Alors que les Canadiens se rendront aux urnes le 28 avril, la question des incitatifs à l’achat de véhicules électriques (VE) s’invite au cœur du débat électoral. Les libéraux et le Nouveau Parti démocratique (NPD) s’engagent à rétablir les subventions fédérales abolies en mars, tandis que le Bloc québécois propose une approche plus ciblée avec un crédit d’impôt temporaire. En 2024, les véhicules électriques ont atteint un record au pays : un véhicule neuf sur sept vendu au Canada était entièrement électrique ou hybride rechargeable, selon Statistique Canada. Le Québec domine ce marché, représentant à lui seul près de 54 % des ventes. Cependant, la croissance pourrait ralentir. La fin soudaine des incitatifs fédéraux pouvant aller jusqu’à 5 000 $ a semé l’incertitude chez les consommateurs et les constructeurs. Au Québec, le programme provincial Roulez vert a repris le 1er avril après deux mois d’interruption, mais avec une réduction graduelle des aides financières. Des incitatifs, oui, mais pas indéfiniment Pour Daniel Breton, président-directeur général de Mobilité électrique Canada, il est impératif de réintroduire les incitatifs pour maintenir la dynamique vers une transition énergétique. Toutefois, il recommande une approche dégressive : « Nous suggérons de repartir à 5 000 $, puis de réduire le montant de 1 000 $ chaque année jusqu’à disparition complète de la subvention », explique-t-il. Il critique la suppression brutale du programme fédéral en janvier : « Passer de 5 000 $ à zéro du jour au lendemain, c’est le pire scénario possible. Ça déstabilise toute la chaîne, des manufacturiers aux consommateurs. » Cara Clairman, fondatrice de Plug’n Drive, abonde dans le même sens. Elle défend un retour progressif des aides pour encourager l’adoption sans créer de dépendance à long terme. À terme, estime-t-elle, le prix des voitures électriques devrait s’aligner sur celui des véhicules à essence. « Sans compter que recharger un VE coûte cinq à six fois moins cher que faire le plein d’essence », ajoute-t-elle. Un fardeau pour les contribuables? La Fédération canadienne des contribuables, elle, s’oppose à tout retour des subventions. Selon Nicolas Gagnon, directeur pour le Québec, le programme fédéral iVZE a déjà coûté près d’un milliard de dollars depuis sa création en 2019, pour des résultats jugés modestes : environ 5 % du parc automobile canadien serait électrique. Il propose plutôt une réduction de la taxe de vente sur les VE, une mesure qu’il juge plus équitable. L’exemple norvégien : un modèle à suivre? En Norvège, 90 % des véhicules neufs vendus en 2024 étaient électriques. Près de 30 % du parc automobile est désormais électrifié. Ce succès est attribué à une politique fiscale ambitieuse mise en place progressivement depuis les années 1990. Les voitures électriques y sont largement exemptées de taxes à la vente, à l’importation et sur le CO2, contrairement aux véhicules thermiques, lourdement taxés. « C’est souvent moins cher d’acheter une voiture électrique ici, simplement à cause du système fiscal », résume Petter Haugneland, secrétaire général adjoint de l’Association norvégienne des VE. Selon lui, cette combinaison de sanctions et d’incitations est plus efficace que les subventions ponctuelles. Il insiste sur l’importance de la stabilité des politiques publiques : « L’industrie, les consommateurs et les garagistes ont besoin de prévisibilité pour s’adapter et bâtir l’infrastructure nécessaire. » Une transition encore fragile au Canada Yan Cimon, professeur en stratégie à l’Université Laval, estime que le Canada n’a pas encore atteint un seuil critique pour envisager le retrait des incitatifs. « On a observé une nette progression des ventes là où les programmes fédéraux et provinciaux se renforçaient mutuellement », note-t-il. Il rappelle que même la Norvège a commencé à réduire ses incitatifs, notamment l’exemption de TVA, désormais limitée à la première tranche de 500 000 couronnes (environ 65 000 $CA) du prix d’achat. Ce que proposent les partis
Source : Radio-canada
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