Le dernier décompte des ventes de véhicules en Chine indique que les véhicules électriques (VE) représentaient 2,7% des ventes en juin 2017. Il s’agit d’une progression très importante depuis décembre 2016 où les VE représentaient 1,45% des ventes de véhicules neufs. Cette progression se compare à celles observées en 2015 et 2016 où les ventes de VE avaient respectivement triplées (223% d’augmentation des ventes) et doublées (85%).
Dans les années à venir, le gouvernement chinois a l’intention d’établir un mandat de vente de véhicules à zéro émission que certains qualifient « d’agressif », lequel obligerait les constructeurs automobiles à ce que 8% de leurs ventes de voitures neuves soient constituées de véhicules à zéro émission en 2018 et que ce pourcentage augmente à 12 % d'ici 2020.
Face à ce mandat, à l’exception de Tesla, tous les constructeurs américains (AAPC), européens (ACEA), japonais (JAMA) et coréens (KAMA) ont demandé au gouvernement chinois par le truchement d’une lettre cosignée de ralentir sensiblement ces exigences et d’éliminer les pénalités prévues. En signant cette lettre, les constructeurs pourraient très bien avoir signé leur moment Kodak et suivre le chemin de cette compagnie qui dominait le secteur de la photographie avant de faire faillite suite à l’arrivée des caméras numériques. Pour atteindre un taux de pénétration de 8% en 2018, il faudrait pratiquement tripler l’an prochain les ventes de juin. Ce bon est certainement important, mais rappelons qu’il est équivalent à celui enregistré de 2014 à 2015. À l’inverse, pour 2020, l’exigence de 12% est pratiquement impossible à ne pas dépasser. En effet, en supposant que le taux de 8% serait atteint en 2018, il ne faudrait augmenter la production que de 50% en deux ans pour l’atteindre. Même le poussif marché Nord-Américain dépasse ce niveau d’augmentation. En 2020, le gouvernement aurait très bien pu poser des exigences de pénétration des VE se situant entre 18 et 24% des ventes s’il s’était basé sur le niveau d’augmentation historique pour imposer ses seuils. On peut donc dire de manière conservatrice que les exigences du gouvernement chinois amènent au maximum à conserver le taux d’augmentation moyen des ventes de VE observé ces dernières années et ce, jusqu’en 2020. De leur côté, les constructeurs automobiles traditionnels demandent de ralentir cette progression et de presque l’arrêter. Considérant les problèmes de pollution observés en Chine, particulièrement dans les villes, cette situation exigerait un compromis important de la part du gouvernement, lequel craint la rébellion populaire s’il n’arrive pas à améliorer la qualité de l’air. Notons également que la production de pétrole stagne en Chine et que l’augmentation fulgurante du nombre de véhicules personnels entraînera une augmentation massive des importations de pétrole si cette nouvelle flotte de véhicules se trouve à être alimentée par les hydrocarbures. Dans ce contexte, que les constructeurs traditionnels le veuillent ou non, la Chine est déjà dans un processus d’électrification rapide et il est pratiquement impensable d’arriver à l’arrêter. Comme la Chine est le plus grand marché du monde pour la vente de véhicules, si ces constructeurs se traînent les pieds, ils augmentent le risque de prendre du retard dans la transition technologique. Or, il est important de le rappeler, quelque part entre 2020 et 2025, il coûtera moins cher de produire un véhicule dans sa version électrique que dans sa version à essence. Nous connaissons tous la formidable capacité industrielle et manufacturière de la Chine qui, dans les années 90 et 2000, s’est mise à construire presque tous les objets de notre vie courante. Si la Chine prend une avance dans la fabrication des véhicules électriques, elle pourrait très bien exporter ces nouveaux produits fabriqués en masse et à des prix très compétitifs. Ça n’arrivera pas direz-vous? Volvo a récemment annoncé que son premier véhicule 100% électrique sera un utilitaire vendu entre 35 000 et 40 000$. Et ce VUS sera « made in China »! Au lieu de lutter contre le gouvernement chinois, les constructeurs devraient se battre pour être les premiers au fil d’arrivée. En faire plus que les autres, avoir un véhicule moins cher, plus performant, plus propre et qui respecte les normes de tous les pays du monde, voilà la voie à suivre pour augmenter la production, les profits et éviter son moment Kodak. Auteur : Sébastien Collard Porte-parole du groupe Recycle ta Caisse, lequel demande à la Caisse de dépôt et placement du Québec de sortir des énergies fossiles. Joignez-vous aux 10 000 Québécois qui ont dit à Michael Sabia : Sortons la Caisse du carbone.
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