Un pays nordique où le transport électrique est roi? Non, il ne s'agit pas du Québec, mais de la Norvège, un pays qui exporte énormément de pétrole, mais où le gouvernement est précurseur dans la transition des moteurs thermiques vers les moteurs électriques. Le Québec pourrait-il s'inspirer du succès norvégien, où 18% des voitures neuves sont électriques? L'EXEMPLE NORVÉGIEN
«La Norvège est le seul pays au monde qui est parvenu à forcer le passage au véhicule électrique, observe Sylvain Castonguay, directeur Innovations à l'Institut du véhicule innovant (IVI). Ce pays a créé le momentum initial qui a permis de pousser au changement.» Depuis 20 ans, le gouvernement norvégien a incité ses automobilistes à changer d'énergie, à la fois en favorisant l'automobile électrique, et en dissuadant de recourir au moteur thermique. Résultat: ce pays de 5 millions d'habitants a enregistré 31% des ventes d'automobiles électriques de l'ensemble de l'Europe, selon les chiffres de l'Association norvégienne pour la voiture électrique. Pénaliser le moteur thermique La Norvège n'a pas seulement incité ses citoyens à acheter des automobiles électriques, elle a aussi découragé le moteur thermique, bien que le pays soit exportateur de pétrole. «Année après année, les pénalités s'accumulent pour les véhicules thermiques», constate Sylvain Castonguay. La réglementation locale prévoit de lourdes taxes pour les véhicules qui émettent des gaz à effet de serre, les rendant de 50% à 200% plus coûteux que le prix affiché par le manufacturier. En Norvège, les véhicules électriques ne sont pas seulement exemptés de taxes - la taxe de vente locale est de 25% -, mais ils bénéficient d'avantages non financiers au quotidien, explique Sylvain Castonguay. Le royaume nordique offre des voies réservées aux automobiles électriques, qui peuvent aussi emprunter les couloirs prévus pour les bus. Bien entendu, les avantages financiers restent appréciés: en plus de bénéficier du stationnement gratuit en ville, les conducteurs de véhicules électriques sont exemptés de péages autoroutiers. Et ce pays réputé pour ses fjords a aussi offert l'accès gratuit à ses traversiers pour les véhicules électriques. Mais la Norvège a tellement aidé à l'essor du véhicule électrique que le gouvernement prévoit désormais de réduire sa contribution. En effet, l'objectif initial était de voir 50 000 véhicules électriques rouler sur les routes du pays, soit 9 fois le total des automobiles électriques circulant au Québec. Or, cette cible a été atteinte au mois de mai, consacrant la Norvège comme premier pays au monde en la matière, avec 1 véhicule électrique pour 100 habitants. Le gouvernement norvégien s'apprête donc à revoir l'exemption de taxes de vente, alors qu'il a déjà annoncé que l'exemption des frais annuels d'immatriculation ne sera plus totale. Elle ne sera plus que de 50% en 2018, avant d'être abandonnée en 2020, précise l'Association norvégienne pour la voiture électrique. Libre-service électrique à Montréal De son côté, la Ville de Montréal s'apprête à lancer un appel d'offres international visant à déployer un millier de véhicules électriques en libre-service à Montréal d'ici cinq ans. Dans un premier temps, 250 automobiles seraient proposées sur le même modèle que le BIXI. Ces véhicules pourraient se garer dans la quasi-totalité des stationnements de la ville, y compris dans des zones réservées au stationnement des véhicules des résidants. Pour le maire de Montréal, Denis Coderre, ce projet doit permettre à la Ville de contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre de 30% d'ici 2020. L'électrification des transports n'est pas une fin en soi, affirme Catherine Morency, professeure et titulaire de la chaire Mobilité à l'École polytechnique de Montréal. Cette substitution d'une énergie par une autre «doit faire partie d'une politique qui vise à changer l'offre plus largement», souligne-t-elle. Or, le risque existe de négliger l'enjeu des congestions et des problèmes de stationnement, selon Mme Morency. «On sait bien que si on remplace 100% des automobiles par autant de véhicules électriques, cela laissera l'échangeur Turcot aussi congestionné qu'avant», illustre-t-elle. Source: La Presse+ / Didier Bert Contribution: François Viau
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