Le minerai rouge de cette roche, de la bastnaésite provient du site minier Nechalacho, elle représente un des éléments de terres rares, alors que le minerai le blanc est du quartz. Ollie Williams/Radio cabine
Des minéraux des terres rares des Territoires du Nord-Ouest seront utilisés dans les moteurs de véhicules électriques fabriqués en Allemagne. L'accord annoncé la semaine dernière acheminera le minerai de la mine Nechalacho, à l'est de Yellowknife, vers un centre d'extraction de Saskatoon, puis vers un fournisseur norvégien et finalement vers la société allemande de pièces automobiles Schaeffler. Reuters a confirmé que les produits de Schaeffler sont utilisés dans des véhicules fabriqués par Volkswagen, GM et Honda. Selon l’accord, Nechalacho, qui a entrepris l’extraction de la matière première pour la première fois à l'été 2021, prévoit livrer du matériel à Schaeffler via la société norvégienne Reetec AS, à compter de 2024. Vital Metals, le propriétaire de Nechalacho, a utilisé cet accord pour confirmer l'importance de la mine alors que les manufacturiers tentent de plus en plus de s'approvisionner en minéraux de terres rares en dehors de la Chine. L'Europe et l'Amérique du Nord tentent de réduire leur dépendance vis-à-vis l'exploitation minière chinoise, qui représente actuellement la quasi-totalité du marché des terres rares. Selon Reuters, alors qu'au moins un constructeur automobile américain a accepté de s'approvisionner en terres rares sur le marché intérieur, il s'agit du premier accord public de ce type en Europe qui évite l'approvisionnement de la Chine. "L'accord de Reetec avec Schaeffler a validé la qualité du produit de Vital et a démontré la nécessité pour les fabricants de véhicules électriques et les fournisseurs de pièces d'avoir accès à une chaîne d'approvisionnement transparente en terres rares qu'une entreprise comme Vital peut fournir", a déclaré dans un communiqué de presse Geoff Atkins, directeur général de Vital Metals. « Nous avons toujours été convaincus que notre produit serait en demande et cet accord obtenu avec Reetec démontre l'intérêt pour notre produit en Europe. L'accord entre Reetec et Schaeffler est le premier du genre, mais nous nous attendons à ce que de nouvelles ententes s’ajoutent. » Vital Metals est le premier producteur de terres rares au Canada. Son usine d'extraction de Saskatoon, qui utilise des matières premières livrées de Nechalacho, n'entrera en opération qu'en juin. Avant même la mise en service de l’usine, Vital indique qu'elle étudie actuellement "des scénarios de production élargis pour profiter de l'augmentation de la demande des constructeurs automobiles européens et américains alors que la révolution des véhicules électriques continue d'augmenter". Tom Hoefer, directeur exécutif de la chambre minière des Territoires du Nord-Ouest, a déclaré la semaine dernière que l'exploitation des terres rares faisait du territoire «un acteur important dans le monde». "Tout comme les diamants nous ont catapultés dans le domaine mondial du diamant, cela va grandement accentuer la reconnaissance mondiale des terres rares", a déclaré au diffuseur Hoefer. Le dernier budget fédéral du Canada prévoyait 3,8 milliards de dollars consacrés à l'élaboration d'une stratégie pour le développement des minéraux critiques, qui incluent 31 minéraux considérés comme importants pour la réussite économique et la sécurité nationale du pays. Ces terres rares en font partie, et la semaine dernière, le ministre fédéral des Transports s'est rendu à Yellowknife pour promettre un soutien plus important aux minéraux, y compris d'éventuels partenariats public-privé. Dans un communiqué de presse , le gouvernement fédéral a déclaré qu'il travaillerait "en étroite collaboration avec les groupes autochtones concernés pour contribuer au développement d'une chaîne canadienne de produits pour véhicules à zéro émission". Ollie Williams Cabin Radio
Contribution: André H. Martel
Commentaires
Des reportages intéressants et des informations pertinentes de la semaine pour nos électromobilistes.
Contribution: André H. Martel
Pour en finir, une fois pour toutes, avec la désinformation sur les véhicules électriques!1/12/2020
« Un film évènement »
La voiture électrique est au cœur d'une guerre de l'information. Créer ou diffuser des fakes news permet à de nombreux lobbies ou groupes d'intérêts de ralentir des lois ou gagner du temps. Ce documentaire reprend une à une les informations diffusées dans les médias, enquête sur le terrain pour les confirmer ou les infirmer et part à la recherche de ceux qui manipulent l'information. » « Il y a quelque chose de révoltant à s’être fait rouler dans la farine en matière de véhicules électriques, et, plus globalement, de transition énergétique. C’est hallucinant l’ampleur de la désinformation ! », dénonce-t-il. C’est ainsi que Marc Muller, ingénieur de formation, et Jonas Schneiter, journaliste, animateur radio, producteur et auteur suisse, nous présente leur documentaire. Il se sont investi à 100% dans la création du documentaire « À contresens le film ». Premièrement, présentons le problème d’une manière inversée : Est-ce 100 % écolo de rouler électrique ? Non, ce n’est pas écolo de rouler électrique. Mieux vaut marcher, faire du vélo ou prendre les transports en commun. Mais, comparé à un véhicule thermique, quel que soit la manière dont l’électricité est produite, l’électrique sera inévitablement moins polluant, beaucoup moins si chargé avec de l’électricité produite de manière renouvelable. Le cas du cobalt Pointées du doigt dans un rapport d'Amnesty International datant de 2016, les conditions d'extraction du Cobalt en République Démocratique du Congo ont poussé les deux réalisateurs à se rendre sur place. « Sur la question du cobalt, nous avons rencontré des gens qui mentent, d’autres qui reconnaissent qu’il y a un problème mais que c’est à la marge, et ceux qui s’activent à le régler. Globalement, la situation n’est pas aussi alarmiste que certains veulent nous le faire croire », résume Marc Muller. « Les Congolais ne souhaitent pas industrialiser l’extraction du cobalt qui ne générerait pas d’emplois. Ils sont pour l’extraction artisanale légale. Dans ce cas, des machines enlèvent ce qu’il faut d’épaisseur sur le terrain pour que les ouvriers déplacent ensuite les cailloux qui leur permettront d’extraire chacun jusqu’à 800 kg de cobalt par jour dans des conditions acceptables. Dans les mines illégales qui représentent 10% de toute la production du pays, en revanche, des personnes dans un état de pauvreté extrême vont essayer avec des outils rudimentaires de descendre à 20 ou 30 mètres en sous-sol jusqu’au minerai, pour au mieux en sortir entre 50 et 100 kg dans des conditions 10 fois plus dangereuses », détaille-t-il. Des habitants et des familles pauvres creusent le sol, souvent dans leur jardin, à la recherche de minerai de cobalt dont la revente leur procure de maigres revenus leur permettant de survivre. Les autorités n’interviennent pas, car cette activité est souvent le seul moyen de subsistance de ces familles. « Cette pratique pouvait être payante au début avec un prix élevé du cobalt. Ce qui est de moins en moins le cas. Au final, l’exploitation illégale dans laquelle on trouve des enfants travaillant dans des conditions catastrophiques devrait s’arrêter d’elle-même », évalue-t-il. C’est dans ces petites mines familiales et illégales qu’il est possible de photographier le travail d’enfants… puis de publier ensuite les images dans des reportages à sensation qui feront le tour du monde pour ternir la réputation des véhicules électriques et de leurs batteries. Ils sont allés aux alentours de Kolwezi, où 50 à 60 % de la production mondiale de cobalt proviennent de cette région. Selon le constat des journalistes, le cobalt y est principalement extrait dans d’immenses mines industrielles. La plus importante est exploitée par la multinationale Glencore. La production est entièrement mécanisée et réalisée par des machines géantes. La moitié d’entre elles sont légales et exploitées par des coopératives bien organisées et surveillées. Comme Marc Muller a pu le vérifier, aucun enfant n’y est utilisé. À côté de cela, nous avons découvert beaucoup de solutions intéressantes dont nous n’avions jamais entendu parler. Notamment, les futurs centres de négoce. Ceux-ci concentreront les échanges de cobalt. Ils auront pour effet d’empêcher les échanges illégaux, et donc, l’activité de minage illégal du cobalt qui permet le travail des enfants ». À force d’affirmer que le cobalt est creusé par les enfants, il en découle naturellement une mauvaise image du pays. Cela a pour conséquence directe de faire fuir les industriels et investisseurs du pays. Conséquence : cela augmente la part illégale des mines illégales de cobalt, donc le travail des enfants ». Recyclage des batteries Il rencontre le chercheur Marcel Gauch au laboratoire fédéral Suisse d'essai des matériaux et de recherche et démontre que le recyclage des composants des batteries est non seulement possible, mais également relativement simple à petite échelle. Nous assistons dans le film à une petite expérience enrichissante : le chercheur sépare les parties d’une cellule électrique en la trempant dans de l’eau! Purement et simplement! Interrogée sur le sujet, l'entreprise Umicore, une entreprise belge de production et recyclage de métaux non ferreux spécialiste du recyclage, affirme que la société est en mesure de recycler 95% des composants des batteries. Ses conclusions sont conformes à ce qui a déjà été expliqué : 95 % des composants des batteries sont recyclés, y compris le cobalt « qui peut être réutilisé à l’infini », précise le journaliste. Aussi, on apprend qu’il y a plus de fer en utilisation hors de la terre qu’il en reste sous terre. Il pense donc que ce sera la même chose pour le cobalt qui, s’il était brulé une fois utilisé, n’aurait qu’une durée d’exploitation de 30 ans. Il faut donc absolument le recycler. Un mix énergétique vraiment désavantageux ?
Parmi les principales informations approximatives circulant sur le sujet, l’une est plus récurrente que d’autres : du puits à la roue, les véhicules électriques seraient plus polluants que les véhicules thermiques en-deçà d’un certain kilométrage.
Pour se faire une idée sur le sujet, Marc Muller est allé à la rencontre de Christian Bauer. D'après le chercheur de la Haute École de Lucerne, quel que soit le mix énergétique employé, la voiture électrique serait systématiquement moins polluante que son homologue thermique, et ce dès le premier kilomètre. L’aveq a déjà statué sur ce sujet avec les recherches de Barry Saxifrange qui a produit le tableau ci-contre. Terres rares Terres rares est un nom qui piège. Tout le monde pense qu’elles sont “rares”. On les nomme ainsi parce qu’elles demandent beaucoup d’énergie pour être extraites. Première révélation : il n’y a pas de terres rares dans les batteries des véhicules électriques. Cependant, il y en a bien dans le pot catalytique d’une Fiat Punto, comme dans ceux de la plupart des voitures thermiques. Ce sont les moteurs à aimants permanents qui en contiennent mais pas les moteurs asynchrones. Les aimants permanents contiennent en particulier deux types de terres rares : du néodyme (à hauteur de 29% à 32% par kg) et du dysprosium (3% à 6% par kg). Selon Ressources Naturelles Canada « les éléments des terres rares (ETR) sont utilisés dans de nombreuses applications industrielles, notamment l’électronique, l’énergie, l’aérospatial, l’automobile et la défense. » La plus importante utilisation des terres rares (24%) se retrouve dans les aimants permanents qui sont une composante de nos téléphones cellulaires, nos téléviseurs, nos ordinateurs, nos automobiles (Petits moteurs de lève-glace et essuie-glace par exemple), etc. La deuxième plus importante utilisation de terres rares se retrouve dans les catalyseurs de craquage de produits pétroliers (21%).
L’économie circulaire et la valorisation des métaux technologiques offre définitivement de belles opportunités à nos entrepreneurs québécois. Par exemple, Recyclage Lithion, une entreprise québécoise qui s’apprête à commercialiser un procédé révolutionnaire, propre et rentable pour recycler les batteries au lithium-ion des voitures électriques.
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Dans le même ordre d’idée, l’équipe de la compagnie Innord a fait une percée technologique dans la récupération et la production des «terres rares», sans rejets dans l’environnement. Avec une usine pilote en opération dès 2019, Innord contribuera à améliorer l’empreinte écologique des technologies vertes, en particulier les voitures électriques et les éoliennes.
Une teneur en néodyme réduite de 50 % Il y aussi les percés technologiques des manufacturiers. C’est justement ce à quoi s’est attaché Toyota, en collaboration avec le NEDO, l’organisation japonaise pour le développement des énergies nouvelles et des technologies industrielles. Le constructeur a mis au point une technologie permettant de réduire de 50 % la quantité de néodyme utilisée dans les aimants, tout en remplaçant le terbium et dyprosium par des terres rares plus légères, plus abondantes et moins coûteuses : le lanthane (La) et le cérium (Ce). Et ce sans réduire la coercivité des aimants, et donc les performances du moteur. Lithium La majorité du lithium utilisé dans le monde et dans les batteries provient des mines situées en Australie (51.000 tonnes) dans lesquelles la technique d’extraction ne nécessite pas de pompage d’eau. Comme toute opération minière, l'extraction du lithium a un impact sur l'environnement. «L'extraction du lithium, telle qu'observée dans des pays possédant des gisements comme le Chili, l'Argentine et la Chine, semble être moins dangereuse que d'autres types d'extraction de minéraux. «Le lithium pourrait être l’un des procédés miniers les moins contaminants», déclare Marco Octavio Rivera de la Ligue de défense environnementale de la Bolivie. Un pays qui a découvert un des plus grands gisements mondiaux. Il ne faut pas non plus oublier une entreprise québécoise qui, malgré des déboires malheureux où plusieurs investisseurs ont perdu des sommes considérables, promet. Fake news « Des fausses informations sont notamment propagées par les lobbys du pétrole » pour qui le développement de l’électromobilité constitue une menace sérieuse, explique Marc Muller. Il cite notamment les frères Koch, deux magnats américains du pétrole. « Certains constructeurs automobiles ont aussi cherché à discréditer la voiture électrique, pour gagner du temps », poursuit Marc Muller. « Les constructeurs européens ne croyaient pas vraiment au développement des véhicules électriques. Il a fallu le « dieselgate » pour avancer parce qu’ils ont perdu à cette occasion tout soutien politique. En 2007, le magazine CNW Marketing Research publiait une fausse étude pour basher les véhicules hybrides. Cette étude "démontrait" qu'un Hummer avait un meilleur impact environnemental qu'une Prius en considérant la production. Manipulation des sources, manipulation des hypothèses, résultats mensongers. Il aura fallu 3 mois à une première université pour réagir. Trop tard, les médias du monde entier avaient déjà diffusé l'info: pour le bien de l'environnement il fallait acheter une voiture à pétrole, "selon les scientifiques". Presque aucun média n'a fait de démenti ensuite. Conclusion J’ai vraiment aimé ce documentaire qui permet de dissocier le vrai du faux. J’aurais aimé qu’ils creusent un peu plus certains sujets, ce que j’ai fait dans cet article, afin de démontrer toutes les faussetés qui sont véhiculées par différents médias et reprises par certaines personnes qui dénigrent les propriétaires de véhicules électriques. Cela me fait bien rire car c’est comme si quelqu’un qui possédait un téléphone à roulette riait de mon IPhone! Claude Gauthier
L'AVÉQ est fière de vous inviter à visionner l'avant-première québécoise de ce documentaire de 90 minutes jeudi 17 décembre 2020 à 19:00 suivi d’un webinaire avec une période Q&R avec l'équipe de production et des invités très spéciaux à la fin de la présentation, incluant Daniel Breton, Directeur général de Mobilité Électrique Canada, et Karim Zaghib un pionnier des batteries lithium reconnu internationalement avec plus de 550 brevets associés à son nom.
Prix: 12$CAD moins un rabais de 3$ pour les membres OR de l’AVÉQ (obtenez votre code promo dans le Portail membre)
Contribution: André H. Martel
À Contresens : le film qui démonte les intox sur la voiture électrique tient ses promesses !29/11/2020
(Article tiré du site français Automobile Propre)
Nous l’attendions avec curiosité : l’avant-première du film A Contresens diffusé sur internet ce 4 novembre ne nous a pas déçus, bien au contraire. Reprenant une à une les contre-vérités et les « fake news » diffusées sur certains médias à propos de l’empreinte écologique et sociale du véhicule électrique, Marc Muller et Jonas Schneiter sont partis enquêter sur le terrain, dans les mines du Congo, les salars du Chili ou une usine de recyclage des batteries en Belgique. Et ils montrent de manière magistrale comment des informations ont été manipulées par certains lobbys et groupes d’intérêt pour discréditer la voiture électrique.
Terres rares, cobalt, lithium, émissions de CO2, recyclage des batteries : la voiture électrique ne serait pas aussi verte qu’espéré. C’est du moins l’image qui est véhiculée depuis maintenant plusieurs années par bon nombre de médias. « À force de voir des infos à charge, j’ai décidé de vérifier par moi-même » explique Marc Muller, un producteur et journaliste de la RTS (Radio Télévision Suisse). Avec Jonas Schneiter et Zelda Chauvet, il a mené une enquête pendant 2 ans. En utilisant les grands moyens puisque leur recherche de la vérité les a menés jusqu’aux mines de cobalt du Congo, en passant par les salars du Chili – où est extrait le lithium – et par une usine de recyclage de batteries en Belgique. Ils ont aussi démonté complètement deux voitures, l’une électrique (Renault Zoé), l’autre à essence (Fiat Punto) dont ils ont analysé les pièces au microscope électronique.
Pas de terres rares dans les batteries Première révélation : il n’y a pas de terres rares dans la Renault ZOE, ni dans la batterie, ni dans le moteur. En revanche, il y en a bien dans le pot catalytique de la Fiat Punto, comme dans ceux de la plupart des voitures thermiques. Pour les visiteurs assidus d’Automobile Propre, ce n’est pas une surprise. En effet, dans une enquête publiée en février 2018, nous vous avions déjà expliqué qu’il n’y a pas de terres rares dans les batteries lithium-ion. Cette démonstration faite dans le film vient donc confirmer magistralement que le procès fait aux batteries des VE, lesquelles contiendraient des terres rares dont l’extraction serait extrêmement polluante et irrespectueuse des droits humains, est totalement injustifié. Malheureusement, bon nombre de journalistes peu scrupuleux ou peu sérieux continuent à propager cette fake news. Dans le film, Marc Muller s’est notamment rendu chez Guillaume Pitron, auteur du livre La guerre des métaux rares et il l’a interrogé sur la question. Devant la caméra, Guillaume Pitron a répété une nouvelle fois les contre-vérités qu’il propage sur toutes les chaînes. Enquête sur le lithium Un autre élément présent dans les batteries est fortement décrié. Son extraction dans les déserts salés (« salars ») d’Amérique du Sud par pompage de saumures en profondeur ferait fuir les flamands roses et priverait d’eau potable les populations des alentours. Pour en avoir le cœur net, Marc Muller et son équipe se sont rendus dans le salar d’Atacama, dans le nord du Chili. Après avoir interrogé des habitants, des défenseurs de la nature, des ONG locales et des dirigeants de la société SQM, responsable de l’extraction, Marc Muller n’a trouvé aucune preuve formelle de la véracité des reproches faits à l’exploitation du lithium dans ces régions. « Le fait est qu’aucune étude ne prouve que ces pompages sont nuisibles à l’environnement, mais aucune ne démontre le contraire non plus », explique-t-il. Concernant les flamands roses, d’autres raisons peuvent expliquer leur raréfaction dans la zone : « Il y a eu des sècheresses terribles, entrecoupées de pluies diluviennes qui peuvent avoir provoqué leur déplacement vers des régions voisines », nous dit-il. Cependant, Marc Muller a découvert une information intéressante communiquée par SQM : le lithium est en réalité un sous-produit, pour ne pas dire un déchet, issu de l’exploitation du principal élément extrait dans les salars, le potassium. La production de lithium ne consomme donc pas d’eau supplémentaire par rapport à celle qui est pompée pour l’obtention du potassium, lequel est très prisé pour la fabrication d’engrais. Au passage, le film signale une autre information essentielle que nous avons récemment révélée dans un article du site revolution-energetique.com, le petit frère d’Automobile Propre : la majorité du lithium utilisé dans le monde et dans les batteries ne provient pas de ces salars d’Amérique latine, mais bien de mines situées en Australie dans lesquelles la technique d’extraction ne nécessite pas de pompage d’eau. Cobalt : pas d’enfants dans les mines Dans les mines de cobalt situées dans la République démocratique du Congo, aux alentours de Kolwezi, Marc Muller et son équipe ont enquêté sur la présence d’enfants. 50 à 60 % de la production mondiale de cobalt proviennent de cette région. Selon le constat des journalistes, le cobalt y est principalement extrait dans d’immenses mines industrielles. La plus importante est exploitée par la multinationale Glencore. Aucun enfant n’y travaille, pour une raison bien simple : la production, entièrement mécanisée, est réalisée par des machines géantes. L’exploitation d’enfants n’y serait donc d’aucune utilité. D’où viennent alors les photos dénonçant le travail d’enfants dans ces mines ? Réponse : des mines artisanales d’où sont issus 20 % du cobalt extrait dans le pays. La moitié d’entre elles sont légales et exploitées par des coopératives bien organisées et surveillées. Comme Marc Muller a pu le vérifier, aucun enfant n’y est utilisé. L’autre moitié sont des mines illégales. Des habitants et des familles pauvres creusent le sol, souvent dans leur jardin, à la recherche de minerai de cobalt dont la revente leur procure de maigres revenus leur permettant de survivre. Les autorités n’interviennent pas, car cette activité est souvent le seul moyen de subsistance de ces familles. C’est dans ces petites mines familiales et illégales, lesquelles représentent à peine 5 % de la production mondiale de cobalt, qu’il est possible de photographier le travail d’enfants… puis de publier ensuite les images dans des reportages à sensation qui feront le tour du monde pour ternir la réputation des véhicules électriques et de leurs batteries. Recyclage des batteries Qu’en est-il enfin du sort des batteries en fin de vie ? Contrairement à la fausse rumeur qui circule, leur recyclage est non seulement possible, mais rendu obligatoire par une directive européenne. Les lecteurs d’Automobile Propre le savent depuis longtemps puisque nous avons déjà publié 2 reportages sur des usines de recyclage, l’une exploitée par la SNAM près de Lyon, l’autre par l’entreprise allemande Duesenfeld. Celle-ci a d’ailleurs mis au point une technologie peu énergivore dont l’impact sur l’environnement est particulièrement réduit. Recyclage des batteries : de plus en plus vert Marc Muller est allé en observer une autre, celle du groupe belge Umicore, située à Hoboken près d’Anvers. Ses conclusions sont conformes à ce que nous vous avions déjà expliqué : 95 % des composants des batteries sont recyclés, y compris le cobalt « qui peut être réutilisé à l’infini », précise le journaliste. Une désinformation organisée Après la diffusion du film, nous avons pu assister à un débat « virtuel » auquel a participé l’aéronaute et l’écologiste suisse Bertrand Piccard. Ce fut notamment l’occasion de revenir sur une question déjà abordée dans le film : quelle est l’origine de tous ces mensonges et contre-vérités qui ternissent l’image verte des véhicules électriques ? « Des fausses informations sont notamment propagées par les lobbys du pétrole » pour qui le développement de l’électromobilité constitue une menace sérieuse, explique Marc Muller. Il cite notamment les frères Koch, deux magnats américains du pétrole. Nous vous en avions déjà parlé sur ce site en 2017 à l’occasion d’une vidéo intitulée « Les sales secrets des voitures électriques » qu’ils avaient financée et diffusée à l’époque. « Certains constructeurs automobiles ont aussi cherché à discréditer la voiture électrique, pour gagner du temps », poursuit Marc Muller. « Les constructeurs européens ne croyaient pas vraiment au développement des véhicules électriques. Il a fallu le dieselgate pour avancer parce qu’ils ont perdu à cette occasion tout soutien politique. Ce contexte les a complètement chamboulés », nous confiait-il dans une récente interview. Particulièrement visé, Carlos Tavares, le patron de PSA n’a pas été épargné, ni dans le film ni pendant le débat qui a suivi. « Au fur et à mesure de nos investigations, nous avons remarqué que celui qui a le plus menti sur les véhicules électriques, c’est Carlos Tavares, le patron de PSA. Il a menti sur les véhicules électriques, sur l’impact des véhicules en général sur le climat. Alors qu’il était responsable à une époque du programme VE chez Renault ». Rédaction: Bernard Deboyser Source: Automobile Propre
Simon-Pierre Rioux et les membres du conseil d’administration de l’AVÉQ sont fiers de vous inviter à visionner l'avant-première de ce documentaire de 90 minutes jeudi 17 décembre 2020 à 19:00 suivi d’un webinaire avec une période Q&R avec les producteurs et des invités très spéciaux à la fin de la présentation.
Prix: 12$CAD moins un rabais de 3$ pour les membres OR de l’AVÉQ (obtenez votre code promo dans le Portail membre) Il est temps que la désinformation laisse la place à la réalité! Joignez-vous à nous le 17 décembre, invitez vos amis à accepter l’invitation. Déjà que le Québec est un chef de file dans l’électromobilité, donnons-nous des outils supplémentaires pour accélérer notre transition vers un futur sans émission. Au plaisir de vous y rencontrer. P.S. Plus de détails suivront
Contribution: André H. Martel
La pandémie de coronavirus entrave les efforts des États-Unis pour produire du lithium, des terres rares et d'autres matériaux utilisés dans les véhicules électriques et les équipements de haute technologie, ce qui porte un coup dur au plan du président Donald Trump de restreindre le contrôle chinois du secteur des minéraux stratégiques.
Considérant que la pandémie a déjà tué près de 20 000 personnes dans le monde, les entreprises minières américaines ont ralenti les travaux d'ingénierie, les examens environnementaux et les demandes de prêt.
"Nous devons simplement faire une pause", a déclaré Keith Phillips, directeur général de Piedmont Lithium Ltd. en Caroline du Nord. Piedmont, Lithium Americas Corp et Ioneer Ltd, qui ont tous deux des projets dans le Nevada, ont déclaré qu'ils devaient maintenant faire face à des considérations techniques ou règlementaires qui pourraient repousser la construction de la mine. La plupart des sociétés axées sur les minéraux stratégiques américains disposent d'importantes réserves de liquidités après les récentes acquisitions d'actions et d'obligations. Bien qu'aucun n'ait encore signalé un test positif chez le personnel, le virus a néanmoins créé une mentalité de bunker chez certains cadres. «Le coronavirus pourrait entraîner des retards dans les projets», a déclaré Seth Goldstein, analyste des minéraux chez Morningstar. "Cela aide la Chine en ce moment." La pandémie n'est que le dernier casse-tête de l'industrie du lithium, le prix du métal blanc ayant baissé de 37% au cours de la dernière année en raison de problèmes d'offre excédentaire, selon les données de Benchmark Minerals Intelligence. «Les retombées économiques de l'épidémie freineront le développement de nouveaux projets», a déclaré Andrew Miller de Benchmark. Alors que le gouvernement américain se concentre sur le coronavirus, des projets de terres rares sont mis en attente. L'année dernière, le Pentagone a déclaré qu'il financerait les mines en utilisant le « Defense Production Act », qui donne aux militaires la possibilité de se procurer certains équipements. Trump a récemment envisagé d'utiliser la même loi pour stimuler la fabrication de fournitures médicales. Mais maintenant, les développeurs américains de terres rares craignent que le virus ne retarde indéfiniment toute décision du Pentagone. La compagnie MP Materials, qui exploite la seule mine de terres rares aux États-Unis, reste opérationnelle, bien qu'elle dépende de la Chine pour le traitement final du minerai. "Malgré le COVID-19, l'indépendance nord-américaine est nécessaire ", a déclaré Pat Ryan, président de UCore Rare Metals Inc, qui développe une mine de terres rares en Alaska. Medallion Resources Ltd, ainsi que USA Rare Earth et Texas Mineral Resources Corp, une entreprise privée, attendent également la décision du Pentagone. "Nous ne pouvons pas perdre de vue toutes les situations auxquelles nous devons faire face en cette période cruciale pour notre pays", a déclaré Paul Kern, un général à la retraite de l'armée américaine et membre du conseil d'administration de Rare Earth USA. Euractiv
Contribution: André H. Martel
0%. C’est le pourcentage exact de terres rares qu’on retrouve dans les batteries lithium-ion des véhicules électriques.
Pourtant, certains dont le journaliste Guillaume Pitron qui a écrit un livre intitulé « La guerre des métaux rares », affirment qu’il y a effectivement des terres rares dans les batteries des véhicules électriques.
Or, c’est complètement faux. Que sont les « terres rares »? Ce sont des minéraux aux noms exotiques : cérium, dysprosium, erbium, europium, gadolinium, holmium, lanthane, lutétium, néodyme, praséodyme, prométhium, samarium, scandium, terbium, thulium, ytterbium et yttrium. Les propriétés physiques des terres rares étant variées et des plus intéressantes (hautes conductivités thermique et électrique, magnétisme, luminosité, propriétés catalytiques et optiques), on les utilise dans une grande variété d’objets de tous les jours. Selon Ressources Naturelles Canada « les éléments des terres rares (ETR) sont utilisés dans de nombreuses applications industrielles, notamment l’électronique, l’énergie, l’aérospatial, l’automobile et la défense. » La plus importante utilisation des terres rares (24%) se retrouve dans les aimants permanents qui sont une composante de nos téléphones cellulaires, nos téléviseurs, nos ordinateurs, nos automobiles, etc. La deuxième plus importante utilisation de terres rares se retrouve dans les catalyseurs de craquage de produits pétroliers (21%).
Si on retrouve parfois des terres rares dans certains moteurs de véhicules électriques, ce n’est pas le cas pour tous les modèles. Par contre, non seulement utilise-t-on des terres rares pour tous les systèmes antipollution de tous les véhicules à essence, mais on utilise aussi des terres rares pour le raffinage de produits pétroliers nécessaires pour propulser ces véhicules.
Malgré leur nom, les éléments constituant les terres rares ne sont pas si rares. Selon le ministère de l’énergie et des ressources naturelles, elles sont « aussi abondantes que le cuivre, le nickel, le zinc ou le plomb et plus abondantes encore que l’or, l’argent, le platine ou le palladium ». La Chine est aujourd’hui le principal producteur de terres rares avec 88,6% de la production mondiale en 2017. Ce contrôle de la production crée de plus en plus de remous géopolitiques à cause de l’intérêt stratégique des terres rares pour l’industrie de l’électronique... et de l’armement. Bref, nous sommes en voie d’assister à l’émergence d’une nouvelle guerre économique qui passera graduellement du contrôle du pétrole à celui des terres rares. Fait à noter, la Chine n’est vraiment pas un important producteur de ces minéraux qu’on retrouve dans les batteries lithium-ion des véhicules électriques. Une image vaut mille... maux. Lors d’une récente entrevue de M. Pitron à RDI Économie, l’image suivante d’un véhicule « électrique » (qui est plutôt un véhicule hybride) a été diffusée qui démontrerait supposément une grande utilisation de terres rares. Or, en regardant de plus près cette image datant de 2011, on retrouverait ces terres rares dans :
Le lithium et le cobalt : pas des terres rares
Lors de la même entrevue, M. Pitron a affirmé le plus sérieusement du monde qu’on retrouvait dans les batteries des véhicules électriques des « terres rares » telles que le lithium, le cobalt et le cérium. Or, le lithium et le cobalt ne sont pas des terres rares et il n’y a pas de cérium dans les batteries lithium-ion. Un reportage de Daniel Breton Le Journal de Montréal
Contribution: André H. Martel
Les véhicules électriques pourraient coûter plus cher à cause de la guerre commerciale américaine4/6/2019
Alors que la guerre commerciale entre le gouvernement américain et la Chine s’intensifie, il semble que cela pourrait bientôt affecter la production des voitures électriques.
Chevrolet Bolt EV 2019
Les médias chinois ont commencé à menacer le gouvernement américain d' imposer de nouveaux droits de douane sur les métaux des terres rares utilisés dans les moteurs à aimants permanents des voitures électriques ainsi que pour les écrans tactiles, les condensateurs électroniques et les puces électroniques, omniprésents dans les voitures électriques.
Tesla a déjà connu des difficultés avec les tarifs chinois sur les voitures, et maintenant les choses vont probablement devenir plus difficiles pour les constructeurs de voitures électriques en dehors de la Chine. Une telle mesure pourrait exercer davantage de pression à la hausse sur les prix des voitures électriques, alors même que les prix des batteries devaient normalement chuter à un niveau comparable à ceux des groupes propulseurs à combustion interne et accélérer l'adoption des voitures électriques.
Le moteur électrique de 70kW de Zytek. Image : Morgan Motor Company
La dernière escalade intervient à la suite de l'interdiction par le gouvernement Trump d'interdire aux agences gouvernementales d'utiliser des équipements du géant chinois de l'électronique Huawei.
La Chine produit 80% de la production mondiale de métaux de terres rares , qui sont considérés comme rares parce qu'ils ne sont pas économiques à exploiter et non à cause de la rareté du minerai. Si la Chine augmente les droits de douane sur les exportations de métaux de terres rares, les entreprises vont probablement se tourner vers les fournisseurs australiens, où les sociétés minières investissent massivement dans l'augmentation de l'offre. Néanmoins, en tant que l’un des plus importants marchés mondiaux de l’électronique et le deuxième producteur de voitures électriques, les États-Unis pourraient avoir besoin de plus de métaux de terres rares que l’Australie ne peut en fournir. La Chine n'a pas encore mis en œuvre ces nouveaux tarifs, mais le signal émanant des agences de presse étatiques prévoit de nouvelles actions du gouvernement en l'absence de toute percée dans les négociations commerciales. Le journal People's Daily de Chine a déclaré: "Nous recommandons à l’Amérique de ne pas sous-estimer la capacité de la Chine à protéger ses droits et ses intérêts en matière de développement. Ne dites pas que nous ne vous avons pas prévenu!" Cette phrase "ne dites pas que nous ne vous avons pas prévenu" a précédé le récent affrontement à la frontière de l'Inde ainsi que l'invasion du Vietnam par la Chine en 1979. La guerre commerciale a déjà été déclarée. L'administration Trump a imposé un droit de douane de 25% sur l’importation des machines à laver et des panneaux solaires en janvier 2018, puis sur les importations d'aluminium et d'acier en septembre dernier. La Chine a riposté avec des droits de douane sur les voitures américaines, le soja, le vin, le gaz naturel et quelques autres produits. Green Car Reports
Contribution: André H. Martel
Recyclage des aimants aux terres rares à l’infini : la solution est québécoise (encore !)20/12/2018
Innord, une jeune entreprise québécoise s’apprête à construire une usine de recyclage des «terres rares» au Québec, pour recycler à l’infini ces précieux métaux. L’usine permettra le recyclage des aimants permanents qui entrent dans la fabrication des voitures électriques et des éoliennes, entre autres, et ce avec un impact environnemental quasi inexistant !
L’économie circulaire et la valorisation des métaux technologiques offre définitivement de belles opportunités à nos entrepreneurs québécois. Voilà quelques semaines, nous vous avons présenté Recyclage Lithion, une entreprise québécoise qui s’apprête à commercialiser un procédé révolutionnaire, propre et rentable pour recycler les batteries au lithium-ion des voitures électriques.
Dans le même ordre d’idée, l’équipe de la compagnie Innord a fait une percée technologique dans la récupération et la production des «terres rares», sans rejets dans l’environnement. Avec une usine pilote en opération dès 2019, Innord contribuera à améliorer l’empreinte écologique des technologies vertes, en particulier les voitures électriques et les éoliennes. Les chimistes d’Innord ont passé plusieurs années à explorer plusieurs pistes de solution, de l’électrophorèse à la séparation magnétique, jusqu’à la percée technologique qui a mené au développement du «procédé ISR». Contrairement aux procédés classiques utilisés en Chine (qui produisent 85% des terres rares), leur élégant procédé ISR n’utilise aucun solvant organique. Nul besoin de porter de masque dans le laboratoire. L’impact environnemental est presque nul. Presque tous les réactifs sont récupérés et réintégrés en cours de processus, ce qui rend l’ISR propre et rentable. Et contrairement à l’électrophorèse et à la séparation magnétique, l’ISR est compatible avec une production de masse. Pour des raisons de rentabilité et d’approvisionnement, l’équipe de Innord se concentre sur le recyclage des aimants permanents qu’on trouve dans les moteurs électriques. À la sortie du procédé : des oxydes de terres rares purs à 99,5%, d’une qualité suffisante pour fabriquer de nouveaux aimants. De l’économie circulaire, quoi !
Les aimants permanents sont omniprésents autour de nous. Ils animent une foule de produits technologiques, que ce soit les disques durs d’ordinateurs, les moteurs d’accessoires de voitures… partout où on a besoin de plus de puissance et de moins d’encombrement. La demande de plus en plus grande pour l’énergie éolienne et la voiture électrique a provoqué depuis moins de 10 ans une explosion du besoin en terres rares spécifiques utilisées dans les aimants.
Les aimants permanents les plus intéressants pour Innord contiennent environ 30% de terres rares, principalement du néodyme et du dysprosium, des éléments de grande valeur. On y trouve aussi d’autres métaux rares, dont un peu de cobalt qui est aussi purifié par le procédé ISR.
Un procédé qui intéresse l’industrie de la voiture électrique
En novembre 2018, Innord a été choisi par l’Université de Liège, en France, pour une étude pilote sur le recyclage des véhicules hybrides et électriques pour le compte d’un important manufacturier automobile. Dans le cadre de cette collaboration, Innord effectuera des tests de séparation sur des concentrés d’éléments de terres rares produits à partir d’aimants provenants de véhicules hybrides et électriques récupérés. C’est que, dans l’Union Européenne, les exigences de cycle de vie sont beaucoup plus élevées qu’ailleurs : 85% de chaque véhicule doit être réutilisé ou recyclé et 95% récupéré depuis 2015. Tout comme pour les batteries, le recyclage des aimants des véhicules électriques devient un point central pour se conformer aux règlementations environnementales. Les aimants à base de Néodyme jouent un rôle important dans la fabrication de moteurs électriques plus puissants pour les véhicules et éoliennes. Actuellement, le recyclage de l’acier et du cuivre est très bien établi, mais le recyclage des aimants permanents de ces nouveaux moteurs plus efficaces est très limité. La Chine, qui s'impose de plus en plus dans le domaine des véhicules électriques, interdit l’importation de rebuts d’aimants permanents. Par ailleurs, ses propres matériaux sont recyclés grâce au polluant procédé par solvants organiques. La technologie ISR d’Innord constitue donc une solution propre et alternative à l’offre croissante de rebuts d’aimants permanents.
Du laboratoire à l’usine… c’est pour très bientôt
L’usine pilote de Innord verra le jour en 2019 et sera probablement située à Boucherville. Elle aura la capacité de traiter 2 tonnes d’aimants permanents par mois. Une fois la démonstration faite, Innord compte bâtir une usine commerciale, toujours au Québec. «Notre usine aura la capacité de traiter 40 t d’aimants par mois», affirme Mathieu Bourdeau, chef de la direction financière. Innord compte sécuriser l’approvisionnement de 500 t par année d’aimants permanents et de résidus, ce qui représente près de 150 t d'éléments de terres rares sous forme métalliques.
Les quelque 170 tonnes d’oxyde de Néodyme et 10 tonnes d’oxyde de dysprosium qui seront initialement produites au Québec par Innord ne révolutionneront pas le marché, bien sûr. Juste en 2015, la production mondiale (principalement chinoise) s’élevait à 24 000 tonnes de néodyme et 1450 tonnes de dysprosium.
Mais le procédé ISR représente réellement de l’économie circulaire, et les volumes à recycler augmenteront d’année en année puisqu’il faudra bien recycler de plus en plus de véhicules électriques, d’éoliennes et autres technologies vertes en fin de vie. «Nous croyons que l’ISR est le maillon manquant qui ramènera le cycle économique de l’industrie des aimants permanents hors la Chine. Nous travaillerons avec les différents maillons de la chaîne d’approvisionnement pour réaliser et concrétiser ce cycle économique», affirme Kiril Mugerman, président et CEO de GéoMéga et de Innord. À titre indicatif, l’oxyde de néodyme se transige actuellement à 108 000 $/tonne, tandis que l’oxyde de dysprosium se vend 454 000 $/tonne (Statistica.com). Juste dans une éolienne de 1,5 MW (les plus communes au Québec), on trouverait près d’une tonne d’aimants permanents, soit près de 280 kg de terres rares. Même chose pour les voitures électriques et hybrides qui en contiendraient entre 1 et 3,5 kg par voiture.
Révolution à prévoir dans l’industrie minière
Le procédé ISR pourrait éventuellement transformer l’exploitation minière, car les métaux rares deviennent de plus en plus stratégiques… il est clair que le monde ne se contentera pas de laisser ce monopole à la Chine si un procédé de traitement économique et propre fait ses preuves. Au départ, la société minière GéoMégA a créé sa filiale Innord pour développer une technique de séparation chimique des terres rares plus propre afin de rendre acceptable et rentable l’exploitation du gisement québécois de Montviel qu’elle possède. «Envoyer simplement le concentré de minerais en Chine n’aurait pas été rentable» selon Kiril Mugerman. Ce sont les oxydes isolés qui ont de la valeur, car leur séparation est très complexe et polluante. En 2011, les prix des terres rares avaient flambé, la Chine ayant décidé de les utiliser comme moyen de pression sur le Japon. Mais les prix de la plupart de ces éléments métalliques sont retombés, depuis, à des niveaux «acceptables». Les éléments qui ont le plus de valeur sont bien sûr les plus rares, et rentabiliser leur extraction du sol est un exercice périlleux si on se contente de vendre aux Chinois le concentré brut. Cette situation a cependant poussé Innord à innover et à découvrir un gisement minéral plus concentré et simple à exploiter, idéal pour le développement de son nouveau procédé d’extraction : le recyclage des aimants et des résidus de fabrication d’aimants.
L’avis de l’auteur
Voilà une nouvelle qui semble très spécialisée, mais elle touchera probablement tous les aspects de nos vies ! Cette innovation purement québécoise pourrait, d’ici quelques années, débloquer la question de l’empreinte écologique des technologies vertes et des technologies numériques. On peut même y voir un déblocage du problème géostratégique que constitue notre dépendance au monopole minéral chinois.
Pour en savoir plus sur les Terres Rares :
Sources :
Entrevue avec Mathieu Bourdeau et Kiril Mugerman de Innord/GéoMégA GéoMégA Statistica.com Panorama du marché des Terres Rares (BRGM, 2016) Auteur : Daniel Rochefort Les opinions exprimées dans ce texte n’engagent que l’auteur |
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