Les géants de l’automobile Tesla et Volvo ont annoncé une pause dans la production de leurs véhicules électriques en Europe. Les véhicules électriques enregistrent des ventes et une demande record dans le monde entier, mais le manque de pièces signifie que les usines ne peuvent pas maintenir leur production. Les raisons sont complexes. Les pièces prennent plus de temps à être livrées, car les attaques des rebelles houthis forcent les navires à éviter la mer Rouge. Et il y a aussi des problèmes liés au monopole que les usines chinoises détiennent sur de nombreux composants des véhicules électriques, y compris les batteries au lithium. Ces facteurs ont rendu plus difficile et plus coûteux le transport de pièces à travers le monde pour soutenir la production de véhicules électriques en Europe. Les chaînes d’approvisionnement mondiales sont structurées. Le transport des marchandises vers les usines et vers les clients est fortement axé sur la demande. Prévoir cette demande est devenu une industrie, évaluée à plus de 27 milliards de dollars américains (36,4 milliards $ CAN). Mais même avec toute cette gestion, les tensions politiques, les pandémies et même les navires bloqués peuvent bouleverser cette industrie du jour au lendemain. C’est particulièrement le cas lorsque l’offre est limitée, comme c’est le cas pour les batteries de véhicules électriques en provenance de Chine. En 2021, un porte-conteneurs appelé Ever Given s’est échoué dans le canal de Suez, bloquant cette route maritime vitale de l’Extrême-Orient vers l’Europe pendant près d’une semaine. Le blocage a empêché les marchandises de passer par le canal, ce qui a eu pour effet d’augmenter les prix du transport maritime par conteneurs. Même si le canal de Suez est ouvert depuis deux ans, les récentes attaques contre des navires commerciaux en mer Rouge ont poussé les compagnies maritimes à détourner leurs navires vers des routes moins directes, ce qui a entraîné des coûts et une perte de temps considérable. Qu’est-ce que cela signifie pour les consommateurs et la planète ? Et existe-t-il des moyens pour les fabricants de véhicules électriques de contourner ces risques ? Les Houthis ont mené de multiples attaques contre des navires marchands en mer Rouge. David G40/Shutterstock Les chaînes d’approvisionnement sont capricieuses Si les fabricants ne peuvent pas produire en raison de pénuries, les usines qui fabriquent un seul produit, comme la Gigafactory de Tesla près de Berlin qui produit le VUS Model Y, le plus vendu, n’ont qu’une seule option : faire tourner les lignes de production au ralenti. Les salariés sont renvoyés à la maison et, lorsque possible, quelques employés continuent d’assumer d’autres fonctions tels que les contrôles de sécurité et les tests. Tesla et Volvo ont d’autres usines et d’autres modèles qu’ils peuvent produire. Mais même les véhicules qui partent d’usines en Chine pour être livrés en Europe sont affectés par la situation sur la mer Rouge. Le constructeur automobile Geely, qui produit également des Volvo en Chine, prévoit que les consommateurs européens qui attendent leurs nouvelles voitures au début de 2024 connaitront certains retards. Ces retards ne sont pas le seul problème associé au contournement des pièces et de véhicules par l’Afrique pour éviter la mer Rouge. Les 4 900 km supplémentaires parcourus par les navires signifient qu’ils consomment beaucoup plus de carburant. Peter Sand, analyste du fret maritime et aérien de Xeneta, a prudemment estimé que chaque navire empruntant cette route produit 2 700 tonnes supplémentaires de CO₂. Si l’industrie du transport maritime international était un pays, elle figurerait déjà parmi les pays les plus émetteurs de carbone au monde. Les émissions de gaz à effet de serre des navires pourraient augmenter d’environ 50 % d’ici 2050. Les véhicules électriques sont sans aucun doute meilleurs pour l’environnement que leurs homologues à combustion. Cependant, lorsque l’offre est limitée, les acheteurs n’ont souvent pas d’autre choix que de retarder l’évolution. Les chiffres de vente de 2023 confirment que les acheteurs n’ont pas acheté autant de véhicules électriques au cours du mois de septembre, que l’année précédente, en raison de l’incertitude du marché. La demande de véhicules demeure positive. Mais le marché ne peut suivre que ce que les constructeurs peuvent fabriquer. Et ce n’est pas en interrompant la production que l’on va faciliter la transition. Les fabricants peuvent-ils résoudre la quadrature du cercle ? De toute évidence, ce problème dans la chaîne d’approvisionnement mondiale a d’énormes répercussions sur les fabricants et les consommateurs. L’usine de Tesla en Allemagne est discrète sur les chiffres de production réels, mais des rapports affirment qu’elle fabrique environ 4 000 unités par semaine. Chaque voiture génère un bénéfice d’environ 8 000 $ US, de sorte que cette fermeture pourrait, en termes bruts, entraîner une perte de 64 millions $ US de bénéfices. Comment peuvent-ils compenser cette situation ? Les chaînes d’approvisionnement ont une capacité d’élasticité, mais les gestionnaires de la chaîne d’approvisionnement sont toujours désireux de réduire le potentiel de ce que l’on appelle « l’effet d’entrainement De là nécessité de commander des quantités plus importantes de matériel pour éviter les pénuries qui peuvent retarder la production. Gérer les attentes et rassurer les acheteurs permettra ainsi d’aplanir les éventuels problèmes d’approvisionnement. Rendre les chaînes d’approvisionnement plus résilientes est également un domaine crucial de recherche. Le réacheminement des navires pour éviter la perte de composants est un exemple de la mise en pratique de ce concept. Si les matériaux étaient volés ou détruits par les forces rebelles ou les pirates en empruntant la route de la mer Rouge, la perte de revenus serait encore plus importante. Ainsi, alors que le détournement des routes est néfaste pour la planète et sans doute une situation frustrante pour les manufacturiers et les consommateurs, cette situation est inacceptable Le constructeur automobile Stellantis a annoncé qu’il contournait la mer Rouge en transportant des pièces par avion vers ses usines de l’UE. Mais, bien que cela soit plus rapide que d’expédier des pièces en contournant l'Afrique, ce n’est bon ni pour les émissions de CO₂ ni pour la facture. Stellantis compte sur le fret aérien pour faire face aux perturbations temporaires de l’approvisionnement. Summit Art Creations/Shutterstock Maintenir l’économie mondiale Pour réduire le potentiel perturbateur des tensions géopolitiques, Tesla et d’autres constructeurs automobiles tentent de plus en plus de produire leur matériel plus près du consommateur. La stratégie consiste à implanter des usines sur chaque continent ou zone géographique où leurs produits sont vendus. Cependant, comme la Chine produit encore de nombreuses pièces de base pour les véhicules électriques, les fabricants devront investir massivement dans leurs fournisseurs et les rapprocher de leurs usines. En fin de compte, cela nécessitera d’investir dans les compétences et d’augmenter le nombre d’usines. Mais avec la baisse des marges bénéficiaires, la domination de l’industrie manufacturière chinoise et les pressions inflationnistes, la production continuera d’être un casse-tête. Tom Stacey La conversation Contribution: André H. Martel
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