Les annonces de mise en service de nouvelles bornes de recharge rapide se multiplient au Québec depuis quelques semaines… et ça ne fait que commencer ! Voici quelques détails sur les projets du Circuit Électrique pour accélérer la transition vers la voiture électrique.
Voilà quelques mois, Hydro-Québec Distribution a reçu, in extremis avant les dernières élections, le mandat de déployer un réseau de bornes de recharge rapide à la hauteur des ambitieux objectifs d’électrification des voitures au Québec. Un réseau de recharge rapide dense et disponible est un incontournable pour que les Québécois continuent à adopter la voiture électrique en nombre de plus en plus grand… et ce malgré nos hivers et l’étendue de notre territoire.
On a annoncé officiellement ces dernières semaines l’ajout de cinq nouvelles stations BRCC d’ici la fin 2018, en plus de deux autres au début de 2019 :
Dans les faits, ces annonces ne sont qu’un avant-goût de la petite révolution qu’Hydro-Québec nous prépare pour 2019. Préparez-vous à être décoiffés :
Au 31 juillet 2018, le réseau Circuit-Électrique d’Hydro-Québec comptait 110 bornes de recharge BRCC [c'est maintenant 124 en date 31 octobre]. Dans son plan déposé à la Régie de l’énergie au mois d’août, notre société d’État propose d’ajouter 154 BRCC sur 83 sites en 18 mois ! Au printemps 2020, le réseau Circuit électrique devrait donc compter près de 264 BRCC !
L’averse d’annonces devrait être particulièrement intense au printemps 2019. Dans les six premiers mois du programme, c’est près de 50 BRCC qu'on prévoit s’ajouter au réseau. Parmi les 154 nouvelles bornes promises dans les 18 premiers mois, une quarantaine sera installée le long du réseau autoroutier, sur une dizaine de sites. De plus, un accent sera mis sur la grande région de Montréal avec 38 BRCC. L'idée est de favoriser la recharge en milieu urbain, à la fois pour les électromobilistes n’ayant pas accès à un stationnement privé, ainsi que de répondre à la demande de bornes rapides dans la région la plus peuplée du Québec.
Un déploiement proactif : devancer la demande
Les gens d’Hydro-Québec font de l’accroissement du nombre de VÉ la source de financement de l’opération. C’est qu’on espère répondre de façon la plus optimale possible à la cible de 300 000 VÉ en 2026. En plus d’investir dans le réseau de recharge, on investit donc déjà dans les outils qui permettront d’anticiper les besoins des consommateurs pour s’assurer que le réseau réponde avec une longueur d’avance à l’expansion du parc de véhicules. Selon le plan soumis à la Régie de l’énergie, Polytechnique Montréal a reçu la commande de développer un outil de localisation des sites à privilégier. Grâce à un algorithme spécialement développé pour Hydro-Québec, on pourra confirmer les meilleurs emplacements pour l’installation des futures BRCC. L’outil permettra un ajustement des prévisions en temps réel en tenant compte du portrait des électromobilistes québécois, des habitudes de déplacement, de la densité de population et de l’évolution des ventes de VÉ par régions.
Le déploiement rigoureux du réseau utilisera aussi l’information recueillie dans le cadre du programme Charge the North, une initiative de la firme FleetCarma financée par Ressources naturelles Canada. Les données réelles d’utilisation des véhicules électriques sont recueillies par l’entremise d’un système de diagnostic embarqué (installé à même la voiture). La collecte de données se terminera le 31 mars 2019. À ce jour, sur environ 800 participants au programme, plus de la moitié proviennent du Québec.
Un réseau évolutif
Dans son plan soumis à la Régie de l’énergie, Hydro-Québec souligne que les sites choisis offriront une flexibilité d’accueil et de configuration. Les sites simples pourront facilement accueillir une deuxième borne au besoin à une fraction du prix initial d’installation. Les sites seront également conçus dès l’origine avec des équipements permettant l’installation de bornes plus puissantes. On donne l’exemple de la possibilité de remplacer deux bornes de 50 kW par une borne de 100 kW dans une Superstation de quatre bornes. Circuit Électrique mettra aussi en place, dès 2019, un banc d’essai permettant de tester les nouvelles technologies. Celui-ci consistera en l’installation, sur un site de test, de plusieurs types de bornes, de différents manufacturiers et de puissances variables. Ces tests permettront de collecter de l’information sur les types de recharge en fonction de la puissance de la batterie du véhicule, en plus de tester la qualité des produits et leur adaptation aux conditions climatiques québécoises, avant leur déploiement. Hydro-Québec sollicitera les électromobilistes du Circuit électrique pour participer à ces tests ou à d’autres projets pilotes.
L’avis de l’auteur
Nous nous préparons bien sûr avec joie à cette avalanche d’annonces concernant le réseau de recharge rapide québécois. Mais nous sommes impatients de constater la rigueur de ce déploiement alors que des régions sont toujours laissées pour compte et que les électromobilistes commencent à se bousculer de plus en plus souvent aux bornes. L’AVÉQ a beau déployer des trésors d’imagination pour entretenir la courtoisie et la fraternité dans la communauté des électromobilistes, certaines stations de recharge sont parfois victimes de leur succès avec une clientèle de plus en plus nombreuse. Souhaitons aussi qu’Hydro-Québec soit sensible à ajuster ses prévisions si les objectifs de nombre de bornes nécessaires se révèlent insuffisants. Nous sommes parfaitement conscients que, pour des raisons d’acceptabilité sociale (et de calcul politique), l’exclusion d’un impact sur les tarifs d’électricité est importante. Mais il faudra aussi garder en tête le caractère encore plus primordial de l’électrification des transports dans un contexte de transition énergétique et de lutte aux changements climatiques. Nous espérons donc que le scénario d’Hydro-Québec sera tout sauf rigide, et que notre société d’État mettra tout en oeuvre pour suivre l’évolution du marché automobile quoiqu’il arrive. Rappelons que certains experts entrevoient une disruption possible du marché entre 2025 et 2030, ce qui signifierait une électrification totale sur les routes québécoises en quelques années seulement alors que le VÉ deviendrait dominant au chapitre des ventes. Reste que ce plan est particulièrement réjouissant, ne serait-ce qu’en raison de la dépolitisation du dossier qu’il représente. Ce plan représente aussi une occasion unique de développer une expertise toute québécoise dans ce domaine, qui sera exportable pour aider d’autres pays à s’adapter à l’inévitable transition vers l’électrification des transports. Voilà un leadership de plus que notre société d’État nous permettra de développer au niveau international.
Sources:
Hydro-Québec Distribution (2018) Établissement d'un service public de recharge rapide pour véhicules électriques (R-4060-2018) La Tribune Le Manic Auteur : Daniel Rochefort Les opinions exprimées dans ce texte n’engagent que l’auteur
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