Des tests en "électrique" concluant pour l'industrie du camionnage.

Lors du Colloque sur les énergies alternatives organisé par l'Association du camionnage du Québec, des représentants de plusieurs flottes pionnières dans l’adoption des camions électriques ont partagé leur retour d’expérience. Simard Transport, par exemple, a intégré quatre camions eCascadia à sa flotte. « Cette initiative faisait pleinement sens pour nos opérations », a déclaré Brandon Abraham, directeur des services partagés et des finances chez Simard Transport, en précisant que le transporteur, qui réalise de nombreuses livraisons locales, voyait dans cette technologie un réel potentiel. « Les camions électriques nous permettent d’analyser nos itinéraires et nos points de chargement, d’où notre décision de nous lancer dans cette voie. 

Les Emballages Carrousel, de leur côté, ont également fait le choix de six camions électriques, motivés en partie par le Plan pour une économie verte 2030, qui vise à décarboner complètement le secteur des transports d’ici 2040. « 2040, c’est demain, donc il faut agir dès maintenant », a commenté Luc Parayre, directeur de la planification et de la chaîne d’approvisionnement à la SAQ, qui utilise également un modèle eCascadia. Ces transporteurs rencontrent cependant les principaux défis liés aux camions électriques : leur poids et leur autonomie, car ces véhicules sont plus performants sur de courtes distances et avec des charges limitées.

« Actuellement, posséder un camion électrique reste moins rentable qu'un véhicule classique en raison des coûts associés », a indiqué Martin Casaubon, vice-président des opérations chez Les Emballages Carrousel. « Si les limitations de distance étaient résolues, nous pourrions envisager d’électrifier 100 % de notre flotte. »
Un autre enjeu important est la communication. « Le point crucial est la communication », a souligné Patrick Villerand, directeur de la division Énergie chez Attrix, ancien directeur technique de la transition électrique chez Transport scolaire Sogesco. Pour lui, le succès de l’électrification repose sur la formation non seulement des chauffeurs, mais aussi des techniciens chargés de l’entretien, qui doivent s’adapter aux spécificités des camions électriques.

« Nous avons réussi à attirer des chauffeurs, mais la réticence était palpable. Il a fallu clarifier ce que peut et ne peut pas faire un véhicule électrique pour qu’ils s’adaptent aux bornes et aux capacités disponibles », a expliqué Luc Parayre.

Planification de l'infrastructure

Les entreprises ont également dû développer une infrastructure adaptée pour recharger leurs véhicules électriques. Selon Patrick Villerand, la première étape est d’effectuer une analyse approfondie des besoins de la flotte. « Il est impossible de choisir la bonne infrastructure sans une compréhension fine de vos opérations quotidiennes. La première étape est une analyse rigoureuse », précise-t-il. « De plus, il est courant que les flottes sous-estiment leur potentiel d’électrification. »

Simard Transport et Les Emballages Carrousel ont ainsi collaboré avec Cléo pour concevoir leur infrastructure de recharge, un soutien essentiel pour faciliter leurs opérations.

Tous les représentants s’accordent sur le fait que l'électrification des flottes restera un défi sans soutien financier, en particulier avec la suspension du programme Écocamionnage. « Les camions électriques restent environ 100 000 $ plus chers sans subvention, une contrainte pour notre flotte actuelle », note Brandon Abraham, qui espère une résolution rapide de cette situation.
Martin Casaubon reste cependant optimiste et prévoit intégrer davantage de camions électriques dans ses opérations à Québec, où, selon lui, leur utilisation est non seulement efficace, mais aussi rentable.