La réduction du recours aux produits raffinés du pétrole pourrait générer 130 000 emplois d’ici la fin de 2020, affirme une étude réalisée pour le compte du Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec (RNCREQ). Le document, qui sera rendu public mardi, conclut qu’une diminution de la consommation d’essence aurait un impact direct sur le déficit commercial du Québec, dont les citoyens dépensent chaque année 18 milliards en essence et 9 milliards en véhicules. Les sommes épargnées finiraient par être réinvesties dans l’économie. De façon concrète, l’étude se base sur un scénario « d’action modérée » en fonction duquel le recours à l’essence baisserait de 12 % d’ici 2020 par rapport au niveau de 2010. Aux fins des calculs, quelques mesures sont proposées, notamment un système bonus-malus pour l’achat de véhicules qui consomment peu — ou beaucoup — et l’électrification du secteur du transport. « L’intuition partagée par bien du monde, c’est que si on prend de l’argent de notre économie et qu’on l’envoie à l’extérieur, on se prive de moyens », dit le directeur général du RNCREQ, Philippe Bourke. « Avec des données, des valeurs, le rapport vient confirmer cette intuition et lui donne un visage. » Ainsi, au cours de la première année, soit 2015, l’ensemble des coûts évités totalise 1,4 milliard, cela se traduisant potentiellement par 10 000 emplois. Sur toute la période 2015-2020, les coûts évités atteignent 19,7 milliards et les emplois générés se comptent au nombre de 130 000. En guise de comparaison, un des engagements électoraux de Philippe Couillard était la création de 250 000 emplois sur cinq ans. En 2015, l’impact économique équivaudrait à 0,3 % du produit intérieur brut québécois. L’objectif plutôt que les mesures M. Bourke souhaite que l’étude contribue au débat sur la décarbonisation de la société et il aurait même souhaité qu’elle ne préconise pas de mesures en particulier, car le RNCREQ voulait d’abord susciter la réflexion sur l’objectif global plutôt que les moyens.« Aux fins de l’étude, on a quand même choisi des mesures, et celles-ci sont quand même douces. » L’étude est signée par les chercheurs Renaud Gignac et Gabriel Fournier Filion, et un professeur du département des sciences économiques de l’UQAM, Charles Séguin. Le système de bonus-malus à l’achat d’un véhicule pourrait reposer sur une remise de 250 à 1500 $, évoquent les auteurs de l’étude, alors que la redevance pour les véhicules plus polluants pourrait atteindre 4000 $. Un système de bonus-malus existe déjà en France, où le gouvernement a récemment annoncé, toutefois, que des bonus pour moteurs thermiques seraient abolis pour les véhicules peu polluants. Les malus restent en place. En ce qui concerne les véhicules écologiques, l’aide demeure, quoique légèrement réduite pour les hybrides non rechargeables. Pour en arriver à ce que pourrait entraîner une diminution de la consommation d’essence, les auteurs ont extrait les coûts évités et se sont ensuite servis des« multiplicateurs d’emplois pour le Québec, auxquels certains ajustements sont apportés pour tenir compte de l’évolution de la productivité à l’horizon 2015-2020 ». Le Fonds monétaire international (FMI) a écrit cet été qu’il serait peut-être temps de passer des paroles aux gestes, notamment par l’instauration de taxes écologiques qui auraient pour effet d’influencer les comportements. Dans le même temps, le FMI proposait d’alléger la fiscalité au chapitre de l’impôt personnel et des entreprises. Le Québec a déjà fait un geste majeur en instituant le Système de plafonnement et d’échange de droits d’émissions (SPEDE). En fonction de ce programme, les entreprises reçoivent un certain nombre de droits de polluer. S’ils dépassent leur seuil autorisé, ils doivent acheter des crédits. S’ils ne l’atteignent pas, ils peuvent revendre leurs droits. Le gouvernement du Québec a jusqu’ici organisé quatre ventes aux enchères de droits d’émissions, récoltant au total un peu moins de 110 millions de dollars depuis décembre 2013. L'étude en question est disponible et se trouve ici. Source: Le Devoir
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