Selon une nouvelle étude effectuée en Californie, les véhicules électriques ont roulé la moitié moins de kilomètres que les voitures à essence et ont consommé beaucoup moins d'énergie que prévu par les planificateurs du réseau.
Les résultats de l' étude, publiés hier par le Bureau national de la recherche économique, pourront être utiles à la nouvelle administration Biden et à plusieurs États pour leur permettre de planifier les ressources qu’ils devront consacrer pour soutenir le développement des voitures électriques. Des chercheurs, incluant Fiona Burlig, professeur de politique énergétique et environnementale à l'Université de Chicago, ont analysé les données du secteur des services publics pour comparer le niveau d’utilisation des VÉ par rapport à leurs homologues à essence. Les résultats furent surprenants. Il y a quatre ans, en Californie, les véhicules électriques parcouraient en moyenne 8 500 km annuellement, soit moins de la moitié de la distance parcourue par une voiture à essence moyenne. Et leur consommation d'énergie ne représentait qu'une infime fraction de ce que les fonctionnaires avaient estimés. "Si l’étude a confirmé que les gens font moins de route avec leurs véhicules électriques", a déclaré Burlig, "se pourrait-il que le véhicule électrique soit un moins bon substitut à la voiture à essence que nous le pensions?" Burlig a cependant reconnu que la portée de l'étude avait des limites. En effet, elle a évalué l'utilisation des VÉ en Californie sur une période de trois ans se terminant en 2017. Les VÉ étaient alors moins populaires; le Model 3 de Tesla, actuellement le véhicule électrique le plus vendu du pays, venait à peine d'apparaitre sur les routes. L'étude n'avait pas non plus analysé les raisons pour lesquelles les déplacements des voitures électriques étaient si limités. Mais les chercheurs croient connaitre les vraies raisons. Il se peut que les conducteurs anxieux concernant l’autonomie, alors qu’il y avait peu de bornes de recharge publiques, n'aient pas fait confiance à leurs véhicules électriques pour les longs trajets. Il est également possible que les ménages possédant plus d'une voiture considèrent leur VÉ comme un véhicule auxiliaire. Ou encore, le fait que les tarifs d'électricité de la Californie, parmi les plus élevés du pays, rendaient l’utilisation de leurs VÉ moins intéressants. Les autres co-auteurs de l'étude étaient James Bushnell et David Rapson, tous deux professeurs d'économie à l'Université de Californie, Davis, et Catherine Wolfram, professeur de commerce à l'UC Berkeley. Burlig a déclaré qu'ils n'avaient pas initialement prévu concentrer leur attention sur les véhicules électriques. Ils étaient plus intéressés par la façon dont de nouveaux acteurs, comme les véhicules électriques et les panneaux solaires, affecteraient la fiabilité du réseau électrique. Mais les chercheurs ont changé de cap lorsqu'ils ont réalisé que l'impact réel des VÉ sur le réseau était encore inconnu. Des études antérieures menées en Californie, qui abrite environ la moitié de tous les véhicules électriques aux États-Unis avaient fait des recherches auprès de ménages qui avaient installé leurs bornes de recharge sur un compteur électrique séparé. Une situation tout à fait exceptionnelle. Effectivement, la plupart des maisons équipées de bornes de recharge pour véhicules électriques sont reliées au compteur d'énergie de la maison incluant tous les autres appareils, comme les réfrigérateurs, les laveuses, sécheuses et les lumières. Pour déterminer la quantité de jus que les propriétaires de VÉ utilisaient, les chercheurs ont obtenu les adresses de ceux qui ont immatriculé de nouvelles voitures électriques en Californie. Ensuite, ils ont comparé ceux-ci à la base de données des clients des services publics de l'État. Normalement, l’accès aux données énergétiques aussi spécifiques est interdite, mais les chercheurs ont profité d'une loi californienne qui permet aux chercheurs universitaires d’y avoir accès. Ils ont constaté que la recharge d'un véhicule électrique augmentait la consommation d'électricité de 2,9 kilowattheures par jour pour une maison moyenne. Cette donnée est importante car elle est inférieure à l’évaluation de l’État de Californie. La California Energy Commission avait estimé qu'un véhicule électrique en consomme presque trois fois plus, soit environ 7 ou 8 kWh par jour. Ensuite, les chercheurs ont estimé la distance réelle parcourue par ces véhicules. Ils ont pu effectuer cette évaluation en notant combien la consommation d'énergie d'une maison augmentait suite à l’achat d’un VÉ et en comparant le résultat à la quantité d'énergie utilisée par un modèle particulier de VÉ en roulant. Cela a abouti à la conclusion que le VÉ moyen en Californie du Nord parcourait 8 500 km annuellement. À titre de comparaison, l'Enquête nationale sur les voyages des ménages, réalisée par le Département américain des transports, estime que le véhicule de tourisme parcourt en moyenne 20 000 kilomètres par an. Les chercheurs ont découvert une autre information intéressante: les propriétaires de Tesla ont consommé près de deux fois plus de kilowattheures que les autres marques de véhicules électriques. L’étude n’a pas permis de percer ce mystère, mais Burlig a une théorie, liée au fait que les Tesla ont de plus grosses batteries et offrent plus d’autonomie que ses compétiteurs. "Si j’étais intéressée à utiliser mon véhicule électrique sur de longs voyages", dit-elle, "je serais plus susceptible d'investir dans une Tesla que si je l'utilise uniquement pour circuler en ville." E&E News
Contribution: André H. Martel
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