L’énergie propre, les incitatifs à l’achat et les politiques progressistes de la ville poussent les exploitants de flottes commerciales à choisir le Grand Montréal comme un lieu de prédilection pour déployer des camions électriques lourds.
Traverser la grande région de Montréal vous permettra de voir de nouveaux véhicules sur la route que seuls quelques Canadiens ont vus : des camions électriques moyens et lourds. Loblaw, Coke, McDonald’s, une poignée d’exploitants de flottes qui transportent des marchandises à Montréal par camion électrique et qui confirment une tendance dans l’industrie vers le transport de marchandises zéro émission. Le fait que les corridors de transport urbain soient devenus un point chaud nord-américain pour les camions électriques lourds n’est pas un hasard. Il s’agit plutôt d’un indicateur clair que la combinaison de politiques municipales, provinciales et fédérales s’harmonise pour créer des conditions idéales pour l’achat et le déploiement de camions électriques. Loblaw est la plus récente entreprise à se joindre aux exploitants de camions électriques de la région. Le mois dernier, le géant de l’épicerie a lancé son premier camion de transport lourd entièrement électrique au Canada : un Freightliner eCascadia électrique de Daimler Truck North America. Le camion effectue des trajets quotidiens sur de courtes distances entre le centre de distribution de Loblaw à Boucherville et les magasins appartenant à Loblaw dans le Grand Montréal. Les destinations de livraison incluent Provigo, Provigo Le Marche et Maxi. « Ce n’est un secret pour personne que la décarbonisation des véhicules est essentielle à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et nous voulons être les chefs de file dans l’adoption de cette nouvelle technologie », a déclaré dans un communiqué de presse Brian Springer, vice-président des opérations nationales du transport chez Loblaw. « Pendant près de deux ans, nous avons déployés différents véhicules dans divers secteurs de notre entreprise, et nous sommes ravis de déployer une solution qui fonctionne. » Soutien de la Ville, implication de la province Selon la Ville de Montréal, ce n’est que le début. L'objectif de son plan climatique est de réaliser 25 % des livraisons sans émissions de GES d’ici 2030. « Conformément à ses engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre, la Ville de Montréal souhaite augmenter et diversifier l’offre de transport électrique en développant des options de mobilité plus durables, abordables et accessibles », a déclaré un porte-parole de la Ville. De plus, Montréal a investi 13 millions de dollars dans des entreprises locales liées à la mobilité durable et zéro émission. Toutefois, ces objectifs dépendent également de l'implication du gouvernement provincial. Dans le cas de Loblaw, l’énergie propre et peu coûteuse du Québec a été l’une des principales raisons pour lesquelles l’entreprise a décidé de déployer ce camion électrique à Montréal. « La production d’électricité au Québec est relativement peu coûteuse et presque entièrement hydroélectrique, ce qui en fait une source d’énergie propre que nous pouvons exploiter pour recharger notre véhicule électrique », a déclaré le porte-parole de Loblaw dans une déclaration par courriel à Electric Autonomy. L’utilisation du véhicule entre Boucherville et Montréal donne également à Loblaw l’occasion de tester la technologie du camion électrique dans différents climats et conditions routières. « Le déploiement du camion au Québec nous permettra également de mieux comprendre comment les fluctuations de température pourraient avoir un impact sur la durée de vie de la batterie », explique le porte-parole. Objectifs climatiques des entreprises D’autres entreprises ont adopté une approche similaire. L’an dernier, le distributeur de McDonald’s Canada, la compagnie Martin Brower, a commencé à utiliser un camion semi-remorque Volvo VNR Electric Class pour la livraison d’aliments et de boissons aux restaurants de Montréal. À peu près au même moment, Kruger Énergie, un développeur et gestionnaire de centrales électriques d’énergie renouvelable basé à Montréal, a déployé deux semi-remorques électriques Peterbilt 8EV de classe 579 sur la Rive-Nord de Montréal. Les camions livrent du papier de toilette, les essuie-tout Sponge Towel et des produits de papier tissu de marque Bonterra entre deux installations appartenant à Produits Kruger. Les deux camions électriques de Kruger fonctionnent 20 heures par jour, sept jours par semaine. À plein régime, ils parcourront 365 000 km par année, soit plus de 1 000 km par jour, entre les dépôts de Crabtree et de Laval. Le Freightliner Cascadia de Loblaw, d’une capacité de transport allant jusqu’à 82 000 livres de poids brut et d’une autonomie allant jusqu’à 370 kilomètres par charge, retourne en fin de journée au dépôt de Boucherville après chaque quart de travail pour se recharger. Kruger et Loblaw affirment que l’expansion de leurs parcs de camions électriques leur permettra de réduire leur empreinte carbone. Kruger a déjà commandé 50 camions électriques supplémentaires, et environ 20 devraient prendre la route au cours des deux prochaines années, tandis que Loblaw prévoit ajouter quatre autres Freightliner Cascadia électriques à sa flotte canadienne au cours des prochains mois . Loblaw prévoit également décarboniser son parc de plus de 160 camions d’ici 2030. « Bien que les emplacements n’aient pas encore été finalisés, nous prévoyons les déployer également dans d’autres provinces », a déclaré le porte-parole de Loblaw. Incitatifs et mise à niveau des compétences En plus de l’énergie propre du Québec, le soutien financier des gouvernements provincial et fédéral est un autre facteur important à l’origine de l’essor du camionnage électronique au Québec. Le Québec encourage l’adoption des camions électriques avec des incitatifs à l’achat pour aider les entreprises à compenser les coûts plus élevés des véhicules moyens et lourds. Dans le cadre de son programme Ecocamionnage, la province offre un rabais à l’achat de 175 000 $ par camion lourd électrique. La Colombie-Britannique est la seule autre province à offrir un incitatif similaire. L’an dernier, le gouvernement fédéral a également commencé à offrir des incitatifs à l’achat pouvant atteindre jusqu’à 200 000 $ pour les véhicules moyens et lourds, qui peuvent être combinés à des rabais provinciaux ou territoriaux. Loblaw n’a pas précisé si elle avait profité de ces programmes. Mais pas plus tard que le mois dernier, Coca-Cola Canada a confirmé qu’elle avait profité des deux programmes pour financer l’achat de six camions électriques Volvo VNR Class 8. Les camions, qui seront livrés en 2023, effectueront quotidiennement 150 km aller-retour entre son centre de distribution et les emplacements des clients à Montréal. En plus des programmes de rabais, le gouvernement du Québec investit également dans le perfectionnement de sa main-d’œuvre avec les compétences nécessaires pour entretenir et réparer les camions lourds. Le mois dernier, le gouvernement du Québec s’est engagé à verser plus de 7 millions $ pour développer un programme de formation de trois ans sur l’entretien des véhicules électriques et hybrides lourds. L’objectif du programme est de former 264 mécaniciens et réparateurs de véhicules électriques et hybrides lourds au Québec, créant ainsi plus d’emplois et une main-d’œuvre qualifiée pour répondre aux besoins de l’industrie croissante des camions électriques au Québec. Focus sur le fret urbain À Montréal, la stratégie d’électrification des transports 2021-2023 de la ville vise d’autres éléments pour réduire les émissions de carbone. Adoptée en 2021, l’un des principaux objectifs de la stratégie est « d’intensifier les efforts pour encourager l’électrification du transport urbain de marchandises ». La Ville souhaite, dans le cadre du projet Colibri, accélérer le déploiement de véhicules zéro émission et réduire la circulation des camions lourds dans la mesure du possible, en transférant certaines livraisons à de plus petits véhicules électriques comme des vélos cargo électriques afin de réduire les embouteillages et les impacts de la pollution à Montréal. Lancé initialement en 2019, Montréal a fortifié le projet Colibri en novembre dernier. Les coursiers à vélo participant au projet comprennent FedEx, Courant Plus et Machool. « Le projet Colibri favorise la cohabitation sécuritaire entre tous les usagers de la route et contribue à une industrie du transport de marchandises urbaine plus verte et plus flexible », a déclaré le porte-parole de Montréal. Le projet vise à éliminer 150 tonnes de CO2 ainsi que plus de 35 000 livraison de camions diesel et plus de 30 000 heures de présence de camions dans les quartiers centraux de Montréal annuellement. Montréal a également adopté une mesure unique au Canada en établissant une zone zéro émission dans certaines parties de la ville d’ici 2030 qui empêchera les véhicules à combustion, incluant les camions, de s’y rendre. Katie Ingram Electric Autonomy Canada
Contribution: André H. Martel
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