En attendant que Rio Tinto prenne les rênes de Nemaska Lithium, un projet phare de la filière batterie, le gouvernement Legault investit 250 millions de dollars supplémentaires dans cette entreprise, dont il détient déjà 50 %. La ministre de l’Économie et de l’Innovation, Christine Fréchette, n’exclut pas la possibilité de réduire cette participation à l’avenir. « Nous voulons garder un pied dans l’entreprise », a-t-elle déclaré lors d’une entrevue avec La Presse, après avoir visité le chantier de Nemaska Lithium à Bécancour, dans le Centre-du-Québec, mardi matin.
Pour Mme Fréchette, il est crucial que les minerais extraits au Québec contribuent au développement économique de la province. Cet investissement de 250 millions de dollars porte la participation de l’État québécois à 675 millions de dollars. Arcadium Lithium, l’autre propriétaire de Nemaska, investit également 250 millions de dollars dans cette opération de refinancement. « Cela nous permettra d’être présents à toutes les étapes, de l’extraction du minerai au recyclage. C’est pourquoi nous continuons d’investir », a expliqué Christine Fréchette. Ce réinvestissement intervient alors que Québec s’apprête à accueillir un nouveau partenaire dans le projet : Rio Tinto. Il y a un mois, ce géant minier australo-britannique a racheté Arcadium Lithium pour 6,7 milliards de dollars US, devenant ainsi le troisième producteur mondial de lithium. La transaction devrait être finalisée d’ici mi-2025. Mme Fréchette voit d’un bon œil l’arrivée de Rio Tinto, déjà propriétaire de cinq alumineries au Québec. « Rio Tinto dispose d’immenses ressources. Pour nous, c’est très rassurant », a-t-elle affirmé, qualifiant l’entreprise de « partenaire excellent ». Lorsque Rio Tinto deviendra copropriétaire de Nemaska Lithium, l’État québécois devra évaluer s’il est pertinent de maintenir sa participation à 50 %. « Actuellement, c’est 50 %, mais cela pourrait changer en fonction des ambitions de Rio Tinto et des projets prévus », a précisé la ministre. Nemaska Lithium prévoit de transformer le lithium extrait de la mine de Whabouchi, située à environ 300 kilomètres de la baie James, en hydroxyde de lithium à Bécancour, un composant essentiel pour les batteries lithium-ion des véhicules électriques. L’usine de transformation à Bécancour est en cours de construction, avec plus de 80 cuves déjà installées. Le coût total du projet, initialement estimé à 2 milliards de dollars, devrait augmenter en raison des imprévus et des problèmes de construction. Si tout se passe comme prévu, l’usine de Bécancour devrait être opérationnelle en 2026, bien que la mise en service de la mine ait été repoussée à 2025. Nemaska Lithium, autrefois cotée en Bourse, avait dû se placer à l’abri de ses créanciers fin 2019 en raison de retards et de dépassements de coûts, entraînant des pertes importantes pour les investisseurs. Le gouvernement Legault avait alors participé à la relance en devenant propriétaire de la moitié de l’entreprise, désormais une société à capital fermé. Reportage de Silence on Roule - Le podcast
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