éduquer et corriger les mensonges qui sont véhiculés sur notre industrie". À ce moment, le présentateur prend le contrôle: l'auditoire se met en mode écoute "afin de leur donner une chance", tout comme on espère que le public le fait quand on leur parle de nos voitures électriques. L'objectif: briser les stéréotypes.
L'exercice de relations publiques tentait de démontrer que la voiture entièrement électrique avait failli à la tâche de séduire la population qui n'y voyait que des inconvénients, et que le temps de recharge était le frein principal à son adoption de masse. "Quand on pourra recharger une batterie en 5 minutes pour obtenir une autonomie de 500 km, la voiture électrique sera adoptée en masse. D'ici là, si vous désirez vraiment que la voiture électrique augmente en popularité, l'hydrogène est la seule solution pratique".
Le Québec utilisera ses surplus d'hydro-électricité pour produire de l'hydrogène par électrolyse, et on prévoit créer localement l'hydrogène dans les entreprises possédant d'importants parcs de véhicules H2. Par exemple une entreprise comme Téo Taxi aurait sa propre centrale de H2 pour alimenter sa flotte de taxis. Pour la circulation interurbaine, le gouvernement avait déjà annoncé un appel d'offre pour des stations services multi-énergies. »» voir l'article Énergies Sonic table sur des bornes rapides à leurs stations dans le futur Prochaine étape? Un projet-pilote sera déployé dans la région de Montréal pour des stations d'hydrogène à usage public, et les premiers véhicules à hydrogène de Toyota et possiblement Hyundai (dont le Tucson H2 est présentement en circulation en C-B) seront mis en vente. Des annonces du gouvernement provincial sur la bonification des incitatifs pour véhicules électriques incluant une partie plus spécifique sur l'hydrogène aura lieu dans un futur rapproché. D'ici là, nous pouvons nous attendre à d'autres exercices de relations publiques par l'industrie de l'hydrogène dans les grands médias. Avec une efficacité énergétique peu favorable, un coût d'acquisition élevé, une dangerosité et un coût d'utilisation plus important qu'une voiture à essence, les véhicules à hydrogène ont encore beaucoup de chemin à parcourir avant de conquérir les consommateurs qui savent compter. Pour le reste du chemin à parcourir, les infrastructures déficientes à coût exorbitant pourraient être le frein à l'expansion du rêve gazeux. D'ici là, espérons que les avancées dans la technologie des batteries seront commercialisées rapidement pour clouer le cercueil de cette industrie qui s'annonce être "Le futur de l'automobile" depuis les années 80. Contributeur: Simon-Pierre Rioux
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