De l'hydrogène vert "made in Québec" pour des projets de fabrication de semi-conducteurs et de pièces d'avion.

Alors qu’on discute abondamment des grands projets de transition énergétique au Québec, des initiatives plus modestes passent souvent inaperçues. C’est le cas de Charbone, une entreprise québécoise fondée en 2019, qui s’apprête à construire sa première usine de production d’hydrogène vert à Sorel-Tracy.  

« Notre objectif est de produire une tonne d’hydrogène par jour, puis d’augmenter progressivement selon la demande », explique Daniel Charette, directeur des opérations. « Nous ne cherchons pas à lancer un mégaprojet nécessitant des années de mise en place. »

L’équipement, comprenant électrolyseurs, compresseurs et cylindres, est déjà en place, et Charbone a obtenu son autorisation environnementale. La première pelletée de terre est prévue dans les semaines à venir, confirme M. Charette.
L’hydrogène vert suscite un intérêt croissant dans le secteur de la transition énergétique, étant essentiel pour plusieurs processus industriels comme la métallurgie et la fabrication d’engrais. Actuellement, 99 % de la production mondiale d’hydrogène provient de sources fossiles. Passer à un hydrogène « vert », produit avec des énergies renouvelables, serait crucial pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Cependant, la production d’hydrogène vert par électrolyse implique des pertes énergétiques importantes — entre 25 % et 40 % de l’électricité utilisée. Certains experts s'inquiètent de voir cette énergie gaspillée si l'hydrogène n'est pas destiné aux industries difficilement électrifiables.   C'est justement la position de l'AVÉQ sur ce sujet !

Diminuer l’empreinte carbone
Charbone cible les consommateurs actuels d’hydrogène gris pour leur offrir une alternative verte, ce qui permettrait des bénéfices directs en matière de décarbonation. La distribution de cet hydrogène vert se fera par camion.
En 2023, les principaux producteurs d’hydrogène gris au Québec incluaient Suncor, Valero et ArcelorMittal, tandis qu’Air Liquide produisait 8 tonnes d’hydrogène vert par jour. Charbone souhaite s’insérer dans ce marché en fournissant une option décarbonée à un prix premium, principalement pour les industries telles que la fabrication de semi-conducteurs et de pièces d’avion.

Bien que ces secteurs ne soient pas particulièrement écologiques, ils devront tout de même s’aligner sur des objectifs de décarbonation, souligne M. Charette. Charbone se concentre sur un marché de niche où les clients sont disposés à payer plus pour de petites quantités d’hydrogène vert, contrairement aux grands producteurs d’engrais qui nécessitent des volumes importants à bas coût.
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La première phase des installations de Charbone aura une capacité de 0,5 MW, suffisante pour produire à petite échelle mais avec l’ambition d’atteindre 20 MW grâce à quatre phases additionnelles.

Défis de puissance
Augmenter cette capacité n’est cependant pas simple. Depuis 2023, les connexions de 5 MW ou plus nécessitent une approbation gouvernementale. Charbone, qui avait demandé une capacité de 28 MW en cinq phases, a vu sa demande rejetée, rendant difficile l’élaboration de projets au-delà de cette limite. Une nouvelle demande a été déposée cette année, l’entreprise espérant mieux comprendre les motifs du rejet initial pour s’y conformer davantage.

Enfin, Charbone nourrit des ambitions au-delà du Québec, avec des projets en Nouvelle-Écosse, au Manitoba et au Michigan. Elle envisage même un réseau de 16 usines d’hydrogène vert à travers le Canada et les États-Unis, notamment pour alimenter les infrastructures portuaires.

L’avenir nous dira si cette jeune entreprise saura tracer sa voie vers le succès.   Il fait tout de même bon de voir qu'on parle de moins en moins d'hydrogène comme carburant pour l'industrie du véhicule léger.   Son utilisation sera définitivement ailleurs.