David Paterson, de General Motors Canada, explique en exclusivité à Electric Autonomy Canada ce que la nouvelle installation de GM dans le parc industriel de Bécancour, dont l’exploitation est prévue en 2025, signifiera pour l’entreprise et pour la chaîne d’approvisionnement en batteries de véhicules électriques au Canada
General Motors Canada et la société coréenne Posco Chemicals ont choisi le parc industriel de Bécancour, au Québec, près de Trois-Rivières, comme site d’une nouvelle usine de matériaux actifs cathodiques (FAO) de 500 millions $ USD. L’annonce de l’installation, qui fonctionnera comme une coentreprise, confirme les soupçons de l’industrie la fin de l’année dernière selon lesquels l’ancien fabricant d’équipement d’origine (OEM) établirait un élément clé de sa chaîne d’approvisionnement en batteries au Canada. La construction de l’usine commencera immédiatement, dit GM, et fournira 200 emplois lorsque l’usine ouvrira ses portes au début de 2025.
Paterson cite l’hydroélectricité à faible coût et sans GES du Québec, ses normes environnementales élevées et sa main-d’œuvre compétente, ainsi que les avantages logistiques de l’emplacement, notamment un port en eau profonde et un accès ferroviaire facile au reste de l’Amérique du Nord, comme facteurs dans la décision.
Le dévoilement officiel comprenait des allocutions de Scott Bell, président de GM Canada, de François-Philippe Champagne, ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, et de Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie et de l’Innovation du Québec. « Ces annonces n’auraient tout simplement pas été possibles sans le travail et les efforts considérables des ministres Champagne et Fitzgibbon, qui partagent tous deux notre vision de bâtir une chaîne de valeur des véhicules électriques ici en Amérique du Nord », a déclaré Bell. « En d’autres termes, le matériau actif cathodique est un maillon essentiel de la chaîne d’approvisionnement qui s’étend de l’exploitation minière à la mobilité. » « C’est énorme », a ajouté Champagne. « Ce n’est pas seulement une grande nouvelle pour GM et Posco. C’est une grande nouvelle pour le Canada, une grande nouvelle pour le Québec et une grande nouvelle pour Bécancour. » Maillon important de la chaîne d’approvisionnement des batteries Ultium Comme l’a noté Bell, l’installation de l’usine qui remplit un maillon important dans les plans de GM visant à construire sa propre chaîne d’approvisionnement intégrée de batteries de véhicules électriques en Amérique du Nord est essentielle si elle veut tenir ses promesses ambitieuses de convertir toute sa gamme de véhicules au tout électrique d’ici 2035. Pour y parvenir, il a déclaré que la compagnie investirait 35 milliards $ USD d’ici la fin de 2025 afin de produire un million de véhicules électriques annuellement en Amérique du Nord. En 2020, GM avait dévoilé sa plateforme de batteries Ultium, pour alimenter ses véhicules électriques. GM a commencé à investir massivement dans ses capacités de fabrication de batteries, elle a annoncé son intention de construire quatre usines de fabrication Ultium aux États-Unis. Le premier, dans l’Ohio, sera mis en production cette année. Deux autres, au Tennessee et au Michigan, suivront, tandis que le quatrième emplacement n’a pas encore été annoncé. Le matériau cathodique produit au Québec devra approvisionner ces usines aux États-Unis. L’usine de Bécancour est le premier nouvel investissement de GM dans la chaîne d’approvisionnement de batteries de véhicules électriques au Canada. GM avait déjà annoncé son intention de convertir son usine CAMI existante à Ingersoll, en Ontario, pour produire les fourgonnettes de livraison électriques BrightDrop, à compter du quatrième trimestre de cette année. De plus, elle dispose également d’un centre de recherche pour le développement de batteries Ultium à Markham, en Ontario. Bien que Paterson ait confirmé lors d’un point de presse que la quatrième usine de batteries Ultium de GM sera située aux États-Unis, il a également laissé entendre qu’il pourrait y avoir des possibilités d’ouvrir une usine de cellules de batteries au Canada. Paterson également ajouté que GM pourrait avoir besoin de plus d’usines de batteries au-delà des quatre actuellement prévues. « Considérant le nombre de véhicules électriques à produire, les quatre usines de batteries prévues sont assez bien réparties géographiquement, mais il se peut que la demande évolue, nous pourrions devoir créer d’autres sites. », dit-il. « Vous avez déjà l’usine Brightdrop au Canada. Nous pouvons actuellement la fournir avec nos usines Ultium, mais cela pourrait changer. » Les cathodes au Canada sont essentielles Dès le milieu de 2021, Electric Autonomy Canada avait fait un suivi sur la chaîne d’approvisionnement des batteries de véhicules électriques au Canada dans une série en six parties étudiant les divers segments et défis rencontrés à chaque étape. Paterson avait été un conférencier sur l’un des panels. À la suite de cette série, Electric Autonomy a commencé à rendre compte des activités de GM en Amérique du Nord signalant que la compagnie pourrait déplacer la production de batteries au Canada, et au Québec en particulier, une province avec laquelle elle a une longue histoire, mais qui avait cessé de produire des voitures il y a près de deux décennies. Dans une entrevue exclusive l’an dernier, Bell a déclaré à Electric Autonomy « qu’il y a certainement une place pour le Canada » dans la chaîne d’approvisionnement du constructeur automobile. Lors de cette entrevue, des signaux nous laissaient entendre que le Québec pourrait être un site important dans la chaîne d’approvisionnement des batteries de véhicules électriques. La société ontarienne StromVolt avait déjà annoncé en octobre dernier, qu’elle cherchait à sécuriser la fabrication de cellules de batteries dans la région de Bécancour, Britishvolt, établie au Royaume-Uni, avait également annoncé rechercher un « emplacement stratégique » au Québec pour ses premières installations canadiennes qu’elle n’a pas toujours pas confirmée, tandis que la société chimique allemande BASF a révélé la semaine dernière qu’elle établirait ses propres installations dans le même parc industriel pour approvisionner des partenaires non spécifiés.
La production de composants essentiels pour les batteries de véhicules électriques pourrait bientôt commencer dans une usine de BASF au parc industriel de Bécancour, au Québec. Photo : BASF
« Ce sera comme un village à Bécancour », dit Paterson. « Nous connaissons déjà nos voisins. Nous savions que BASF s’intéressait à l’une des parcelles là-bas, et il y en a d’autres qui sont installés là aussi. Et cela peut être avantageux lorsque vous cherchez des moyens de soutenir mutuellement votre infrastructure. » Electric Autonomy a suivi de près les développements aux trois niveaux de gouvernement en Ontario et au Québec et s’est entretenu avec des dizaines d’experts de l’industrie sur l’importance pour le Canada de développer sa chaîne d’approvisionnement nationale de batteries de véhicules électriques et sur l’importance particulière de sécuriser les installations de fabrication de cathodes, d’anodes et de cellules de batteries afin de participer pleinement au développement du marché des véhicules électriques. Le consensus parmi ces experts est que c’est également un avantage pour les équipementiers de consolider leurs chaînes d’approvisionnement localement. Dans le cas de GM, le matériau cathodique représente environ 40% du coût de chaque batterie de véhicule électrique. Lorsqu’on lui a demandé si cette usine lui permettrait de réduire les coûts de production, Paterson a répondu que les réductions de coûts sont davantage fonction de la R & D. Il affirme que la stratégie de GM consistant à développer sa propre chaîne d’approvisionnement intégrée de batteries de véhicules électriques permet à l’entreprise de « s’approprier de sa propre chimie ». Cette propriété, à son tour, se prête à des progrès en R&D et à des économies de coûts potentielles. « L’objectif de GM tout au long de cette chaîne d’approvisionnement, est de faire des progrès et de réduire les coûts de production », a déclaré Paterson. Les efforts portent leurs fruits L’autre point important à retenir de l’annonce de GM, ainsi que de celle faite la semaine dernière par BASF, est qu’ils indiquent que les efforts pour défendre les intérêts fédéraux et provinciaux portent enfin leurs fruits. Les fonctionnaires et les intervenants ont mené des campagnes âprement disputées pour susciter l’intérêt de l’industrie et obtenir des investissements dans des technologies propres et la fabrication au Canada. Les récents événements mondiaux, allant de la pandémie de COVID-19 à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, ont confirmé l’importance de sécuriser une chaîne d’approvisionnement de batteries pour véhicules électriques en Amérique du Nord. « Nous avons tous été choqués et horrifiés par la situation en l’Ukraine », a déclaré Champagne, avant de discuter de la flambée des prix du pétrole qui fait que certains conducteurs de véhicules à essence paient près de 2 $ le litre à la pompe. En outre, il y a des impacts sur la chaîne d’approvisionnement au sens large, car les projets et les ressources sont perturbées par des conflits dans des corridors clés. Le Canada est considéré comme un refuge mondial pour le secteur manufacturier. En plus du climat politique stable, il existe un grand intérêt du gouvernement à inciter les entreprises à s’établir au Canada, tandis qu’une abondance d’électricité propre et un accès à l’ensemble du marché nord-américain signifient que les équipementiers et les fabricants de batteries de véhicules électriques peuvent en tirer de nombreux avantages. " Nous avons le talent, l’ambition et l’expertise requises pour vous accueillir au Canada », dit Champagne. « J’aime vraiment expliquer pourquoi le Canada est le meilleur endroit où investir. Je peux vous assurer qu’il y a de nombreux projets à venir. La prochaine pièce du puzzle est certainement la possibilité d’obtenir une usine de fabrication de batteries. Ce sont des discussions très actives." Le communiqué de presse de GM sur l’usine de cathodes est ici. Brian Banks Electric Autonomy Canada
Contribution: André H. Martel
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