Suite à l’adoption du projet de loi #184 intitulé “Loi favorisant l’établissement d’un service public de recharge rapide pour véhicules électriques”, nous souhaitons proposer certaines pistes de solutions afin que le déploiement des bornes rapides (BRCC) au Québec se fasse de manière à la fois efficace et harmonieuse.
Ce projet de loi vise à offrir au Circuit Électrique la latitude nécessaire au déploiement d’un réseau de recharge rapide et ce, de manière plus structurée. De coup, il ne dépendra plus de partenaires financiers pour installer des infrastructures de recharge là où le besoin est pressant, et non uniquement au gré des exigences et contraintes de ses partenaires. Ce nouveau modèle d’affaires devrait offrir une couverture plus complète aux électromobilistes et l’assurance d’une évolutivité des sites selon l’achalandage futur. C’est un changement nécessaire qui est une bonne nouvelle pour les propriétaires actuels et futurs de véhicules 100% électriques ainsi que les véhicules hybrides rechargeables possédant un port de recharge rapide tel que le Mitsubishi Outlander PHEV. Nous considérons cependant que l’offre initiale de BRCC ne suffit pas à répondre à la demande croissante de recharge rapide liée à l’augmentation du nombre de véhicules 100% électriques sur nos routes, et ce même si un ratio de 1 BRCC pour 110 véhicules électriques a été respecté jusqu'à présent au Québec. Avec les cibles gouvernementales ambitieuses en matière de véhicules zéro émission (VZÉ), visant 100,000 VZÉ en 2020 et jusqu’à un million de VZÉ en 2030 sur nos routes, nous observons présentement les lacunes suivantes: - Le réseau de BRCC du Circuit Électrique au Québec ne couvre actuellement que certains corridors autoroutiers les plus sollicités, laissant de nombreux autres dans un état désertique; - La majorité des véhicules électriques actuellement sur nos routes ne permettent pas d’effectuer des voyages de longues distances et la prochaine phase de déploiement de BRCC devra combler les nouveaux besoins de véhicules électriques avec plus de 300 KM d’autonomie; - Les données actuelles d’utilisation du Circuit Électrique ne reflètent pas les besoins futurs puisque les technologies et les habitudes évoluent très rapidement; - Un facteur important qui n’a pas été considéré est que le Québec est un vaste territoire et que celui-ci est situé en région nordique, impliquant plus de besoins de recharge rapide pour de plus grandes distances. Avec la loi 184, le Circuit Électrique sera mandaté par l’état Québécois pour déployer un réseau structurant de recharge rapide, laissant ainsi très peu de place aux réseaux privés concurrents, provoquant ainsi un quasi-monopole de recharge rapide au Québec. Cette situation particulière viendra donc avec une responsabilité supplémentaire qui sera de desservir adéquatement tout le territoire québécois car le service offert par le Circuit Électrique devra à terme être considéré comme un service essentiel au même titre que celui d’Hydro-Québec. Il faudrait donc déployer un nombre important de BRCC pour répondre aux pointes de demande de recharge rapide requis par les véhicules entièrement électriques (VEÉ). Notre analyse des meilleures pratiques ailleurs dans le monde ne concorde pas avec les chiffres présentés par le Circuit Électrique. En commission parlementaire, la directrice de cet organisme a déclaré qu’un ratio de 250 VEÉ pour 1 borne rapide était une norme internationale. Cette déclaration proviendrait peut-être d’une étude de la firme Ethree (https://www.ethree.com/) effectuée pour le compte du Circuit Électrique, mais comme ses représentants n’ont pas accepté de la rendre publique, nous ne pouvons le confirmer. De notre côté, nous avons analysé la littérature scientifique sur le sujet et les ratios que d’autres pays ont adopté suite à des études similaires à celle du Circuit Électrique afin d’en arriver à un ratio de 2% en fonction des VEÉ; les ratios varient beaucoup selon les distances à parcourir, les températures froides, la densité de population, et l’autonomie des véhicules. Le document «Global EV Outlook 2017» de l’IEA (1) précise en annexe les données sur le nombre de véhicules entièrement électriques ainsi que le nombre de bornes de recharge rapide (incluant celles de Tesla) dans les principaux pays industrialisés. Le tableau suivant fait état des différents ratios de bornes rapides :
On remarque que le Canada préconise présentement un ratio de 50 VEÉ pour 1 BRCC, alors que l’étude commandée par le Circuit Électrique suggère un ratio de 250:1, pire que ce qu’on retrouve en Inde. Nos conditions climatiques plus froides justifient donc parfaitement un ratio de 50:1.
Afin d’échapper de nouveau à une situation frustrante pour les électromobilistes, nous proposons une stratégie de déploiement de BRCC qui respecte un ratio de 50 véhicules électrique pour 1 BRCC ou 2%. Ce ratio a permis aux pays le respectant d’éviter le type de congestion aux emplacements de recharge rapide, situation qui a freiné plusieurs électromobilistes dans l’utilisation de leur véhicule électrique pour les longs trajets. Ce réseau devra être déployé dans toutes les régions et sous-régions du Québec, en tenant compte d’un minimum de bornes rapides par site défini selon les critères suivants, pour que l’attente soit limitée au minimum: - minimum 4 BRCC par site desservant un axe autoroutier ou un centre-ville important (SuperStation); - minimum 2 BRCC par site desservant une route secondaire ou une ville. Il sera important de déployer des sites de recharge pouvant être doublés dès le départ, pour être mis à jour rapidement en prévoyant les besoins futurs. Notre recommandation de déploiement initial excède le budget disponible par la loi 184, qui ne permet que le déploiement d’une borne rapide par 250 véhicules. Nous souhaitons donc qu’une nouvelle source de financement puisse supplémenter les efforts fournis par Hydro-Québec dans cette nouvelle stratégie d’affaires qui aura un impact majeur sur les ventes de véhicules électriques au Québec. Si l’argent du Fonds Vert réservé aux stations de ravitaillement en hydrogène (10M$) à l’exclusivité de 50 Toyota Mirai avait été offert au Circuit Électrique, un meilleur ratio BRCC:VEÉ aurait pu être mis en fonction. Considérant les sommes disponibles au sein du Fonds Vert, moins de 5% de ces sommes serait nécessaire. En effet, en date du 23 mars 2018 « d’un budget de $3,7 milliards pour la période 2013-2020, ses dépenses au 31 mars 2017 s’établissaient à $1,4 milliard. » Il restait donc $2,3 milliards dans le Fonds Vert en date du 31 mars 2017. Nous espérons également que le fond fédéral en infrastructures de recharge permettra de supplémenter le budget initial. Finalement, un effort financier de la part des manufacturiers automobiles offrant des VEÉ serait naturel, puisque ces derniers ont tout à gagner en investissant dans le réseau du Circuit Électrique. Peu importe le dénouement, nous continuerons à représenter les intérêts des électromobilistes auprès des instances gouvernementales afin de s’assurer que ce réseau de recharge rapide offre une expérience-client exceptionnelle, et influence de futurs consommateurs à se tourner vers le transport électrique. Collaboration: L'équipe de l'AVÉQ (1) https://www.iea.org/publications/freepublications/publication/GlobalEVOutlook2017.pdf
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