La voiture (Das Auto), celle qui livre des performances époustouflantes, qui est élégante et qui génère d’importants profits pour le constructeur, s’est avérée pendant des décennies être allemande. Les prouesses de ces véhicules à la mécanique complexe et précise, en équilibre entre puissance et tenue de route, n’étaient plus à démontrer.
C’était avant l’arrivée des véhicules électriques (VE) et de ces vidéos sur Youtube où l’on peut voir à répétition des Tesla battre des Audi, des Porches, des Mercedes et même des McLaren. C’était avant de voir les sourires des gens propulsés par des accélérations foudroyantes. Avant d’expérimenter la tenue de route d’un véhicule dont les batteries sont intégrées au plancher.
Et pourtant, les avantages indéniables des VE n’ont pas empêché Volkswagen et Mercedes de les bouder dans la dernière décennie. Ces constructeurs n’ont mis en vente qu’un seul modèle électrique pendant cette période (la e-Golf et la B200) et ce, en quantité très limitée. Le scandale des moteurs diésels truqués a heureusement eu pour effet d’aider ces constructeurs à sortir de leurs ornières. Récemment, Herbert Diess, le PDG de VW, a annoncé que la compagnie allait investir dans la prochaine décennie 84 milliards US pour mettre en vente 300 modèles de voitures électriques sur les marchés. Du côté de Mercedes, Dieter Zetsche, le PDG avait annoncé fin 2016 l’investissement de 11 milliards US dans l’électrification des transports et il a récemment annoncé que les consommateurs auraient accès à une version électrique de tous leurs modèles d’ici 2022. En modifiant leur route, Mercedes et VW reconnaissent implicitement que le chemin de Tesla était le bon. Et dans ce nouveau chemin, ils ne sont pas les premiers. Ils conservent cependant indéniablement la possibilité de reprendre la position de tête… L’angle mort de VW Herbert Diess déclarait en mai : « Tout ce que peut faire Tesla, nous [VW] pouvons le surpasser ». L’assurance de cette déclaration reposait peut-être sur les moyens de VW que Tesla n’a pas encore malgré sa capitalisation boursière croissante. Ceci étant dit, VW n’a pas encore commencé la construction d’une Gigafactory et n’a pas, comme pour Tesla, la moitié de ses ingénieurs qui sont des experts de programmation. En août, Diess s’est montré plus prudent, en reconnaissant que Tesla, qui produit 70 fois moins de véhicules que VW, était leur principal concurrent. Ceci étant dit, ce qui inquiète le plus au regard de la capacité à concurrencer Tesla constitue le fait que VW (comme bien d’autres constructeurs) a fait pression sur la Chine pour que celle-ci diminue les quotas de VE prévus de 2018 à 2020 (soit 8% à 12%) et allège les pénalités infligées aux constructeurs pris en défaut. Si VW souhaite effectivement dépasser Tesla dans le chemin qui est le sien, elle doit impérativement arriver à atteindre les quotas du gouvernement chinois. Et elle ne doit pas s’arrêter à la Chine, mais élargir cet objectif à l’ensemble des marchés. Regardons pourquoi. VW a vendu l’année dernière 10 millions de véhicules. Appliquer le critère de 12% à l’ensemble de ses ventes donnerait environ 1,2 millions de VE vendus en 2020. Comme Tesla, avec l’arrivée du modèle Y, devrait vendre plus d’un million de VE par an en 2020, VW ne peut mathématiquement se donner un objectif inférieur à 12% sans se condamner à rester second dans le chemin de l’électrification. Le nouveau vide poche de Mercedes Les déclarations de Dieter Zetsche ont aussi eu quelque chose de frappant dernièrement. Le PDG de Mercedes a affirmé que leur marge brute sur les VE était la moitié de celle de leurs véhicules à combustion interne et que la compagnie devait conséquemment mettre de côté 5 milliards US pour faire face à la transition. Étrange si l’on considère que… Elon Musk prétend que Tesla a la meilleure marge brute parmi les constructeurs. Cette marge serait d’environ 25 % sur les modèles S et X et Musk a prévu une marge identique sur le modèle 3. Bien que l’on n’ait pas accès aux chiffres pour confirmer ses dires, rappelons que Tesla a été le premier constructeur à rembourser le prêt que lui avait accordé le gouvernement américain et ce, avec intérêt. Et rappelons-nous que Tesla finance en grande partie l’expansion exponentielle de la compagnie avec les bénéfices enregistrés sur ses ventes. Alors, que fait Mercedes pour empocher deux fois moins de profit avec les VE? Si la voiture, Das Auto, a été allemande pendant des décennies, les dernières révélations des patrons de Mercedes et VW nous amènent à faire un constat : Das Auto semble de moins en moins allemande. Auteur : Sébastien Collard Porte-parole du groupe Recycle ta Caisse, lequel demande à la Caisse de dépôt et placement du Québec de sortir des énergies fossiles. Joignez-vous aux 13 000 Québécois qui ont dit à Michael Sabia : Sortons la Caisse du carbone.
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