Foxconn veut construire 50% de toutes les voitures électriques fabriquées dans le monde, en utilisant sa plateforme Mobility in Harmony qui lui permet d’accéder à de nombreux modèles de véhicules électriques.
À l’aube de l’ère des véhicules électriques, il y a environ 12 ans, les constructeurs automobiles traditionnels craignaient que dans le meilleur des mondes des voitures électriques, ils ne deviennent que des assembleurs de composants provenant d’une multitude de fournisseurs, allant de fabricants de batteries à des manufacturiers de moteurs et d’écrans tactiles. Ils anticipaient le moment où ils cesseraient d’être de vrais manufacturiers comme ils l’étaient dans le bon vieux temps où chaque constructeur automobile fabriquait ses propres moteurs et ses transmissions. Une douzaine d’années plus tard, Foxconn trace la voie à suivre pour devenir un assembleur clé pour les principaux fabricants mondiaux. La plupart des clients ne se soucient pas vraiment de l’endroit où leurs nouvelles voitures sont construites; Ils veulent simplement qu’elles les emmènent là où ils veulent aller de manière fiable et sûre. En fait, il existe toute une industrie largement inconnue du public qui assemble des voitures pour des entreprises de marque. La compagnie canadienne Magna International en est une. Elle fabrique la Jaguar I-Pace ainsi que plusieurs autres véhicules. Geely a exprimé son intention de devenir un manufacturier sous-contractant et le groupe chinois Guangxi Automobile a commencé à fabriquer des véhicules électriques pour la société japonaise Sagawa Express Co. Même le groupe Volkswagen se lance dans l’action, offrant son châssis de voiture électrique MEB à d’autres fabricants. Ford dit qu’elle offrira bientôt plusieurs véhicules électriques basés sur sa plateforme à ses clients européens. De nombreux lecteurs croient qu’il s’agit d’un marché de niche, mais Goldman Sachs estime que la production externe de véhicules électriques entraînera la fabrication de 800 000 véhicules électriques d’une valeur de 36 milliards $ USD en 2025 et de 3,2 millions de véhicules électriques d’une valeur de 144 milliards $ USD en 2030. Cela représente un marché lucratif pour ceux qui peuvent répondre à la demande. Foxconn est à la recherche de clients Foxconn possède maintenant l’ancienne usine de GM à Lordstown dans l’Ohio, une installation capable de produire 330 000 véhicules annuellement et encore plus si on ajoute des heures supplémentaires. Elle fabrique actuellement des camions électriques Endurance pour Lordstown Motors et prévoit y construire également le Fisker Ocean. Mais ces deux produits n’utiliseront qu’une infime partie de la capacité de cette usine. Foxconn est à la recherche d’autres clients. Foxconn aimerait construire environ 300 000 véhicules électriques à l’usine, a récemment déclaré à Reuters Ian Upton, le directeur du contrôle de la production chez Foxconn Ohio. « Nous aimerions trouver un client nous permettant de produire 250 000 véhicules ou plus, et nous pourrions maximiser notre infrastructure avec quelques supplémentaires produits de niche. » « La majorité de nos objectifs devraient se concrétiser en 2023 », a déclaré la société dans un communiqué à Reuters. « La demande de véhicules électriques entraîne des changements majeurs dans l’industrie où les principaux constructeurs automobiles traditionnels sont à la recherche de solutions plus efficaces et plus intelligentes. » La proposition de l’entreprise est simple : laissez nous construire votre prochain véhicule électrique. Elle a embauché un ancien dirigeant de Nissan, Jun Seki, pour diriger son programme de fabrication aux États-Unis. Les véhicules assemblés à Lordstown seront admissibles aux incitatifs fédéraux prévus par la Loi sur la réduction de l’inflation, à condition que toutes les autres dispositions concernant la source des matériaux et des composants de la batterie soient respectées. Cela pourrait intéresser certaines entreprises qui ne disposent pas actuellement de leur propre usine de fabrication aux États-Unis. Construire de nouvelles usines à partir de zéro coûte excessivement cher et prend des années avant que les premières voitures ne commencent à sortir de la chaîne de montage. La plateforme Foxconn Mobility In Harmony Foxconn compte sur sa plateforme Mobility in Harmony EV, qu’elle appelle son « système Android pour les véhicules électriques ». L’idée est que si elle est capable de standardiser les principaux systèmes nécessaires à la fabrication d’automobiles électriques, elle sera en mesure de les adapter rapidement et à moindre coût pour construire plusieurs modèles pour une variété de clients. Cette approche est similaire au plan élaboré par Canoo pour fabriquer des « planches à roulettes » contenant tous les composants nécessaires à un véhicule électrique, pour finalement y ajouter une carrosserie. « Nous voulons créer le genre d’écosystème pour que n’importe qui, par exemple, United Airlines, puisse décider de vendre des voitures », a récemment déclaré à Reuters Jerry Hsiao, directeur des produits chez Foxconn, lors d’une visite de l’usine de Lordstown. Hsiao a par le passé travaillé sur le premier téléphone Android pour Google et voit maintenant les véhicules électriques comme un outil commercial similaire. Les ambitions de Foxconn sont agressives. Initialement, elle vise 5% du marché mondial des véhicules électriques et l’équivalant de 33 milliards $ USD de revenus provenant de la fabrication de véhicules électriques et de composants d’ici 2025. Son objectif à plus long terme est de fabriquer près de la moitié des véhicules électriques sur la planète. 5% du marché, en supposant un taux d’adoption des véhicules électriques de 20% d’ici 2025, représente environ 900 000 véhicules. Foxconn fournit déjà des pièces à Tesla et fabrique des modules de caméra pour les constructeurs automobiles et certains fournisseurs. « Ils peuvent probablement acheter du matériel moins cher que n’importe qui sur terre », a déclaré Raymond Tsang, associé chez Bain & Company. Ce qu’il faut retenir Personne ne peut accuser Foxconn de fixer ses attentes trop bas. 50% du marché mondial des véhicules électriques? C’est certainement une grosse commande. Cela peut rappeler à certains lecteurs l’énorme usine d’écrans tactiles du Wisconsin promue par Foxconn, en présence de Donald Trump, du gouverneur du Wisconsin Scott Walker et de l’ancien président de la Chambre Paul Ryan. L’usine de 20 millions de pieds carrés devait fournir des emplois à 13 000 travailleurs américains. Le Wisconsin a promis plus de 4 milliards $ USD de crédits d’impôt pour Foxconn, la compagnie a défriché des terres en expulsant les gens de leurs maisons et a détourné l’eau du lac Michigan pour soutenir l’usine. Mais il s’est avéré que pendant que Foxconn faisait ce grand spectacle, aucune usine n’était réellement construite, même si selon The verge, Foxconn continuait de dire le contraire. Pouvons-nous en déduire que ce stratagème est un autre gâchis conçu pour remplir les coffres de Foxconn avec l’argent des contribuables? Non, il est trop tôt pour avoir de telles pensées sombres, mais la vieille expression, « Une fois brûlé, deux fois timide », nous vient à l’esprit. Peut-être que les voitures électriques du futur seront fabriquées par des fabricants sous contrat comme Foxconn, les soi-disant constructeurs automobiles se contentant de griffer leurs logos avant de les livrer aux concessionnaires. Tout ce que l’on peut dire aujourd’hui, c’est que l’industrie automobile est en train de changer et qu’il y aura évidemment des gagnants et des perdants. Dans quelle catégorie Foxconn se retrouvera-t-elle? Steve Hanley CleanTechnica
Contribution: André H. Martel
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